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Persécutions dans le monde : un prêtre congolais, une réfugiée chinoise et un Tibétain en exil témoignent

Une soirée de sensibilisation aux persécutions dans le monde a été organisée le 14 novembre dernier à Ham-Nord, un petit village du Québec, le reliant au monde entier. Trois invités - un prêtre congolais, une réfugiée chinoise et un Tibétain en exil - ont touché le cœur de la cinquantaine de personnes présentes dans la salle municipale, sans compter les internautes qui suivaient la conférence en ligne, en direct.

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De gauche à droite : Xiao Liu (traductrice), Gao Shubin (réfugiée chinoise), Marylène Morin (organisatrice), Jean-Baptiste Ruhanga (prêtre congolais), Jampa Barshee (Tibétain en exil).

Photo: Sophie Sun

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Durée de lecture: 10 Min.

Pour l’occasion, ainsi que les jours suivants, la Communauté Saints-Anges a éclairé son église en rouge en solidarité avec toutes les personnes persécutées pour leurs croyances et leur liberté de pensée.

L’église de Ham-Nord éclairée en rouge pour l’occasion, en soutien aux personnes persécutées dans le monde. (Marylène Morin)

5,4 milliards de personnes, soit près de deux tiers de l’humanité, vivent dans des pays qui ne respectent pas la liberté religieuse, selon un document de l’Aide à l’église en détresse, a expliqué l’organisatrice Marylène Morin en introduction à l’événement.
« L’étude, qui couvre toutes les confessions et 196 pays, classe les nations en deux catégories. Il y a 24 pays qui sont classés dans la pire des catégories, celle des persécutions. Des violations graves et systémiques, impliquant de la violence, des arrestations, et de la répression sont susceptibles d’affecter plus de 4,1 milliards de personnes dans des pays tels que la Chine, la Corée du Nord, l’Inde, le Nigeria et le Nicaragua. »

L’événement a été un succès pour un petit village de 900 habitants. (Sophie Sun)

« Prier devenait un acte de résistance »

Le premier invité à témoigner a été Jean-Baptiste Ruhanga, prêtre originaire de la République démocratique du Congo, qui vient d’emménager dans les environs de Ham-Nord. Il a parlé des persécutions qu’il a subies dans ce pays majoritairement chrétien, à 90 %, dont plus de 50% de catholiques.

Jean-Baptiste Ruhanga est le nouveau prêtre de Ham-Nord. Originaire du Congo, il a vécu des événements difficiles dans son pays. (Sophie Sun)

« Depuis plus de trois décennies, les Congolais vivent dans un climat de guerre, un climat de pauvreté et un climat d’injustice. Dans plusieurs régions, surtout à l’est, les chrétiens subissent les conséquences des conflits liés au contrôle des richesses naturelles et minières », a-t-il expliqué.
Il a raconté un événement qui reste gravé en lui. Le 6 décembre 1994, sa ville de Bukavu a été quadrillée très tôt le matin pour empêcher les fidèles d’accéder aux lieux de culte.
« À peine avions-nous commencé la célébration de la messe qu’une escouade de militaires armés jusqu’aux dents a fait irruption. Ils nous ont expulsés de l’église, nous forçant à rester assis dehors dans la boue sous la pluie avec des ornements liturgiques », se souvient-il. « J’ai senti dans tout mon être que, pour nous, prier devenait un acte de résistance et que le Christ s’est tenu avec nous même dans la boue. »

« L’odeur de chair brûlée flottait souvent dans l’air »

Le second témoignage a été celui de Gao Shubin, une pratiquante de Falun-Gong originaire de Chine. Elle s’est déplacée depuis Montréal où elle habite depuis 2017 en tant que réfugiée.

Gao Shubin a été illégalement emprisonnée en Chine pendant trois ans en raison de sa pratique du Falun Gong, torturée et envoyée dans un camp de travaux forcés. (Sophie Sun)

