La nouvelle Première ministre japonaise et son cabinet rendent publics leurs avoirs - pourquoi les hauts responsables du PCC en ont ils si peur ?
La Première ministre japonaise Sanae Takaichi et les 18 membres de son cabinet ont rendu publics, plus tôt ce mois‑ci, leurs avoirs personnels ainsi que ceux des membres de leur famille proche.
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Members of the People's Liberation Army ceremonial guard march in Tiananmen Square after the closing session of the Chinese People's Political Consultative Conference, or CPPCC, at the Great Hall of the People on March 10, 2025 in Beijing, China.
Mme Takaichi a déclaré un patrimoine total de 32,06 millions de yens, soit environ 206.553 dollars, un niveau nettement inférieur à celui de plusieurs ministres clés.
En tête du classement figure le ministre de la Défense, Shinjiro Koizumi, avec 272,48 millions de yens (environ 1,75 million de dollars), une somme entièrement détenue par son épouse, Christel Takigawa. Vient ensuite le ministre des Affaires étrangères Toshimitsu Motegi avec 193,97 millions de yens (environ 1,24 million de dollars). En troisième position se place le ministre des Affaires intérieures Yoshimasa Hayashi avec 150,88 millions de yens (environ 972.055 dollars).
À l’inverse, le dirigeant chinois Xi Jinping et les six autres membres du Comité permanent du Bureau politique du PCC oseraient‑ils dévoiler leurs avoirs et ceux de leurs familles ?
La réponse est non.
Non seulement ils refusent de rendre leur richesse publique, mais, sous Xi, le Parti communiste chinois (PCC) n’a même pas osé révéler les montants effectivement détournés par les hauts gradés militaires condamnés pour corruption grave.
Au cours de ses deux premiers mandats, Xi a purgé plus de 170 généraux dans le cadre de ses campagnes anticorruption, dont les anciens membres du Bureau politique et vice‑présidents de la Commission militaire centrale (CMC), Xu Caihou et Guo Boxiong, l’ancien membre de la CMC et directeur du département du travail politique Zhang Yang, ainsi que l’ancien membre de la CMC et chef d’état‑major interarmées Fang Fenghui.
Combien chacun d’eux a‑t‑il détourné ? Pour Xu, Guo et Fang, la formule officielle du PCC s’est bornée à parler d’un « montant particulièrement énorme ». Pour Zhang, l’agence de presse officielle Xinhua a évoqué « une immense somme d’avoirs d’origine inexpliquée ».
Le membre déchu du Bureau politique Bo Xilai (à g.) s’entretient avec Xu Caihou lors de l’Assemblée nationale populaire à Pékin, le 5 mars 2012. Un peu plus d’un mois plus tard, Bo était purgé ; le 2 juillet 2014, Xu était à son tour exclu du Parti communiste chinois. (Liu Jin/AFP/Getty Images)
Après que Xi a obtenu un troisième mandat sans précédent lors du 20e Congrès du Parti, en 2022, le scandale des Forces missiles a déclenché une nouvelle vague de purges au sein de l’armée. D’autres généraux de haut rang ont été démis de leurs fonctions, notamment l’ancien membre du Bureau politique et vice‑président de la CMC He Weidong, l’ancien membre de la CMC et directeur du département du travail politique Miao Hua, l’ancien conseiller d’État et ministre de la Défense Li Shangfu, ainsi que le successeur de ce dernier, Wei Fenghe.
Combien chacun d’eux a‑t‑il détourné ? Pour He et Miao, la rhétorique officielle du PCC parle d’un « montant particulièrement énorme ». Pour Li et Wei, il est question de « sommes colossales ».
Pourtant, aucun média chinois n’a jamais demandé au PCC de publier les chiffres détaillés.
Pour le Chinois ordinaire, ces montants relèvent sans doute de l’astronomique. Il suffit de citer quelques rapports chinois pour mesurer à quel point ces sommes peuvent être « immenses » ou « énormes ».
En 2014, le magazine Phoenix Weekly rapportait que les seules liquidités – en dollars, en euros et en yuans – saisies par les autorités dans le sous‑sol de la luxueuse résidence pékinoise de Xu Caihou dépassaient la tonne. De nombreux liasses de billets n’avaient même pas été ouvertes. Et cela sans compter l’innombrable quantité d’or, d’argent, de bijoux, d’objets d’art anciens, de calligraphies et de peintures des dynasties Tang, Song, Yuan et Ming, ainsi que des blocs de jade brut.
Selon plusieurs médias chinois, Guo et Zhang auraient été encore plus corrompus que Xu.
