Le secrétaire à la Santé, Robert F. Kennedy Jr., et d’autres responsables ont annoncé le 22 septembre que l’acétaminophène, principe actif du Tylenol, pourrait être associé à l’autisme, un trouble aux multiples symptômes. Ils ont également précisé que la leucovorine, autrement appelée acide folinique sur ordonnance, semble être une piste thérapeutique prometteuse contre l’autisme.
Voici l’essentiel à retenir sur cette communication, l’autisme et l’acide folinique.
Lien avec le Tylenol
Les autorités affirment que les preuves disponibles concernant un lien entre l’acétaminophène, aussi nommé paracétamol, et les troubles du neurodéveloppement sont suffisamment solides pour justifier une nouvelle mise en garde contre l’utilisation de l’acétaminophène durant la grossesse.
« Nous disposons désormais de données que nous ne pouvons ignorer », a déclaré le Dr Marty Makary, commissaire de la FDA (Food and drug administration : Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux), lors d’un briefing à Washington.
Cela inclut une étude, publiée en 2019 par l’Université de Boston et l’École de médecine Johns Hopkins, ayant analysé le plasma de cordons ombilicaux et déterminé qu’une exposition in utero à l’acétaminophène augmente le risque de développer un autisme ou un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH).
Une revue effectuée en 2025 a aussi conclu à « des preuves concordantes d’une association entre l’exposition à l’acétaminophène pendant la grossesse et une incidence accrue de troubles neurodéveloppementaux », selon le Dr Andrea Baccarelli, doyen de l’École de santé publique TH Chan de Harvard, et ses collègues.
Dans une note adressée aux médecins, datée du 22 septembre, M. Makary a affirmé que « les éléments probants s’accumulent, laissant penser que l’utilisation d’acétaminophène chez les femmes enceintes pourrait être associée à un risque accru de pathologies neurologiques comme l’autisme et le TDAH chez l’enfant ».
Il recommande aux praticiens de limiter l’usage de l’acétaminophène pendant la grossesse tout en gardant à l’esprit qu’il s’agit du médicament en vente libre le plus sûr contre la fièvre et la douleur.
D’autres experts nuancent cette interprétation, citant une étude suédoise de 2024 ayant examiné les dossiers de près de 2,5 millions d’enfants et conclu à l’absence de lien entre l’exposition fœtale à l’acétaminophène et la survenue d’un autisme ou d’un TDAH.
« À ce jour, le poids des preuves scientifiques déclarant que l’utilisation d’acétaminophène pendant la grossesse augmente le risque d’autisme ou de TDAH demeure tout simplement indécis », a déclaré le Dr Sindhu Srinivas, président de la Société de médecine maternelle et fœtale, dans une déclaration récente. L’organisation a maintenu le 22 septembre sa recommandation selon laquelle l’acétaminophène reste sûr pour traiter la douleur et la fièvre chez les femmes enceintes.
Un porte-parole de Kenvue, société mère du fabricant de Tylenol, a précisé à Epoch Times par courriel le 22 septembre que « plus de dix années de recherches rigoureuses, validées par d’éminents professionnels médicaux et des régulateurs internationaux, attestent qu’il n’existe aucune preuve crédible d’un lien entre l’acétaminophène et l’autisme ».
Des comprimés de Tylenol exposés à San Anselmo, Californie, le 22 septembre 2025. Les autorités sanitaires américaines ont publié une nouvelle mise en garde concernant la prise d’acétaminophène durant la grossesse. (Justin Sullivan/Getty Images)
La prévalence de l’autisme grimpe
L’autisme se manifeste par des difficultés de communication et de contact visuel. Près d’un quart des personnes autistes sont non verbales ou souffrent de verbalisme minimal, selon une revue publiée en 2018 sur les données d’autisme.
La prévalence de l’autisme aux États-Unis a fortement augmenté ces dernières décennies. En 2022, elle touchait un enfant sur 31, selon les chiffres du CDC (Centers for Disease Control and Prevention : Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) publiés au printemps, contre un enfant sur 150 en 2002 selon les données officielles.
Le président Donald Trump, lors de son intervention du 22 septembre, a rappelé que les taux anciens étaient bien plus faibles. « Avec une telle envolée, il est évident qu’il y a quelque chose d’artificiel », a-t-il commenté.
Kennedy a soutenu en avril que la génétique expliquait une partie des cas, mais qu’avec une telle progression « il faut rechercher un toxique environnemental ».
Le CDC précise sur son site que plusieurs facteurs augmentent la probabilité d’autisme chez un enfant, dont la naissance de parents plus âgés et la présence de certaines maladies génétiques.
Certaines organisations, comme la Société américaine de l’autisme, estiment que cette hausse pourrait résulter de nouveaux critères de diagnostic et d’une meilleure reconnaissance du trouble. « La sensibilisation accrue à l’autisme joue un rôle clé pour former les parents, éducateurs et soignants à mieux repérer les traits et caractéristiques autistiques », a déclaré le groupe en avril. « Cette évolution, conjuguée à l’élargissement des critères diagnostiques au cours de la dernière décennie, entraîne moins de diagnostics incorrects et une interprétation plus large du spectre. »
Vaccins en cause ?
Kennedy a par le passé évoqué le risque d’autisme lié aux vaccins.
« De nombreux parents ont indiqué que leur enfant est devenu autiste juste après le vaccin – c’est donc un aspect que nous examinons actuellement », a-t-il déclaré plus tôt cette année.
Le 22 septembre, les autorités n’ont pas directement incriminé les vaccins, tout en ne fermant pas la porte à une future annonce à ce sujet.
