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Autisme : un trouble du neurodéveloppement qui n’est pas forcément à vie

Dans certains cas, les enfants peuvent dépasser leur diagnostic d’autisme. Contrairement à la dépression ou à l’anxiété, l’autisme n’est pas classé parmi les maladies mentales. Il s’agit d’un trouble du neurodéveloppement. Cette distinction place l’autisme à part en matière de traitement et de potentiel d’amélioration par rapport à d’autres troubles psychiatriques.

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Photo: Illustration de Lumi Liu

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Durée de lecture: 11 Min.

« Dans le cas de l’autisme, les enfants peuvent passer de retards de développement assez marqués lors des tests à un fonctionnement dans la norme », explique à Epoch Times le Dr Fred Volkmar, professeur, spécialiste de psychiatrie de l’enfant, de pédiatrie et de psychologie.

Un trouble du neurodéveloppement

Les troubles du neurodéveloppement désignent des affections qui apparaissent généralement dès la petite enfance et perturbent le développement naturel. Le terme « troubles du neurodéveloppement » est souvent utilisé de manière interchangeable avec « troubles à début infantile », précise le Dr Volkmar. Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) en est un autre exemple bien connu.
L’autisme se manifeste généralement entre la première et la troisième année de vie, bien que les enfants présentant des symptômes plus légers puissent parfois être diagnostiqués un peu plus tard.
Les troubles mentaux comme la dépression et l’anxiété peuvent survenir à tout moment de la vie. Cependant, le fait d’avoir un trouble du neurodéveloppement augmente le risque d’en développer avec l’âge : 40 à 50 % des personnes autistes connaissent, à un moment de leur vie, un épisode de dépression ou d’anxiété. Les personnes atteintes de troubles du neurodéveloppement rencontrent des difficultés d’apprentissage et d’exécution de tâches sociales, cognitives et/ou physiques.
Dans le cas de l’autisme, la principale difficulté réside dans l’interaction sociale, les symptômes apparaissant généralement entre 6 et 24 mois.
« Dans un développement typique, l’intérêt social et la capacité à se focaliser sur les autres constituent des aspects essentiels du développement », explique à Epoch Times la psychologue Deborah Fein, spécialiste de la compréhension et du traitement des troubles du spectre de l’autisme.
Les personnes autistes peinent souvent à comprendre les codes sociaux, à maintenir une conversation et à entretenir des relations. En lien avec ces difficultés sociales, certains enfants autistes présentent aussi des retards de langage et des troubles de la parole. Une autre caractéristique marquante est la difficulté à s’adapter au changement, qui se traduit par des comportements répétitifs et des routines rigides.
Quelles sont les causes de ces difficultés ?

Un mélange de facteurs

Tous les troubles du neurodéveloppement reposent généralement sur une base cérébrale.
Les premières recherches menées dans les années 1970 ont montré que les enfants autistes présentaient des schémas distincts à l’électroencéphalogramme (EEG), étayant l’hypothèse d’un fonctionnement cérébral altéré. Par la suite, des études post-mortem ont également mis en évidence des différences anatomiques entre le cerveau des personnes autistes et celui des personnes au développement typique.
À la même époque, des études menées sur des jumeaux ont révélé une forte composante génétique. Lorsqu’un jumeau monozygote est autiste, il y a 60 à 90 % de chances que l’autre le soit également, contre seulement 5 à 40 % pour les jumeaux dizygotes.

Les jumeaux identiques sont plus susceptibles de développer tous deux un autisme que les jumeaux fraternels. (Epoch Times)

L’autisme ne peut pas être attribué à un seul gène. Les chercheurs estiment que 500 à 1000 gènes pourraient être associés à ce trouble. Jusqu’à 10 % des enfants diagnostiqués avec un trouble du spectre de l’autisme présentent également un syndrome génétique connu, comme la trisomie 21 ou la paralysie cérébrale. Pour les 90 % restants, plus de la moitié des cas ont une origine génétique identifiable, tandis qu’environ 40 % demeurent inexpliqués.
Les cas non élucidés pourraient être liés à des troubles métaboliques, comme un dysfonctionnement mitochondrial. Des facteurs environnementaux – comme des complications pendant la grossesse ou des facteurs postnataux comme un manque de contacts sociaux, des infections précoces ou l’exposition à des substances chimiques – peuvent également accroître le risque d’autisme. L’autisme semble donc résulter d’une combinaison de facteurs génétiques, environnementaux et neurologiques. « On pourrait donc dire qu’il s’agit d’un trouble du développement neurogénétique », précise le Dr Volkmar.
La théorie dominante reste que l’autisme a une forte composante génétique. C’est pourquoi il a longtemps été considéré comme un trouble à vie.
Cependant, ce n’est pas toujours le cas.

