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Le danger caché derrière l’engourdissement des mains - et comment protéger vos nerfs
L’engourdissement des mains peut révéler des atteintes nerveuses précoces chez les personnes diabétiques — et de simples exercices peuvent aider à préserver la fonction nerveuse. Un engourdissement de la main peut sembler anodin – un simple désagrément après une longue journée devant l’ordinateur ou une mauvaise position durant le sommeil.

L’engourdissement des mains est une plainte fréquente chez les adultes aujourd’hui et peut indiquer un problème de santé sous-jacent.
Photo: okawa somchai/Shutterstock
Pourtant, chez les personnes atteintes de diabète, cette sensation discrète peut être le premier signal silencieux d’une neuropathie périphérique, une affection susceptible d’entraîner une fonte musculaire, une perte de mobilité et un handicap durable si elle n’est pas prise en charge. Savoir reconnaître les signes précoces et intégrer des exercices de rééducation ciblés peut jouer un rôle clé dans la protection de la fonction nerveuse et le ralentissement des lésions.
Pourquoi l’engourdissement des mains est plus important qu’il n’y paraît
La neuropathie périphérique désigne une atteinte des nerfs situés en dehors du cerveau et de la moelle épinière. Elle touche le plus souvent les mains et les pieds. Chez les personnes diabétiques, il s’agit de l’une des complications les plus fréquentes : une revue publiée en avril montre qu’au moins une personne diabétique sur deux développera, au fil du temps, une neuropathie diabétique.
Le système nerveux comprend deux grandes branches :
Système nerveux central : le cerveau et la moelle épinière
Système nerveux périphérique : l’ensemble des nerfs reliant les membres et les organes
Une glycémie élevée peut provoquer des lésions microvasculaires, c’est-à-dire des dommages aux petits vaisseaux sanguins, explique la Dre Annie Wu, neurologue hospitalière au New York-Presbyterian Queens Hospital, lors de l’émission télévisée américaine Health 1+1 de NTD, média partenaire d’Epoch Times.
Lorsque ces vaisseaux sont altérés, les nerfs ne reçoivent plus suffisamment de nutriments essentiels ni d’oxygène, ce qui entraîne un dysfonctionnement nerveux. Les nerfs les plus longs sont généralement touchés en premier : c’est pourquoi les symptômes débutent souvent au niveau des pieds et des orteils avant de remonter vers les jambes puis les mains.
Un signal d’alerte à ne pas ignorer

