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Effets secondaires de 30 antidépresseurs comparés et classés : ce que révèle une étude
Une comparaison inédite de 30 antidépresseurs met en évidence des différences notables en matière d’effets secondaires physiques – des enseignements précieux pour aider patients et médecins à choisir le traitement le plus adapté.

Epoch Times/Shutterstock
Tous les antidépresseurs ne se valent pas lorsqu’il s’agit du tour de taille, du cœur ou de la tension artérielle. C’est ce que montre une vaste étude publiée dans The Lancet, qui a analysé les données de plus de 58.000 personnes afin d’établir le tout premier classement complet des effets secondaires de ces médicaments.
L’analyse a comparé 30 antidépresseurs, dont certains ne sont pas disponibles en France ni certains aux États-Unis, allant des anciens tricycliques comme l’amitriptyline aux inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) plus récents, comme la sertraline (Zoloft).
Selon les experts, les effets secondaires recensés ne sont ni nouveaux ni surprenants.
L’étude confirme des observations bien connues sur les effets indésirables des antidépresseurs, a expliqué par courriel à Epoch Times le Dr Joseph Goldberg, professeur clinique de psychiatrie qui n’a pas participé aux travaux.
L’étude confirme des observations bien connues sur les effets indésirables des antidépresseurs, a expliqué par courriel à Epoch Times le Dr Joseph Goldberg, professeur clinique de psychiatrie qui n’a pas participé aux travaux.
Ce qui est nouveau, souligne-t-il, c’est l’examen exhaustif de la littérature scientifique, qui nous rassure et nous aide à quantifier précisément le fait que beaucoup de ces effets secondaires courants n’ont, en moyenne, qu’un impact modéré.
Ces résultats renforcent la nécessité de choix personnalisés et d’un suivi régulier, en particulier chez les patients traités au long cours, car certains effets secondaires peuvent s’installer ou s’accentuer avec le temps.
Prise de poids, tension artérielle et cholestérol : des variations notables
Les personnes sous antidépresseurs ont présenté une différence moyenne d’environ quatre kilos dans l’évolution de leur poids selon la molécule utilisée.
Les variations les plus marquées ont été observées avec l’agomélatine (Valdoxan) et la maprotiline (Ludiomil) : la première était associée à une perte de poids d’environ deux kilos, tandis que la seconde entraînait une prise de poids proche de deux kilos. Ces deux médicaments ne sont toutefois pas autorisés aux États-Unis.
Les différences de fréquence cardiaque dépassaient 20 battements par minute : de la fluvoxamine (Floxifral), qui ralentit le cœur en apaisant le système nerveux, à la nortriptyline (Pamelor), un stimulant qui augmente le rythme cardiaque.
Les variations de tension artérielle étaient également significatives, la pression systolique (le chiffre le plus élevé) différant d’environ 11 points entre certains tricycliques, comme la nortriptyline et la doxépine (Quitaxon). Ces médicaments agissent directement sur le système nerveux et les récepteurs des vaisseaux sanguins, ce qui peut faire monter ou baisser la tension.
« Il ne s’agit pas d’effets alarmants, a écrit le Dr Daniel Carlat, psychiatre et chef du service de psychiatrie, qui n’a pas participé à l’étude, mais ces résultats rappellent l’intérêt d’un suivi simple – tension artérielle, poids et analyses biologiques – surtout chez les patients présentant un risque cardiovasculaire ou métabolique. »
« Certains inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, comme la duloxétine ou la venlafaxine, provoquent de légères mais mesurables augmentations de la tension et du cholestérol, ce qui justifie un contrôle régulier de ces paramètres. »
Chez les personnes atteintes de diabète, d’hypertension ou de maladies cardiaques, même de modestes augmentations du poids ou de certains indicateurs cardiaques peuvent influencer la glycémie ou accroître la charge pesant sur le cœur et les vaisseaux.
Antidépresseurs courants et effets secondaires possibles
La liste suivante n’est pas exhaustive : les effets secondaires potentiels varient d’une personne à l’autre et tout le monde ne les ressent pas.

(Epoch Times)
Pourquoi les médicaments n’ont-ils pas tous les mêmes effets ?
Environ 20 millions d’Américains prennent des antidépresseurs pour une dépression ou un trouble anxieux. Au-delà de l’humeur, ces médicaments peuvent influencer le métabolisme, souvent de façon très différente selon la molécule.
Les antidépresseurs agissent sur des substances chimiques du cerveau qui améliorent l’humeur – les mêmes qui régulent l’appétit, le métabolisme, les vaisseaux sanguins et le rythme cardiaque.
Selon le médicament, l’appétit peut augmenter ou diminuer, les vaisseaux se relâcher ou se contracter, et la fréquence cardiaque varier légèrement.
