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TDAH : les données de 155 études pour choisir le traitement le plus efficace 

Une revue de 115 études de haute qualité sur 15 interventions médicamenteuses et non médicamenteuses résume les résultats dans un tableau simple. Les familles qui peinent à choisir comment traiter le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) disposent désormais d’un nouvel outil fondé sur les preuves, qui compare les bénéfices et les risques de toutes les options, des médicaments stimulants à la thérapie cognitivo-comportementale.

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Photo: Towfiqu ahamed barbhuiya/Shutterstock

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Durée de lecture: 9 Min.

Des chercheurs ont lancé un site web qui synthétise les données de 115 essais contrôlés randomisés sur les bénéfices et les risques de 15 traitements du TDAH dans un tableau simple et interactif.
L’objectif de cette recherche et de cet outil — financés par des fonds publics en Europe — était de réunir et de présenter les preuves les plus fiables dans un format simple destiné aux personnes atteintes de TDAH et à leurs familles, souvent submergées par les choix thérapeutiques. « Notre but n’est pas d’augmenter ou de diminuer l’usage des médicaments, mais de faciliter la prise de décision partagée », a expliqué par courriel à The Epoch Times Corentin Gosling, maître de conférences à l’université Paris Nanterre et premier auteur de l’étude. « Nous espérons vraiment que cette plateforme pourra donner davantage de pouvoir aux gens. »

Ce que montrent les recherches

Plus précisément, cette synthèse a révélé que les traitements médicamenteux offrent les bénéfices les plus importants, en particulier chez les enfants, même s’ils peuvent être mal tolérés. Les résultats reflètent les recommandations actuelles, qui privilégient la thérapie cognitivo-comportementale, les interventions comportementales menées par les parents et les médicaments.

Enfants et adolescents (6 à 17 ans)

Cinq types de médicaments ont montré des effets moyens à importants pour réduire la sévérité des symptômes du TDAH chez les enfants et les adolescents : agonistes alpha-2, amphétamines, atomoxétine, méthylphénidate et viloxazine. Le méthylphénidate et les amphétamines sont des stimulants et ont présenté les plus grands bénéfices, bien que les patients aient signalé des problèmes de tolérance, une perte d’appétit et des troubles du sommeil.
Les interventions non médicamenteuses, notamment la thérapie cognitivo-comportementale, l’acupuncture, les formations comportementales menées par les parents, l’exercice physique et le neurofeedback — qui reprogramme le cerveau pour favoriser la concentration ou la relaxation — ont également contribué à améliorer les symptômes, même si les preuves étaient de moindre qualité.
L’alimentation s’est également révélée utile pour les symptômes, bien qu’elle soit mal tolérée et que les preuves soient plus faibles.

Enfants d’âge préscolaire

Les études portant sur les interventions chez les enfants d’âge préscolaire se sont limitées au méthylphénidate ou aux formations comportementales menées par les parents, deux approches qui se sont avérées efficaces. Le méthylphénidate a parfois été arrêté en raison d’effets indésirables.

Adultes

Une réduction modérée de la sévérité des symptômes du TDAH a été observée chez les adultes prenant de l’atomoxétine — un médicament non stimulant —, du méthylphénidate ou suivant une thérapie cognitivo-comportementale. Des essais de haute qualité ont également montré un effet des amphétamines.
Parmi les interventions non médicamenteuses, la pleine conscience présentait un effet important mais appuyé par des preuves de faible qualité. La stimulation transcrânienne à courant continu, une forme de stimulation électrique cérébrale faible et non invasive, ainsi que le neurofeedback ont aussi montré un certain effet.
La synthèse et le site web rapportent des améliorations des principaux symptômes du TDAH évalués par un clinicien, un enseignant, un parent, le patient lui-même ou plusieurs sources combinées. En plus d’indiquer si une intervention est prometteuse, le site précise si les preuves associées sont élevées, modérées, faibles ou très faibles.

