Autonomie solaire : tout ce que ce couple aurait aimé savoir avant de se lancer il y a huit ans

Les panneaux solaires de Sylvie et Daniel étaient montés sur un mât amovible qui suivait le soleil, un mécanisme très performant.
Photo: Nathalie Dieul/Epoch Times
En 2017, Nathalie et Stéphane ont choisi l’autonomie solaire lorsqu’ils ont construit leur grande maison loin du réseau électrique, dans le sud du Québec. Huit ans plus tard, ils expliquent pourquoi ils viennent de retirer leurs panneaux solaires et surtout tout ce qu’ils auraient aimé savoir avant de se lancer dans cette aventure qui a fini par leur coûter très cher à cause du manque d’informations.
Leur maison était connue dans le coin comme étant « la maison aux gros panneaux solaires ». Jusqu’à cet été, elle faisait rêver plus d’une personne qui passait dans ce coin reculé de la campagne québécoise. Toutefois, entre le rêve et la réalité, il y a une grosse différence.
Lorsqu’elle a accepté de partager son histoire avec les lecteurs d’Epoch Times, Nathalie a insisté sur un point : ce n’est pas parce qu’elle et Stéphane ont décidé d’enlever leurs panneaux solaires que tout est négatif concernant cette technologie.
« On a été malchanceux », reconnaît-elle, faisant le bilan de tout ce qu’elle a appris au cours de ces huit années. Elle espère que cette entrevue permettra à d’autres personnes d’apprendre de leurs erreurs, ce qui les amènera à prendre la décision de choisir ou non l’autonomie en électricité en toute connaissance de cause.
« Mes mésaventures sont probablement dues à la méconnaissance », estime-t-elle. « Quand tu es mal informé, c’est là que les problèmes surviennent. »
Si Nathalie et Stéphane n’avaient pas fait confiance aveuglément aux entreprises qui leur ont fourni leur système solaire, s’ils s’étaient rendus compte qu’ils allaient devoir restreindre leur utilisation de l’électricité l’hiver et s’ils avaient su que les grosses dépenses allaient s’accumuler à ce point, l’issue de cette expérience aurait été différente.
Au total, en l’espace de huit ans, ce couple a dépensé près de 50.000 dollars pour son système solaire autonome, soit environ 30.000 euros, ce qui représente plus ou moins 3800 euros par année. À cette somme, ils viennent d’ajouter encore 50.000 dollars, pour se faire raccorder au réseau électrique d’Hydro-Québec, principal producteur d’électricité du pays.
« On a beau dire qu’on n’avait pas de compte d’Hydro-Québec à payer tous les mois, je pense que la facture aurait été moins chère que cela », remarque la quinquagénaire.
Un rêve devenu réalité… bien plus vite que prévu
Pendant longtemps, le couple a rêvé de vivre sur un grand terrain forestier, avant d’abandonner ce rêve en 2015, faute de trouver le terrain. Puis le bon terrain s’est présenté à eux au début 2016. Ils l’ont acheté et mis leur maison en vente, pensant qu’ils auraient au moins un an avant qu’elle ne trouve preneur.
Finalement, elle s’est vendue très vite et tout s’est précipité. « On n’avait pas défriché, on n’avait pas de plans de maison, on n’avait rien », se souvient Nathalie. Ils ont acheté une caravane et l’ont installée sur le terrain en juin 2016 pour y vivre jusqu’à la fin octobre de la même année.
En plein branle-bas de déménagement, Nathalie et Stéphane ne se sont même pas posé la question de l’électricité.
Leur terrain se trouvait à 800 mètres du dernier poteau du réseau électrique d’Hydro-Québec. Ils ont d’abord contacté l’entreprise pour se renseigner. Les coûts étaient importants. Il y avait surtout de longs délais pour se faire raccorder.
« On s’est dit qu’au lieu de faire la démarche avec Hydro-Québec, débourser et de ne pas avoir de service à temps, autant aller vers l’autonomie », se souvient Nathalie.
Ils connaissaient déjà un peu les panneaux solaires : leur résidence secondaire en était déjà équipée, ce qui comblait très bien leurs besoins de villégiature. « Cela marche bien, mais c’est un chalet, ce n’est pas une maison », estime-t-elle.
Au Québec, un chalet désigne une résidence secondaire, généralement beaucoup plus simple dans sa conception qu’une maison. Le chalet de ce couple est une véritable cabane typique du Canada, construite à partir de rondins. Leur résidence principale, quant à elle, est très spacieuse avec près de 300 m2 de superficie habitable.
Moins cher que de se faire raccorder au réseau électrique ?
