Logo Epoch Times

Emmanuel Macron se tourne vers les socialistes pour dénouer la crise politique

top-article-image

Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 5 Min.

Le président Emmanuel Macron a réuni mardi les chefs de la coalition gouvernementale à l’Élysée, les exhortant à « travailler avec les socialistes » afin de préparer l’élargissement de la majorité, à moins d’une semaine d’un vote de confiance qui s’annonce perdu d’avance pour le Premier ministre François Bayrou.

Autour de la table, le chef de l’État a rassemblé les leaders des partis soutenant le gouvernement – le Premier ministre, Gabriel Attal (Renaissance), Édouard Philippe (Horizons) et Bruno Retailleau (Les Républicains). Macron a explicitement invité ces partenaires à dialoguer avec les socialistes et d’autres groupes, à l’exclusion de La France insoumise (LFI) et du Rassemblement national (RN), pour « élargir » l’assise gouvernementale en vue du vote du 8 septembre et pour l’avenir, selon un participant.

Le Parti socialiste, bien que positionné au centre des discussions, a affirmé qu’il ne voterait pas la confiance, tout en se déclarant prêt à discuter de la possibilité de gouverner. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a réaffirmé cette disponibilité sur LCI : « être à la disposition évidemment du chef de l’État à tout moment pour discuter des conditions dans lesquelles nous pourrions effectivement occuper les places gouvernementales ».

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, prononce un discours au Campus de Gauche à Blois, le 29 août 2025. (GUILLAUME SOUVANT/AFP via Getty Images)

Refus et tensions au sein de la majorité

Cette ouverture vers le PS est mal reçue par certains alliés : « Non, on ne peut pas avoir d’accord de gouvernement avec le PS », a déclaré le président LR du Sénat Gérard Larcher. De son côté, François Bayrou multiplie les consultations avec les partis politiques, sans parvenir à convaincre. Selon Jordan Bardella (RN), rencontré mardi, « le miracle n’a pas eu lieu », rendant la chute du gouvernement presque inévitable.

Pour la majorité présidentielle, l’objectif principal reste de trouver un compromis budgétaire pour 2026. Édouard Philippe plaide pour une solution collective : « essayer ensemble de construire la solution qui leur permettra de construire un budget qui, à défaut d’être parfait (…), permettra d’éviter que la situation financière de la France ne se dégrade ».

« Suicide politique »

Les propositions de Bayrou — un effort budgétaire de 44 milliards d’euros en 2026 — sont massivement rejetées par la gauche, la droite nationaliste, et même certains élus des Républicains. Cette crise politique a contribué à la hausse du taux d’intérêt de la dette française à 30 ans, qui a franchi la barre des 4,5 %, une première depuis 2011.

Alors que les débats sur une dissolution agitent les rangs politiques, Macron a réaffirmé qu’il ne prévoyait ni législatives ni présidentielle anticipées. Néanmoins, la perspective reste évoquée, notamment par Nicolas Sarkozy, qui s’est dit « persuadé qu’il n’y aura pas d’autre solution » pour sortir de la crise : il a qualifié le choix de Bayrou de « suicide politique » et a pris ses distances avec Bruno Retailleau, favorable au maintien de la majorité présidentielle.

Appels à la démission du président

Marine Le Pen et Jordan Bardella réclament une « dissolution ultra-rapide » : « Plus tôt on retournera aux urnes, plus tôt la France aura un budget », estime M. Bardella. Le RN, tout comme LFI, appelle également à la démission d’Emmanuel Macron pour débloquer la situation. Cette demande trouve un écho chez certains chez Les Républicains, mais reste rejetée par Bruno Retailleau et Nicolas Sarkozy, qui appellent à la stabilité institutionnelle et à la poursuite du mandat présidentiel.

Lors de discussions à Matignon, Les Républicains ont laissé entendre que Bayrou pourrait revenir sur la très impopulaire suppression de deux jours fériés pour tenter de rallier des soutiens.

Dans ce contexte de forte incertitude politique rappelant la chute du gouvernement Michel Barnier en 2004, François Bayrou doit de nouveau s’exprimer mercredi sur BFMTV, alors que l’opposition affine déjà ses préparatifs en vue de possibles législatives anticipées.

Avec AFP