Mettre en lumière les lacunes de la recherche

Le site met en évidence des lacunes dans les preuves, en particulier pour les interventions non médicamenteuses.
« Cela reflète l’état actuel de la littérature scientifique, où les interventions non pharmacologiques rencontrent souvent des défis méthodologiques », a indiqué Corentin Gosling, soulignant que les études sur ces approches impliquent rarement des essais contrôlés randomisés.
Il espère que cette transparence encouragera les chercheurs à mener des essais de meilleure qualité sur les interventions non médicamenteuses. Aucune des interventions non médicamenteuses incluses n’a atteint une certitude élevée ou modérée, bien que l’acupuncture et la thérapie cognitivo-comportementale aient montré des effets statistiquement significatifs.

Évaluer les options

La question de savoir s’il faut traiter le TDAH par médicament — quels médicaments utiliser, quand commencer et comment surveiller les effets indésirables — préoccupe de nombreux patients et leurs familles.
Les patients peuvent envisager la thérapie cognitivo-comportementale avant les médicaments, a expliqué à Epoch Times la Dre Gail Saltz, professeure associée de psychiatrie et non impliquée dans l’étude.
De nombreuses difficultés peuvent être compensées par des stratégies élaborées en thérapie, comme la création de systèmes qui aident les enfants à apprendre à lire et à suivre les consignes, à se souvenir des tâches essentielles et à garder leurs documents et autres éléments importants organisés, a précisé la Dre Saltz.
Elle a souligné qu’un traitement médicamenteux peut être approprié lorsque les symptômes perturbent sérieusement le fonctionnement quotidien et l’estime de soi, mais uniquement après une évaluation approfondie et une réflexion attentive sur les effets secondaires potentiels. « Le médicament doit être utilisé avec beaucoup de prudence », a déclaré la Dre Saltz. « Pour beaucoup de gens, cela semble simplement pratique, mais ce n’est qu’un pansement », a-t-elle ajouté. « Cela n’aide que tant que vous prenez le médicament, contrairement aux interventions comportementales, qui sont durables. »
Cependant, les auteurs de la synthèse ont indiqué que les médicaments du TDAH offrent des bénéfices allant au-delà de la réduction des symptômes, notamment en diminuant le risque de décès non naturel, les comportements suicidaires, les blessures involontaires, la consommation de substances, les accidents de voiture et la criminalité, ainsi qu’en améliorant la réussite scolaire.
« À l’heure actuelle, nous ne connaissons aucune preuve observationnelle de ce type pour les interventions non médicamenteuses, mais cela devrait être exploré dans de futures recherches », ont-ils écrit.

Améliorations futures

Les auteurs de la synthèse prévoient de mettre régulièrement à jour le site au fil de l’évolution des recherches afin qu’il reste pertinent. Ils travaillent déjà à élargir la section consacrée aux effets indésirables au-delà du sommeil et de l’appétit. Ces effets ont été inclus car ils sont les plus fréquemment rapportés dans les essais contrôlés randomisés, a précisé Corentin Gosling, et parce qu’un panel de patients les a identifiés comme ayant le plus d’impact sur la qualité de vie. Les utilisateurs du site peuvent également consulter les classements de tolérance — indiquant que des patients ont interrompu un traitement en raison d’effets indésirables — comme indice d’une éventuelle difficulté à suivre une intervention, a-t-il ajouté.
D’ici la fin de l’année prochaine, d’autres effets indésirables pourraient être ajoutés à la plateforme, a indiqué Corentin Gosling.
« Nous développons un outil d’aide à la décision qui permettra aux utilisateurs de classer les effets secondaires qu’ils souhaitent le plus éviter, afin de les orienter vers les options thérapeutiques les plus adaptées. »
Amy Denney est journaliste spécialisée dans la santé à Epoch Times. Elle est titulaire d'une maîtrise en journalisme d'affaires publiques de l'université de l'Illinois à Springfield et a remporté plusieurs prix pour ses enquêtes et ses reportages sur la santé. Elle couvre le microbiome, les nouveaux traitements et le bien-être intégratif.

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