Un homme tient son fils de 14 mois lors de son injection du vaccin ROR dans une clinique de Lubbock, Texas, le 1er mars 2025. Certains parents affirment croire que les vaccins peuvent provoquer l’autisme. (Jan Sonnenmair/Getty Images)
« L’autisme est un trouble complexe, à l’étiologie multifactorielle », a déclaré Kennedy. « Nous poursuivons nos investigations sur de multiples causes potentielles, aucun domaine n’est tabou. Comme l’a souligné le président, les vaccins constituent un axe de recherche important. Entre 40 et 70 % des mères d’enfants autistes estiment que le handicap de leur enfant est lié à la vaccination. Le président Trump pense qu’il faut écouter ces mères au lieu de les ignorer ou les marginaliser. »
Des parents ont rapporté croire que l’autisme peut être provoqué par des vaccins, dont celui contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR). Les études n’ont pas mis en évidence d’association entre ce vaccin et l’autisme. Cependant, dans le cadre d’un programme gouvernemental, certains ont été indemnisés pour des dommages liés aux vaccins, y compris l’autisme.
Donald Trump s’est dit favorable à l’espacement des vaccins au-delà du calendrier officiel. « On injecte tellement de produits à ces merveilleux bébés », a-t-il regretté le 22 septembre, critiquant notamment la recommandation d’une injection contre l’hépatite B peu après la naissance. Les conseillers du CDC avaient envisagé de reporter la première injection contre l’hépatite B, mais ont décidé de repousser le scrutin afin de collecter davantage de données. Ils ont conseillé au CDC de mettre à jour ses recommandations concernant les vaccins anti-Covid afin d’inciter à la concertation entre patients et professionnels de santé avant l’injection.
Le CDC a également annoncé ce mois-ci attribuer des financements à un institut pour « étudier l’association entre vaccination et prévalence de l’autisme », dans le cadre de sa nouvelle mission.
Les Instituts nationaux de la santé (NIH : National Institutes of Health) investissent de leur côté 50 millions de dollars dans treize projets portant sur les causes et les traitements de l’autisme.
« Les scientifiques recourront à des méthodes avancées d’inférence causale, d’apprentissage automatique et autres techniques innovantes », a commenté le Dr Jay Bhattacharya, directeur des NIH, lors du briefing. « L’augmentation brutale de la prévalence de l’autisme exige une réaction urgente de la communauté scientifique. »
Le directeur des National Institutes of Health Jay Bhattacharya aux côtés (de g. à dr.) du commissaire de la FDA Dr Marty Makary, du président Donald Trump et du secrétaire à la Santé Robert F. Kennedy Jr., lors d’une annonce à la Maison-Blanche, le 22 septembre 2025. (Andrew Harnik/Getty Images)
Recommandation sur l’acide folinique
L’acide folique est une forme synthétique de la vitamine B9, alors que l’acide folinique est sa forme naturelle. Les responsables ont affirmé le 22 septembre que l’acide folinique sur ordonnance, ou leucovorine, peut aider à atténuer les symptômes de l’autisme. Ils envisagent d’approuver une version de la leucovorine appelée Wellcovorin, précédemment retirée du marché, pour les personnes atteintes de déficit cérébral en folate — dont certains autistes.
« À mon avis, des centaines de milliers d’enfants pourraient en profiter », estime M. Makary lors du briefing.
Plusieurs essais contrôlés randomisés ont constaté une amélioration des symptômes autistiques chez les patients recevant de l’acide folinique. Un essai américain a démontré des progrès dans la communication verbale, comme décrit en 2016. Un essai français a évalué de meilleurs scores au sein du système d’observation diagnostique de l’autisme. Des enfants autistes ayant reçu de l’acide folinique lors d’un essai en Inde ont obtenu eux aussi de meilleures évaluations dans une grille similaire.
Des chercheurs ont identifié une forte prévalence d’auto-anticorps récepteurs du folate, bloquant le transport du folate dans l’organisme chez certains autistes.
Salade de pousses d’épinard avec kaki, betterave, amandes et fromage gorgonzola. Le folate, ou vitamine B9, est tiré d’aliments comme les épinards et les fruits à coque. Les responsables estiment que la leucovorine peut aider les personnes autistes à gérer leurs symptômes. (Kathrin Ziegler/Getty Images)
L’acide folinique contourne le récepteur bloqué : il peut être transporté vers le cerveau et se trouve déjà sous une forme utilisable, explique le Dr David Danish, psychiatre président de Philadelphia Integrative Psychiatry, dans un courriel à Epoch Times.
La majorité des patients de M. Danish ayant reçu cette molécule ont constaté des progrès significatifs, souvent en quelques jours ou semaines. Il précise que la leucovorine ne fonctionne pas pour tous mais que, pour les personnes présentant un trouble du transport du folate cérébral, il s’agit d’une option logique fondée sur les données et apportant des effets cliniques probants dans l’autisme et d’autres pathologies.
L’association Autism Speaks, qui défend les intérêts des personnes autistes, considère dans un communiqué que « la leucovorine semble prometteuse dans l’amélioration de la parole chez les enfants très peu verbaux », tout en appelant à « des essais cliniques plus vastes et solides afin de confirmer son efficacité et sa sécurité ».
Le Dr Richard E. Frye, auteur de plusieurs essais et du livre « The Folate Fix », affirme dans un courriel à Epoch Times que les preuves scientifiques justifient l’usage de l’acide folinique.
« Ce traitement sûr et bien toléré pourrait améliorer la vie de nombreuses personnes autistes », assure-t-il. « Ce n’est pas un remède, mais il améliore le fonctionnement de nombreux enfants de façon notable. »
Zack Stieber couvre l'actualité. Auparavant, il a travaillé comme journaliste au Métro de New York City