Atrophie thénarienne. (Photo : Annie Wu)
La Dre Wu évoque le cas d’un patient de 74 ans, diabétique depuis plus de dix ans. La neuropathie avait provoqué une atrophie des muscles de la main. Chez une personne en bonne santé, l’éminence thénar — le coussinet musculaire à la base du pouce — est bombée et ferme ; chez ce patient, elle était creusée, laissant la main affaiblie et engourdie.
Lorsque les lésions nerveuses atteignent un stade avancé, le traitement devient beaucoup plus complexe, souligne la Dre Wu.
Elle précise qu’il est essentiel de consulter dès l’apparition d’un engourdissement des mains afin de prévenir l’aggravation des atteintes nerveuses et, dans certains cas, d’obtenir une récupération partielle.
Syndrome du canal carpien : une cause fréquente
L’une des causes courantes de l’engourdissement des mains est la compression du nerf médian au niveau du poignet, appelée syndrome du canal carpien. Une revue systématique publiée en 2016 a montré que les personnes diabétiques présentent un risque accru de développer cette affection.
Le port d’une attelle de poignet munie d’une languette métallique pendant le sommeil peut soulager les symptômes. Celle-ci doit être positionnée au centre du poignet, sans être trop serrée, précise la Dre Wu. L’objectif est d’éviter la flexion nocturne du poignet afin de permettre au nerf lésé de se reposer et de récupérer.
Des exercices simples pour soutenir la santé des nerfs
La Dre Wu recommande deux exercices simples aux personnes souffrant d’engourdissement des mains. Ces mouvements peuvent renforcer les muscles du pouce, protéger les nerfs de la main et améliorer les formes légères de neuropathie périphérique.
Exercice de la balle : placez une balle souple et élastique dans la paume de la main et pressez-la de façon répétée. Cet exercice renforce les muscles du pouce et aide à limiter la fonte musculaire liée à la neuropathie.
Étirement du poignet : formez un poing, puis ouvrez complètement la main et inclinez doucement le poignet vers l’arrière. Cet exercice permet d’étirer les nerfs et de réduire la pression exercée sur le nerf médian.
Diagnostic et prise en charge de la neuropathie
Pour évaluer une neuropathie, les professionnels de santé testent la sensibilité à la piqûre, au toucher léger et à la température. Ils peuvent également utiliser un courant électrique de faible intensité afin de stimuler les nerfs et analyser les ondes produites, ce qui permet de déterminer la présence et la gravité des lésions.
En cas de neuropathie périphérique liée au diabète, le contrôle de la glycémie reste la priorité absolue, rappelle la Dre Wu. Si nécessaire, des médicaments ciblant les douleurs nerveuses peuvent être prescrits, en complément d’exercices de rééducation réguliers. Dans les situations de compression nerveuse sévère ou aiguë, une intervention chirurgicale est souvent recommandée pour libérer le nerf, suivie d’une rééducation.
Les options chirurgicales incluent la chirurgie ouverte traditionnelle ainsi que des techniques plus récentes, mini-invasives.
La chirurgie classique du canal carpien consiste à pratiquer une petite incision afin de libérer le nerf médian comprimé. Bien que l’intervention soit légère, la récupération peut être longue : la main concernée est souvent peu utilisable pendant environ un mois, et une rééducation prolongée est généralement nécessaire.
Les techniques mini-invasives plus récentes, réalisées sous guidage échographique et assistées par l’intelligence artificielle, ne nécessitent qu’une incision d’environ 4 millimètres. Leur principal avantage réside dans une récupération beaucoup plus rapide : la majorité des patients peuvent réutiliser leur main en trois jours à une semaine.
Reconnaître les symptômes de la neuropathie diabétique
Chez les personnes diabétiques, la neuropathie périphérique débute le plus souvent au niveau des pieds. Les symptômes suivants doivent alerter :
Sensations inhabituelles : engourdissement, fourmillements, picotements ou sensations de décharge électrique dans les pieds
Troubles de l’équilibre : diminution de la sensibilité plantaire pouvant entraîner une démarche instable et augmenter le risque de chutes, de blessures et d’infections
Déformations : les déformations du pied diabétique sont fréquentes, mais les mains peuvent également être touchées – par exemple une flexion de l’annulaire et de l’auriculaire, évoquant souvent une atteinte du nerf cubital.

Neuropathie périphérique diabétique. (Epoch Times)
La Dre Wu souligne également que les patients atteints de neuropathie périphérique présentent un risque accru de chute et doivent prendre des précautions. Lors des déplacements à l’extérieur, l’usage d’une canne est recommandé, en particulier une canne quadripode, qui offre une meilleure stabilité.
Au-delà des extrémités
La neuropathie liée au diabète peut également se manifester par d’autres symptômes, notamment une neuropathie autonome, qui affecte les fonctions automatiques telles que le rythme cardiaque, la motricité digestive, ainsi que les fonctions vésicale et intestinale.
Les signes possibles incluent :
• Un rythme cardiaque irrégulier
• Des troubles digestifs, comme la constipation ou des diarrhées fréquentes.
• Une sensation brève de tête qui tourne lors du passage rapide de la position assise ou allongée à la station debout.
• Des troubles de la sudation, avec une transpiration excessive ou, au contraire, une absence de transpiration.
La Dre Wu décrit également une autre forme appelée neuropathie des petites fibres, dont le symptôme caractéristique est une sensation de brûlure persistante sous la plante des pieds.
Le diabète peut entraîner plusieurs types de neuropathie, et une évaluation approfondie par un spécialiste est indispensable pour établir un diagnostic précis.
Outre le diabète, d’autres causes de lésions nerveuses périphériques existent, notamment les atteintes liées à la chimiothérapie, l’intoxication au plomb, ou encore certaines maladies comme le lupus, une affection auto-immune dans laquelle l’organisme attaque ses propres tissus.
Souvent minimisé, l’engourdissement des mains peut pourtant représenter, chez les personnes diabétiques, un véritable appel à l’aide de l’organisme. Identifier rapidement les symptômes — et associer un bon équilibre glycémique, des exercices ciblés et une prise en charge médicale précoce — permet de protéger la fonction nerveuse et de préserver la mobilité sur le long terme. De petits gestes quotidiens peuvent réellement faire la différence entre aggravation et protection.


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