Comprendre la suralimentation : pourquoi les traitements GLP-1 ne fonctionnent pas toujours

Photo: Illustration par Epoch Times, Shutterstock
La suralimentation peut avoir de nombreuses causes. Pour certains, elle est déclenchée par des stimuli externes comme la vue ou l’odeur alléchante de certains plats ; pour d’autres, ce sont les émotions qui en sont le moteur.
Les personnes qui mangent en excès à cause de stimulations externes semblent bien répondre aux traitements par agonistes du GLP-1 (Glucagon-Like Peptide-1), selon une étude publiée dans Clinical Diabetes and Healthcare. Celles qui limitent volontairement leur alimentation dans le but de perdre du poids présentent également de bons résultats avec ces médicaments.
En revanche, l’étude souligne que les personnes qui mangent trop en réponse à des émotions obtiennent moins de succès avec les GLP-1, ce qui illustre la complexité du lien entre émotions et alimentation.
En France, plusieurs analogues du GLP-1 sont disponibles pour traiter l’obésité, notamment :
• Wegovy® (sémaglutide).
• Saxenda® (liraglutide).
• Mounjaro® (tirzépatide), autorisé depuis fin 2024.
Comprendre la perte de poids
Cette étude japonaise a suivi, sur un an, 92 personnes diabétiques ayant commencé un traitement par GLP-1, afin de déterminer pourquoi la perte de poids n’est pas toujours au rendez-vous avec ces médicaments. Les chercheurs souhaitaient savoir si les personnes dont les émotions sont étroitement liées à l’alimentation pouvaient obtenir des effets positifs grâce au traitement. Les habitudes alimentaires influencées par des stimuli externes ou par les émotions peuvent toutes deux conduire à manger davantage, mais seule l’alimentation émotionnelle était associée à des sentiments négatifs.
Dans l’étude, les participants motivés par l’alimentation « externe » ont présenté une perte de poids plus importante et durable, ainsi qu’une amélioration de leur glycémie (baisse de l’HbA1c). Ceux qui déclaraient manger en excès en raison d’émotions ont significativement réduit leur consommation au cours des trois premiers mois de traitement, mais sont revenus à leur niveau initial au bout d’un an.
L’une des raisons potentielles de ces résultats pourrait être que les GLP-1 n’agissent pas sur les facteurs psychologiques impliqués dans l’alimentation émotionnelle, explique le Dr Takehiro Kato, co-auteur de l’étude et professeur à l’université de Gifu (Japon), dans un communiqué : « Les personnes présentant une tendance marquée à manger sous l’emprise des émotions peuvent nécessiter un soutien comportemental ou psychologique supplémentaire. »
Le rôle des émotions dans l’addiction
L’addiction peut également expliquer ces observations, selon Joan Ifland, docteure en nutrition spécialisée dans les addictions, qui propose une thérapie de groupe pour aider à dissocier émotions et nourriture. Elle précise que les émotions peuvent aussi découler de la consommation de certains aliments, en particulier les produits ultra-transformés associant sucre, sel et graisses, conçus pour atteindre le fameux « point de félicité » : une réaction dopaminergique qui stimule l’envie de manger davantage.
Joan Ifland souligne que les aliments transformés engendrent des sentiments négatifs et sont liés à la dépression, à l’anxiété, au stress et à la colère.
« Pour ceux qui mangent excessivement à cause de l’addiction, il est prévisible qu’un GLP-1 ne soit pas efficace », déclare-t-elle. Fondatrice du groupe privé Addiction Reset Community, elle estime que, bien souvent, l’origine émotionnelle de l’addiction alimentaire puise dans des traumatismes d’enfance non résolus et des comportements appris, où la nourriture – comme toute substance addictive – vient apaiser la douleur. Cela crée ensuite une boucle négative renforcée par la nature addictive de certains aliments.
À noter : le concept d’addiction alimentaire reste controversé dans la communauté médicale.
Une étude qui rompt avec les recherches précédentes
Cette étude japonaise n’est pas exempte de limites. Plusieurs facteurs ont pu influencer les résultats : habitudes de vie, état psychologique, situation socio-économique… De plus, il s’agissait d’une étude observationnelle ; les chercheurs ont donc uniquement établi une association entre les comportements alimentaires et la réponse au traitement, sans lien de cause à effet. Par ailleurs, les participants étaient tous traités pour un diabète de type 2 et non pour la perte de poids, ce qui peut limiter l’applicabilité des résultats à des personnes non diabétiques.
Il faut également noter que ces conclusions diffèrent de celles de recherches antérieures. Une étude américaine menée en 2024 sur 101 patients avant et après le début d’un traitement par GLP-1 rapportait, elle, une diminution significative de la fréquence des prises alimentaires liées aux émotions.
Gérer les compulsions
Les médicaments à base de GLP-1, qui semblent pouvoir agir sur les circuits de la compulsion, peuvent faire partie d’une stratégie de perte de poids, mais ne constituent pas une solution définitive, rappelle Joan Ifland.
Acquérir de nouvelles compétences en lien avec le sevrage des addictions augmente les chances de succès à long terme et permet de réduire la dépendance aux traitements pour maintenir un poids stable. Parmi ces techniques :
• Préparer et emporter ses propres repas sains lorsqu’on sort ou participe à des événements.
• Se renseigner sur les restaurants avant de s’y rendre, afin de trouver des options équilibrées.
• Éviter les personnes qui incitent à manger par envie plutôt que par besoin.
• Comprendre les stratégies de l’industrie agroalimentaire, notamment l’ajout d’additifs pour augmenter le « point de félicité » des aliments.
Certaines approches psychologiques peuvent aussi apporter un bénéfice. Une méta-analyse parue dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health montre que le journal alimentaire et émotionnel, la thérapie cognitivo-comportementale et la pleine conscience font partie des outils utiles. La thérapie cognitivo-comportementale est associée à la plus grande perte de poids et aide également à réduire l’alimentation émotionnelle.
« Ne pensez pas qu’en arrêtant ces médicaments minceur, tout ira bien », prévient Joan Ifland. « Toutes les raisons qui provoquent vos compulsions seront toujours présentes et vous assailliront. Le traitement médicamenteux ne doit pas être une solution permanente. »

Amy Denney est journaliste spécialisée dans la santé à Epoch Times. Elle est titulaire d'une maîtrise en journalisme d'affaires publiques de l'université de l'Illinois à Springfield et a remporté plusieurs prix pour ses enquêtes et ses reportages sur la santé. Elle couvre le microbiome, les nouveaux traitements et le bien-être intégratif.
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