Une autre bonne raison de choisir le solaire pour leur résidence principale, c’était les coûts. Selon la soumission de la première entreprise qui leur a fourni les panneaux solaires, la facture était la moitié de celle de l’option d’Hydro-Québec.
Une fois leur maison bâtie, le couple a vécu quelques mois avec son premier système solaire. Puis un deuxième fournisseur leur a expliqué qu’ils n’auraient jamais assez d’énergie avec cette installation et leur a fait une nouvelle soumission pour qu’ils puissent être autonomes.
La première entreprise était surtout habituée à équiper des chalets, pas des maisons habitées à l’année. Les besoins de Nathalie et Stéphane étaient plus importants pendant les quatre premiers mois de l’hiver québécois, entre le mois de novembre et la mi-février, jusqu’à ce que les jours allongent.
« On a une grande maison, on a un chauffage extérieur avec des pompes qui font circuler l’eau dans le plancher pour chauffer la maison. Alors l’hiver, c’est différent. Il nous fallait plus de puissance », reconnaît Nathalie.
Ils ont donc ajouté des batteries, d’autres panneaux solaires ainsi qu’une génératrice, indispensable pour les mois d’hiver. « La facture a fortement augmenté », remarque-t-elle. Au total, ils arrivaient à une somme équivalente à celle qu’ils auraient déboursée s’ils avaient choisi de se faire relier au réseau électrique. « Mais on était lancés, alors on a continué et cela fonctionnait bien. C’était plaisant. »
Le système comptait alors quinze panneaux de 330 watts et 16 batteries de 6 volts chacune, pour un total de 96 volts.
Problèmes de batteries
Le couple a vécu avec ce système solaire pendant quatre ans sans problème majeur, avant de se rendre compte que les batteries étaient déjà usées dès 2021.
« Il a fallu racheter seize batteries, près de 9000 dollars [soit 5500 euros, ndlr] », se désole Nathalie.
« On repart avec de nouvelles batteries. On est heureux, cela va bien », continue-t-elle.
À l’automne 2024, soit seulement trois ans plus tard, les batteries étaient encore une fois hors d’usage. En plus de devoir débourser 9000 dollars supplémentaires, ils ont eu plus de mal à les obtenir cette fois-ci.
Tout d’abord, les batteries n’étaient pas en stock, puis elles sont restées coincées jusqu’à fin octobre dans un conteneur à cause d’une longue grève au port de Montréal.
« C’était très stressant », se souvient la quinquagénaire.
En attendant de les recevoir, le couple a pratiquement vécu sans électricité. Ils faisaient tourner une petite génératrice portative pour alimenter le réfrigérateur ou prendre une douche et utilisaient des seaux d’eau pour les toilettes.
Heureusement, entre-temps, ils avaient installé une cuisinière au bois dans leur belle pièce de vie, ce qui les a bien dépannés pour se chauffer.
« C’était romantique au début, mais plus les semaines avançaient, moins le romantisme opérait », relate Nathalie.
Ce qu’ils ne savaient pas sur les batteries
Voici ce qu’ils ont finalement appris au sujet des batteries, ce que leurs fournisseurs ne leur avaient jamais expliqué. Nathalie reconnaît qu’elle n’a pas fait son devoir de s’informer et qu’elle a commis l’erreur de faire confiance à ces entreprises.
« Après toutes ces années, on m’a expliqué qu’il fallait que je donne une bonne charge aux batteries de temps en temps avec ma génératrice », raconte-t-elle.
Le deuxième fournisseur lui avait seulement dit que la génératrice était un support pour ses batteries. Elle donnait juste un peu d’énergie à ses batteries avec la génératrice le soir, mais jamais une recharge complète de quelques heures. Elle aurait pourtant dû le faire de temps en temps. « Sinon, tu hypothèques toujours tes batteries. »
« Si je l’avais su dès le début, je n’aurais probablement pas acheté des batteries tous les quatre ans. Ma vie aurait été différente. »
Une grande décision
Une fois les nouvelles batteries installées, le couple a pris une grande décision : faire une demande de raccordement à Hydro-Québec. Les délais annoncés étaient de 18 mois. Finalement, cela a seulement pris neuf mois. L’entreprise a installé sept nouveaux poteaux électriques et ils ont été raccordés au réseau cet été.
Le couple aurait pu garder les panneaux solaires pour revendre de l’électricité à Hydro-Québec. Ils ne l’ont pas fait parce qu’il aurait fallu investir de nouveau pour changer l’onduleur. Cela aurait représenté des milliers de dollars supplémentaires, sans compter les dépenses en cas de bris d’équipement.