Par exemple, l’agomélatine, associée à une perte de poids et à la régulation du cycle veille-sommeil, peut réduire l’appétit, tandis que la maprotiline, liée à une prise de poids, tend à l’augmenter.
Indépendamment des effets directs des médicaments, une prise de poids peut aussi survenir lorsque l’antidépresseur améliore l’humeur : des personnes qui mangeaient peu en raison de leur dépression peuvent retrouver un appétit plus habituel.
Les effets secondaires ne sont jamais identiques d’un individu à l’autre, d’où l’importance de prendre en compte l’état de santé global, les symptômes et les sensibilités de chacun lors du choix du traitement.
Risques et bénéfices : trouver le juste équilibre
« Les effets secondaires ne frappent pas tout le monde de la même manière, souligne le Dr Goldberg. Chaque patient est unique, et presque tous les médicaments comportent des effets indésirables – même les placebos. »
Certains antidépresseurs, plus efficaces dans les dépressions difficiles à traiter, présentent un risque plus élevé de prise de poids. Les éviter systématiquement pour cette seule raison rendrait un mauvais service aux patients, explique-t-il.
Sans traitement approprié, le patient s’exposerait à une dépression persistante, à une altération du fonctionnement quotidien et, dans certains cas, à un risque suicidaire.
« Tout commence par une discussion sur la sévérité de la dépression et sur la pertinence d’un traitement médicamenteux par rapport à une thérapie, explique le Dr Carlat. Si nous décidons d’essayer un médicament, je privilégie ceux offrant le meilleur équilibre entre efficacité et tolérance – le plus souvent un ISRS comme la sertraline ou l’escitalopram. Le bupropion (autorisé uniquement comme aide au sevrage tabagique (Zyban) en France, pas comme antidépresseur) figure aussi en bonne place, car il provoque rarement des troubles sexuels ou une prise de poids. »
Chez les enfants et les jeunes adultes, les antidépresseurs peuvent déclencher ou aggraver des pensées suicidaires, tandis que les personnes âgées semblent relativement protégées de cet effet. Les patients anxieux peuvent également y être plus sensibles.
Certains symptômes de la dépression peuvent par ailleurs se confondre avec des effets secondaires du traitement : variations de l’appétit, prise de poids ou troubles sexuels peuvent être liés à la maladie elle-même ou au médicament.
Les cliniciens doivent donc considérer l’ensemble des facteurs et prendre des décisions individualisées. Une communication ouverte et régulière entre le patient et le médecin est essentielle.
L’âge, le niveau d’anxiété, la génétique et la prise simultanée de plusieurs médicaments influencent aussi le risque d’effets secondaires. L’étude ne précise pas pourquoi certaines personnes y sont plus vulnérables que d’autres, ni comment identifier les patients à plus haut risque.
Ce qu’il faut savoir avant de commencer un antidépresseur
Selon les Drs Goldberg et Carlat, la prise de décision partagée avec le médecin est primordiale. Parmi les préoccupations les plus fréquentes évoquées par les chercheurs :
• Tension artérielle élevée : se renseigner sur les médicaments susceptibles d’augmenter la tension, comme l’amitriptyline ou la venlafaxine.
• Prise de poids : des options comme l’agomélatine, la sertraline ou la venlafaxine semblent associées à des variations pondérales moyennes plus faibles.
• Cholestérol : certains ISRS, comme le citalopram et l’escitalopram, paraissent plus neutres sur le plan du cholestérol que la paroxétine ou la duloxétine.
• Durée du traitement : poser des questions telles que « Combien de temps devrai-je prendre ce médicament ? » ou « Existe-t-il des alternatives non médicamenteuses, comme la thérapie de groupe ou l’activité physique, tout aussi efficaces ? ».
La plupart des essais inclus dans l’étude n’ayant duré que huit semaines, les effets physiques à long terme des antidépresseurs restent incertains. Les experts recommandent donc un contrôle régulier du poids, de la tension artérielle, de la fréquence cardiaque et du cholestérol chez toute personne suivant un traitement prolongé.
« Il existe rarement des règles absolues, conclut le Dr Goldberg. Une personne présentant un risque élevé de maladie cardiovasculaire sera un moins bon candidat pour un médicament favorisant la prise de poids ou l’élévation de la glycémie. »
Cara Michelle Miller est rédactrice indépendante et éducatrice en santé holistique. Elle a enseigné au Pacific College of Health and Science à New York pendant 12 ans et a dirigé des séminaires de communication pour les étudiants en ingénierie de la Cooper Union. Elle écrit maintenant des articles axés sur les soins intégratifs et les modalités holistiques.
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