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« Ils peuvent contenir des antibiotiques interdits en Europe » : la filière œuf dénonce les importations ukrainiennes des distributeurs

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Photo: JOEL SAGET/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 3 Min.

L’interprofession des œufs (CNPO) a dénoncé jeudi l’importation par certains distributeurs de « centaines de milliers d’œufs d’Ukraine » ne respectant pas les normes de production européennes et susceptibles de contenir des antibiotiques interdits. L’organisation réclame des contrôles de conformité renforcés.

Des importations repérées dans plusieurs enseignes

Depuis le printemps 2025, plusieurs lots d’œufs provenant d’Ukraine portant un code 3 – indiquant un élevage en cage – ont été identifiés dans différentes grandes surfaces, notamment dans des magasins Carrefour et E.Leclerc.

Carrefour, déjà interpellé par la filière en juin après une vidéo du syndicat agricole Coordination Rurale montrant des œufs ukrainiens dans l’un de ses magasins, a déclaré jeudi à l’AFP ne « commercialiser aucun œuf d’origine ukrainienne ». E.Leclerc n’a pas répondu aux sollicitations dans l’immédiat.

Hausse de la consommation

La consommation d’œufs a augmenté de 5% en volume cette année jusqu’à fin juillet par rapport à 2024, soit environ 350 millions d’œufs supplémentaires par rapport aux sept milliards de l’année précédente. Cette hausse s’explique par le recours accru à cette protéine animale en période d’inflation.

Cette augmentation de la demande a créé des tensions d’approvisionnement depuis le début de l’année, provoquant parfois des ruptures de stock amplifiées par les achats de précaution des consommateurs.

« On a été capable de répondre et de fournir la grande distribution », indique Yves-Marie Beaudet, président du CNPO, qui distingue les importations européennes des importations ukrainiennes : « Qu’on en importe un peu d’Espagne ou d’Italie, ça reste en Union européenne. Mais quand on va chercher en Ukraine, dont les normes ne sont pas en adéquation avec la réglementation européenne, ce n’est simplement pas possible. »

Un double discours de la distribution

Le président du CNPO estime que 300.000 œufs ont été récemment importés par E.Leclerc. Bien que ce volume représente une quantité relativement faible, il y voit « peut-être un coup d’essai » visant à s’approvisionner à moindre coût.

Yves-Marie Beaudet dénonce un double discours de la distribution, dont les fédérations ont quitté l’interprofession des œufs au début de l’été. Selon lui, les enseignes demandent aux producteurs français de réduire la proportion de poules en cage – nécessitant des transformations de bâtiments – ou refusent de commercialiser des œufs code 3, tout en s’autorisant à en importer.

Les œufs ukrainiens ne respectent pas plusieurs réglementations

Selon le CNPO, les œufs ukrainiens ne respectent pas plusieurs réglementations : les normes européennes sur l’élevage en cage (notamment concernant la densité), l’accord français sur l’ovosexage permettant d’éviter le broyage des poussins mâles, et les normes relatives aux antibiotiques.

Le système d’alerte européen Rasff a recensé quatre contrôles en juillet et août 2025 révélant la présence d’antibiotiques interdits dans des œufs provenant d’Ukraine.

Évoquant un « risque sanitaire important », le CNPO appelle les autorités à renforcer les contrôles sur ces importations. L’organisation demande également à la grande distribution d’organiser « une réunion d’urgence » pour « remédier à cette situation de concurrence déloyale ».