Maintenant qu’ils sont reliés au réseau électrique, leur vie s’est simplifiée.
« Je suis tellement heureuse ! Je lave mon linge même s’il ne fait pas beau », s’exclame Nathalie.
« Maintenant, j’ai la quiétude d’esprit que je n’avais pas. »
En effet, Nathalie a vécu beaucoup de stress à cause de la consommation d’électricité qu’elle surveillait tous les jours.
« Je surveillais la consommation de presque tout dans la maison. Mon niveau d’anxiété augmentait selon la température », se souvient-elle. C’est peut-être Stéphane qui en a le plus souffert parce qu’il ne pouvait pas travailler comme il le voulait dans son grand garage. Il devait utiliser sa génératrice portative pour pouvoir utiliser ses outils, tandis que sa conjointe lui rappelait régulièrement d’éteindre les lumières du garage.
La vraie autonomie solaire existe-t-elle au Québec ?
« Sincèrement, je ne vois pas beaucoup de réseaux sociaux où les gens se vantent d’être complètement autonomes », remarque Nathalie. « Est-ce parce qu’ils ont de mauvaises expériences eux aussi ? Est-ce parce que c’est marginal ? » s’interroge-t-elle.
Ceux qui parlent du sujet cherchent à devenir autonomes et à démarrer à petite échelle, dans un chalet. Elle a entendu parler de méga-propriétés complètement autonomes. « Mais tu apprends par la suite qu’ils ont trois génératrices, ils ont tant de batteries, ils ont tant de panneaux solaires. Ça vient avec l’investissement que tu y mets. »
Selon leur expérience, Nathalie et Stéphane ont été totalement autonomes en électricité avec leurs panneaux solaires de la mi-février jusqu’au début novembre. Pendant les quatre pires mois d’hiver, la génératrice était nécessaire. Malgré le fait que l’hiver québécois est généralement assez ensoleillé, les journées sont trop courtes pour la production d’électricité.
Pour Nathalie, l’important est aussi de savoir changer ses habitudes. En effet, le couple a mis de côté plusieurs articles de la vie quotidienne pendant ces huit années.
« On n’était pas des grands consommateurs, mais de là à changer nos habitudes, à nous restreindre dans notre vie quotidienne… » constate-t-elle. « Il faut y penser avant d’aller vers le solaire. »
Les beaux côtés des panneaux solaires
L’aventure de l’énergie solaire n’a pas été que négative dans la vie de ce couple québécois. Ils ont beaucoup appris pendant ces huit années et chérissent maintenant d’autant plus le fait de pouvoir faire ce qu’ils ont envie quand ils le veulent.
Aujourd’hui, ils sont tous les deux encore plus conscients de leur consommation électrique qu’ils ne l’étaient avant 2017, ce qui leur permet de faire des choix différents.
Par exemple, Nathalie a appris qu’un sèche-cheveux, un fer plat et une cafetière électrique consomment beaucoup d’électricité, tout comme la pompe à eau. Elle suggère de vérifier sa consommation d’énergie sur le site de son fournisseur pour comprendre ce qui est énergivore chez soi.
« Cela sensibiliserait probablement davantage les gens à leur mode de vie », estime-t-elle.
Malgré les mésaventures rencontrées, ce qu’elle a le plus apprécié pendant ces huit années, c’est l’autonomie.
« Le solaire, c’est chouette. Tu installes cela et tu es autonome, tu n’as pas besoin d’Hydro-Québec », apprécie Nathalie. « C’est un beau système. Quand tu dis que ton alimentation en électricité vient du soleil, c’est génial, c’est parfait. »
Elle l’a d’autant plus apprécié lors des pannes d’électricité qui ont été courantes dans les environs pendant quelques mois en 2021-2022. « Quand tes voisins manquent d’électricité, toi tu en as », ajoute-t-elle, donnant un exemple. « Tu peux dépanner ta voisine qui a besoin d’internet parce qu’elle n’a pas d’électricité. »
Une fois, Stéphane est même parti travailler avant le lever du soleil sans se rendre compte qu’il y avait une panne d’électricité dans la région. Il n’en a pris conscience qu’en arrivant au travail, trente minutes plus tard. Il a appris à vérifier avant de se déplacer en cas de tempête.
Une chose est sûre : malgré leur mauvaise expérience du solaire dans leur grande maison, Nathalie et Stéphane ne changeraient rien à leur système dans leur petite résidence secondaire. En effet, dans leur cabane en rondins, où les besoins sont bien plus modestes, ils apprécient les avantages de cette autonomie énergétique.

Articles actuels de l’auteur