Pourquoi, dès lors, le PCC refuse‑t‑il de révéler les montants précis de corruption des hauts gradés déjà jugés ?
La réponse est simple : le PCC n’est pas un parti politique légitime qui « sert le peuple de tout cœur ». C’est un parti qui travaille d’abord pour le renminbi – littéralement « la monnaie du peuple », autrement dit « l’argent du peuple ». Le PCC est terrorisé à l’idée que les Chinois découvrent la réalité : le Parti est bâti sur le mensonge, la malveillance et la lutte, et il se livre sans frein aux exactions.
En revanche, selon un rapport de la Banque mondiale, plus de 150 pays et régions dans le monde avaient mis en place, dès 2016, des systèmes de déclaration des avoirs personnels et familiaux pour les responsables publics.
Le PCC connaît depuis longtemps ces mécanismes de transparence patrimoniale. Dès les « Deux Sessions » de 1988, des députés chinois avaient proposé une législation en ce sens. En 1994, le huitième Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire – la chambre d’enregistrement du PCC – a officiellement inscrit un projet de « loi sur la déclaration de patrimoine » à son programme législatif. Mais plus de trente ans plus tard, aucune loi de ce type n’a vu le jour.
En décembre 2019, Zheng Yefu, professeur à l’université de Pékin, a publié un article intitulé « La déclaration de patrimoine devrait commencer par le Comité permanent du Bureau politique ». Il y soutient que la déclaration de patrimoine des responsables est « équitable, pacifique, peu coûteuse et idéologiquement neutre, et qu’elle a été adoptée par des pays extérieurs à la tradition occidentale, se diffusant ainsi à l’échelle mondiale ».
Zheng proposait ceci : « Que les sept membres du Comité permanent du Bureau politique montrent l’exemple en rendant publics leurs avoirs. […] S’ils prennent l’initiative, ce sera le meilleur moyen de prouver leur innocence et de donner le ton à l’ensemble de l’appareil. Une fois cela accompli, il n’y aura plus lieu de s’inquiéter de la mise en œuvre. »
Six ans plus tard, Xi Jinping et les six autres membres du Comité permanent ont ignoré la proposition de Zheng.
La raison en est que le PCC est le parti le plus corrompu au monde, et que presque tous les responsables du Parti trempent dans la corruption.
Après dix ans de campagnes anticorruption, Xi a lui‑même promu et propulsé He Weidong au Bureau politique et à la vice‑présidence de la CMC. À peine deux ans après sa nomination, les autorités ont annoncé que He était accusé de « crimes graves portant sur des sommes colossales ». Et ce n’est là qu’un exemple.
« Le 6 décembre, deux chasseurs chinois J‑15 ont verrouillé des F‑15 japonais avec leur radar, plaçant symboliquement Tokyo dans leur ligne de mire – un geste qui tient davantage de la mise en scène politique que de la préparation à la guerre. Le véritable objectif est de détourner l’attention des profondes crises économique, sociale et politique qui frappent le régime. »
L’auteur de ces lignes a récemment lu un article intitulé « Ce n’est pas une crise, c’est la mort », signé Wu Hongsen, un commentateur basé à Shanghai. Le texte a été publié le 12 décembre par Vision China, un média chinois indépendant basé aux États‑Unis.
L’auteur y souligne que le Japon est parvenu, pour l’essentiel, à se remettre de trente années de stagnation économique prolongée, amorcée dans les années 1990 après l’éclatement d’une gigantesque bulle immobilière. Wu écrit que la Chine traverse aujourd’hui une situation similaire à celle du Japon : effondrement du secteur immobilier, explosion du chômage, contraction de la consommation, baisse des bénéfices des entreprises et fermeture massive d’usines et de commerces.
« Mais la situation de la Chine est différente : il s’agit d’un effondrement systémique total, et non d’une simple crise économique ou d’une grande dépression ; la fin de l’ensemble de la société est proche », écrit-il.
Le PCC est aujourd’hui confronté à une crise existentielle. C’est la réalité la plus brutale qui se présente à lui, et l’une des raisons pour lesquelles il refuse obstinément toute transparence sur le patrimoine de ses responsables.
Si les montants précis détournés par les hauts gradés corrompus de l’armée étaient rendus publics, que se passerait‑il si les soldats se soulevaient ?
Et si Xi et les membres de son Comité permanent rendaient publics leurs avoirs, cela ne signerait‑il pas leur perte ?
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Wang Youqun a obtenu son doctorat de droit de l'Université Renmin de Chine. Il a ravaillé comme rédacteur pour Wei Jianxing (1931-2015), membre du Comité permanent du Politburo du PCC de 1997 à 2002.