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plus-iconLa plus grande fleur du monde

Une émotion intense après 13 ans de recherche : la redécouverte d’une fleur légendaire

Treize ans de recherche, un instant suspendu, et une fleur géante qui renaît. La redécouverte de Rafflesia hasseltii en Indonésie bouleverse autant qu’elle fascine.

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La Rafflesia hasseltii, une fleur rare.

Photo: Capture d'cran/Instagram : IllustratingBotanist

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Durée de lecture: 7 Min.

Il existe des fleurs dont la simple existence semble défier la logique. La Rafflesia hasseltii, plante parasitaire géante sans feuilles ni tige, en fait partie. Elle peut mesurer jusqu’à un mètre de diamètre et peser plus de 6 kilogrammes.

Évanescente, inattendue, elle n’apparaît que quelques jours avant de disparaître dans le sol humide qui l’a vue naître. C’est cette apparition fugace que le biologiste indonésien Septian Andrikithat poursuivait depuis treize ans dans les forêts denses de Sumatra. Treize ans d’une quête silencieuse, obstinée, presque mystique, rapporte ABC News.

Face à elle, M. Andrikithat n’a pas retenu ses larmes. Cette quête s’est achevée dans un moment d’émotion intense le 19 novembre 2025, selon The Jakarta Post. C’est après un long voyage dans la jungle, au risque de se faire attaquer par un tigre ou un rhinocéros, que le biologiste s’est retrouvé face à cette fleur mystique.

« Après 13 ans, un voyage de 23 heures, le risque d’attaques de tigres, et des batteries de téléphone presque à plat, je ne pouvais plus parler. J’ai juste pleuré. », témoigne Septian Andrikithat.

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À ses côtés se trouvait le botaniste britannique Dr Chris Thorogood, spécialiste des plantes parasitaires et directeur adjoint de l’Oxford Botanic Garden & Arboretum. Ensemble, ils ont assisté à un phénomène que certains qualifient déjà d’événement botanique majeur de la décennie.

Après avoir reçu l’information que la fleur convoitée avait été possiblement repérée dans la province de West Sumatra, à une quinzaine d’heures de route de la ville de Bengkulu, M. Andrikithat a attendu l’arrivée du Dr Thorogood, qu’il connaît depuis 2010, pour aller investiguer sur place.

Une fleur rare, presque mythique

La Rafflesia est souvent présentée comme la « plus grande fleur du monde ». Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’elle vit la plupart du temps cachée, infiltrée dans une liane hôte dont elle dépend totalement. Elle ne se manifeste qu’à l’instant de la floraison — un instant imprévisible, fugace, qui survient au bout d’un long cycle.

« Presque personne ne l’a jamais vue, et pour moi elle est la plus belle », remarque le Dr Thorogood. « Les bourgeons de cette fleur mettent plusieurs mois, jusqu’à neuf mois, pour arriver à maturité. Lorsque la fleur s’ouvre, elle ne reste ouverte que quelques jours, donc les chances de vivre cette rencontre sont extrêmement faibles. »

Le biologiste britannique estime que cette fleur unique a sans doute été vue par davantage de tigres que d’humains.

En 2023, Oxford sonnait déjà l’alarme dans un communiqué scientifique. Les chercheurs y lançaient un « appel urgent à sauver la plus grande fleur du monde », soulignant que de nombreuses espèces du genre sont en péril. Le texte insistait sur l’urgence d’identifier, protéger et comprendre ces plantes presque fantomatiques, dont certaines n’ont été vues qu’une ou deux fois depuis un siècle.

Treize ans de quête, un instant de grâce

L’histoire relatée par ABC News commence comme un reportage de terrain, mais se lit comme un roman d’aventure intérieure.

M. Andrikithat, loin des laboratoires climatisés, est un homme de la forêt. Son travail consiste à arpenter les reliefs, à observer, à guetter les indices minuscules d’une présence végétale souterraine. Pendant treize ans, il a documenté des bourgeons avortés, des signes prometteurs vite effacés par la pluie ou les animaux. Parfois, il retrouvait un bouton flétri, trop tard.

Cette fois, le duo est arrivé sur place alors que la fleur n’était pas encore ouverte. M. Andrikithat, déprimé, a proposé de rester encore une heure sur place alors que la nuit était en train de tomber, malgré les risques d’attaques de tigres.

C’est finalement à la lueur de la lune que la fleur tant convoitée s’est progressivement ouverte sous les yeux fascinés des deux biologistes.

L’empreinte d’Oxford : une portée internationale

La présence de Chris Thorogood, botaniste de renom, donne à cette découverte une portée internationale.

Si la redécouverte de 2025 n’a pas encore fait l’objet d’un article scientifique évalué par les pairs, les experts estiment que l’événement pourrait nourrir plusieurs futures publications, tant sur la conservation que sur la biologie évolutive des parasites végétaux.

Des chercheurs locaux saluent « une redécouverte qui ravive l’espoir de nouvelles recherches », tout en rappelant l’importance de reconnaître le rôle essentiel des scientifiques indonésiens dans ces expéditions.

Une fleur comme symbole universel

Pourquoi cette histoire bouleverse-t-elle autant ? Parce qu’elle raconte la patience, l’humilité, la ténacité. Elle montre qu’au-delà de la technologie, au-delà des modèles scientifiques, certaines découvertes naissent encore d’un regard humain posé sur la nature.

La redécouverte de Rafflesia hasseltii n’est pas seulement une avancée scientifique. C’est un récit, presque une fable contemporaine, où un biologiste indonésien, un botaniste britannique et une fleur mythique se rencontrent dans un instant suspendu.

Dans cette forêt de Sumatra, la nature leur a offert un cadeau rare. À ceux qui la respectent, elle sait parfois répondre — avec un miracle rouge et blanc qui n’apparaît qu’à ceux qui savent patienter.

« C’était tout simplement une expérience absolument magique, qui restera gravée dans ma mémoire pour le reste de ma vie », confie le Dr Thorogood.