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La Chine a « commis une vraie erreur » avec ses menaces sur les terres rares, juge Scott Bessent
Le secrétaire au Trésor a estimé que les contrôles à l’exportation décidés par Pékin ont alerté les partenaires commerciaux sur les dangers d’une dépendance à la Chine pour les minerais critiques.

Le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent s’adresse à des journalistes devant l’aile Ouest de la Maison-Blanche, à Washington, le 22 octobre 2025.
Photo: JIM WATSON/AFP via Getty Images
Le secrétaire au Trésor Scott Bessent a déclaré que la Chine avait « commis une vraie erreur » en menaçant de restreindre ses exportations de minerais de terres rares, ajoutant que ce geste de Pékin a poussé les États-Unis et leurs alliés à accélérer, dans les deux années à venir, la sécurisation de nouvelles sources d’approvisionnement.
Dans un entretien publié par le Financial Times le 31 octobre, M. Bessent a affirmé que la Chine avait attiré l’attention mondiale sur sa volonté d’utiliser les minerais critiques comme levier.
« La Chine a alerté tout le monde sur le danger. Ils ont commis une vraie erreur », a-t-il déclaré au journal.
« C’est une chose de poser le revolver sur la table. C’en est une autre de tirer en l’air. »
La Chine a imposé début octobre de nouveaux contrôles sur l’exportation de technologies et de matériaux liés aux terres rares. Ces restrictions ont secoué les marchés, perturbé les chaînes d’approvisionnement et constitué un point d’achoppement majeur dans les négociations commerciales entre Washington et Pékin.
À la suite de la rencontre cette semaine entre le président Donald Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping, en marge du sommet de l’APEC en Corée du Sud, la Chine a annoncé qu’elle suspendait ces restrictions pour un an.
« Je pense que la direction chinoise a été légèrement alarmée par le tollé mondial suscité par ses contrôles à l’export », a déclaré M. Bessent au Financial Times.
Le chef du Trésor a indiqué que les États-Unis et la Chine avaient trouvé un terrain d’entente de nature à stabiliser les relations à court terme, tout en exprimant la conviction que l’influence de Pékin sur le secteur des minerais critiques s’estomperait rapidement.
« Il y a un accord selon lequel, ceteris paribus, nous avons atteint un équilibre, et nous pouvons évoluer dans cet équilibre au cours des 12 prochains mois », a déclaré M. Bessent.
« Je ne pense pas qu’ils en soient capables désormais, car nous avons des mesures de compensation. »
Il a ajouté que la capacité de la Chine à utiliser les terres rares comme instrument de coercition ne durerait pas au-delà d’une période de 12 à 24 mois, soulignant les efforts de l’administration Trump pour diversifier la chaîne d’approvisionnement américaine via de nouveaux projets d’extraction et de raffinage, y compris au travers de partenariats en Asie du Sud-Est et avec des pays alliés.
La suspension des contrôles de Pékin dépasse également le cadre des marchés américains.
Le commissaire européen au Commerce, Maroš Šefčovič, a indiqué le 1er novembre que des responsables du ministère chinois du Commerce avaient informé leurs homologues européens que la pause s’appliquait aussi à l’UE.
« La Chine a confirmé que la suspension des contrôles à l’exportation d’octobre s’applique à l’UE », a écrit M. Šefčovič sur X, ajoutant que « les deux parties ont réaffirmé leur engagement à poursuivre les échanges en vue d’améliorer la mise en œuvre des politiques de contrôle des exportations ».
Tensions autour des terres rares
La Chine a pour la première fois instrumentalisé les terres rares en imposant des contrôles à l’exportation visant le Japon lors d’un différend diplomatique en 2010, provoquant une onde de choc dans le secteur manufacturier mondial. La filière des terres rares demeure l’une des chaînes d’approvisionnement les plus concentrées au monde, la Chine représentant environ 70 % de la production mondiale et une part nettement plus importante des capacités de transformation.
À partir de 2023, la Chine a commencé à imposer des restrictions à l’exportation de matériaux stratégiques vers les États-Unis, notamment l’antimoine, le germanium et le tungstène. Cela a conduit la commission spéciale sur la compétition stratégique entre les États-Unis et le Parti communiste chinois à publier un rapport recommandant au Congrès d’encourager la production intérieure d’aimants à terres rares, principal débouché de ces éléments.
Depuis le début de son second mandat, le président Donald Trump s’emploie à renforcer la production nationale de matériaux stratégiques, notamment en accélérant l’octroi des permis pour des projets miniers de minerais critiques et en promettant des centaines de millions de dollars aux producteurs américains, afin de desserrer l’emprise de la Chine sur l’approvisionnement.
En avril 2025, la Chine a étendu sa liste de contrôles à l’exportation pour inclure sept terres rares et des aimants fabriqués à partir de trois d’entre elles. Cette décision a suivi les droits de douane élevés imposés par M. Trump sur les produits chinois dans le cadre d’efforts visant à rééquilibrer ce que son administration qualifie de relations commerciales déloyales, ainsi qu’à freiner le flux de fentanyl vers les États-Unis.
Depuis lors, la volatilité des expéditions de terres rares vers les États-Unis s’est accentuée, même si un cadre établi en juillet entre Washington et Pékin a brièvement apaisé les tensions en prévoyant une pause tarifaire de 90 jours destinée à stabiliser les flux.
En septembre, M. Bessent a déclaré que les États-Unis n’étaient « pas dépourvus de leviers » dans le bras de fer sur les terres rares avec la Chine, en soulignant qu’il existait « quantité de produits dont ils dépendent chez nous », notamment les moteurs d’avion, les pièces, les produits chimiques, les plastiques et les composants à base de silicium.
À la mi-octobre, le chef du Trésor a noté que les expéditions de terres rares en provenance de Chine avaient de nouveau ralenti et a affirmé qu’il était prioritaire pour les États-Unis de travailler avec leurs alliés afin de « réduire les risques et diversifier les chaînes d’approvisionnement hors de Chine aussi vite que possible ».
Si M. Bessent assurait alors que l’administration Trump ne souhaitait pas aller jusqu’à une rupture totale des liens commerciaux avec Pékin au sujet de l’approvisionnement en matériaux critiques, il a ajouté que les États-Unis et leurs alliés n’auraient peut-être pas d’autre choix que de « découpler » si la Chine « veut être un partenaire peu fiable pour le monde ».

Tom possède une vaste expérience du journalisme, de l'assurance-dépôts, du marketing et de la communication, ainsi que de l'éducation des adultes. Le meilleur conseil en écriture qu’il ait jamais écouté est celui de Roy Peter Clark : « Atteignez d'abord votre objectif » et « gardez le meilleur pour la fin ».
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