« J’ai été condamnée illégalement à trois ans de prison en raison de ma pratique du Falun Gong », explique-t-elle dans son témoignage. Elle s’est d’abord retrouvée dans le camp de rééducation par le travail pour femmes de Masanjia.
« C’était l’un des pires endroits où le Parti communiste chinois persécutait les pratiquants de Falun Gong », se souvient-t-elle.
Après avoir été battue par plusieurs policiers pour essayer de lui faire renoncer à sa foi, Mme Gao a été menottée et suspendue à une échelle en fer. « La douleur était insupportable. J’ai perdu connaissance à plusieurs reprises. Ils m’ont laissée suspendue pendant quinze heures, jusqu’à ce que je sois presque morte. »
Par la suite, dans la prison pour femmes du Liaoning, elle a été forcée de travailler comme une esclave, de 6 h 30 du matin jusqu’à 21 h ou 22 h, afin de confectionner des vêtements. « Si nous ne terminions pas la production exigée, les policiers nous électrocutaient avec des matraques électriques. Dans l’atelier, l’odeur de chair brûlée flottait souvent dans l’air. »
Son témoignage a été complété par un diaporama où une pratiquante de Falun Gong occidentale a expliqué l’histoire de la persécution de cette paisible pratique pour le corps et l’esprit, basée sur les principes d’authenticité, de bienveillance et de tolérance.
La pratique, aussi appelée Falun Dafa, était devenue tellement populaire en 1999, pratiquée par 70 à 100 millions de Chinois, que Jiang Zemin, l’ancien dirigeant de la Chine, a décidé de l’éradiquer le 20 juillet de cette année-là. Cette terrible persécution dure depuis 26 ans.

« Après deux ans sous le régime communiste, elle n’en pouvait plus »

D’origine tibétaine, Jampa Barshee est arrivé au Québec en 1971, à l’âge de 11 ans. Il a grandi à Granby et vit maintenant à Montréal. Sa mère a décidé de fuir le Tibet en 1962. « Après deux ans sous le régime communiste, elle n’en pouvait plus », explique-t-il.
Leur famille venant d’une caste dirigeante, elle a été dépossédée dès l’arrivée des communistes.
« Ce qu’ils ont donné à ma mère, c’est ce qu’il y avait de pire : une vache, et la terre la moins arable », raconte le Tibétain en exil. À l’époque où elle est partie de son pays, « elle était enceinte et mon père était emprisonné pour des raisons politiques. »
Le mode de vie des Tibétains a complètement changé dès l’occupation par les Chinois. Les nonnes étaient violées, il était interdit aux moines de porter leurs robes religieuses.
En exil, d’abord en Inde puis au Québec, Jampa et sa famille, tout comme la communauté tibétaine, ont essayé de préserver leur culture, leur religion et leur langue.

Jampa Barshee, Tibétain en exil, a fait 2 h 30 de route depuis Montréal afin de témoigner devant le public de Ham-Nord. (Sophie Sun)

Après la conférence, le Tibétain a confié à la caméra : « Je crois sincèrement que le gouvernement chinois va tomber sous la pression du peuple chinois parce que cela ne va pas dans leur intérêt. Le Parti communiste ressemble à un groupe mafieux. Je ne pense pas que cela durera longtemps : tôt ou tard, il va s’effondrer. »

« Tout le monde aspire à la paix »

Après les trois témoignages, le public a pu poser des questions aux différents intervenants sous forme de panel. La dernière question sur le pardon a permis de terminer l’événement dans la résilience.

Après les témoignages des trois intervenants, un panel a permis au public de poser ses questions. (Sophie Sun)

Jampa a expliqué qu’il avait une amie chinoise à qui il a écrit sa gratitude de l’avoir comme amie parce qu’il ne voulait « pas toujours vivre dans un monde de haine continue ».
Mme Gao a remarqué qu’il fallait mettre fin à ce régime communiste chinois le plus tôt possible. Toutefois, pour ses persécuteurs comme les policiers, elle pense qu’ils sont trompés par ces communistes pervers et qu’on devrait pardonner à ces gens-là, leur faire comprendre la vérité afin qu’ils puissent aider à mettre fin à la persécution du Falun Gong.
Du côté de Jean-Baptiste, il est difficile de savoir à qui pardonner. Il espère que la vérité finira par sortir par l’intermédiaire des réseaux sociaux parce que les médias ne disent pas la vérité en ce qui concerne l’Afrique.
« Mais on est prêt à pardonner pour que nous aussi nous vivions dans la paix » affirme le prêtre. « Tout le monde aspire à la paix. Mais comment avoir cette paix durable? C’est la raison pour laquelle la foi est quand même quelque chose de fondamental dans la vie. »

Après la partie conférence, plusieurs personnes ont signé des pétitions au kiosque de Falun Dafa. (Sophie Sun)

Pour regarder la conférence (soit au complet, soit les montages qui ont été réalisés pour chaque intervenant) : durl.ca/J3BNR