Sortir de l’autisme

Certains enfants peuvent réaliser des progrès significatifs – en particulier lorsqu’ils bénéficient d’une intervention comportementale précoce avant l’âge de trois ans. Un petit pourcentage d’entre eux pourrait même perdre leur diagnostic, selon le Dr Volkmar.
« Des recherches portent sur les enfants qui “sortent” de l’autisme », explique-t-il. « Techniquement, ils ne remplissent plus les critères diagnostiques, mais présentent souvent encore des symptômes résiduels. »
Le cerveau est le plus neuroplastique au cours des trois premières années de vie. En aidant un enfant à surmonter ses difficultés sociales à cette période, il peut devenir socialement fonctionnel et ne plus être considéré comme autiste, souligne la psychologue Deborah Fein.
Les études estiment qu’environ 10 % des enfants autistes ne répondent plus aux critères diagnostiques à l’âge adulte.
Les recherches menées par Deborah Fein montrent que certains traits précoces peuvent prédire le succès du traitement. Les enfants ayant un QI plus élevé, de meilleures capacités de langage et la faculté d’imiter lors des jeux – associés à un diagnostic et une prise en charge précoces – ont plus de chances de perdre leur diagnostic. Il convient toutefois de noter que ces enfants présentent une forme d’autisme plus légère que l’autisme profond, la forme la plus sévère. Ce point sera approfondi dans un prochain article.
Le traitement le plus couramment utilisé pour l’autisme est l’analyse comportementale appliquée, une thérapie comportementale qui enseigne aux enfants des compétences sociales telles que le maintien du contact visuel et l’expression verbale de leurs besoins. Elle est largement reconnue comme la référence en matière de traitement de l’autisme.
Cependant, les enfants qui perdent leur diagnostic ne deviennent pas pour autant identiques à ceux au développement typique.
Deborah Fein a observé que beaucoup de ces enfants développent par la suite d’autres difficultés, notamment des troubles de l’attention ou un TDAH. Une explication possible serait que les difficultés d’attention constituent un aspect central de l’autisme, même si elles ne font pas partie des critères diagnostiques, précise-t-elle. Ainsi, une fois que l’enfant devient plus sociable et ne répond plus aux critères de l’autisme, les troubles de l’attention et de la concentration deviennent plus visibles, donnant alors l’impression d’un TDAH.
Dans une étude d’imagerie cérébrale menée ultérieurement, Deborah Fein et ses collègues ont constaté que les enfants ayant perdu leur diagnostic d’autisme présentaient une activité cérébrale plus proche de celle des enfants restés autistes que de celle des enfants au développement typique. Ces enfants montraient également des schémas cérébraux uniques, suggérant que leur cerveau avait dû créer de nouvelles voies pour apprendre et s’adapter.
Même si le diagnostic d’autisme ne s’applique plus, les adultes ayant grandi avec ce trouble peuvent conserver certaines particularités. Ils peuvent, par exemple, utiliser un langage trop formel, peu courant dans la conversation quotidienne – comme « enthousiasmé par ce nouveau phénomène » – ou inventer des mots, comme « fils électroniqués » au lieu de « fils électriques ». À l’âge adulte, ils restent également attachés à leurs routines, indique Deborah Fein. Les enfants autistes ayant suivi un entraînement comportemental appliquent souvent les règles sociales avec rigueur et sont, de ce fait, perçus comme plus agréables que les enfants au développement typique, ajoute-t-elle.
Deborah Fein illustre cette tendance à suivre les règles sociales à travers une scène de la série New York : Section criminelle, dans laquelle des détectives interrogent une personne autiste :
« Il regarde le détective et lui dit quelque chose comme : “Je dois détourner le regard, car si je vous regarde plus des deux tiers du temps, j’ai l’air agressif, et si je vous regarde moins d’un tiers du temps, j’ai l’air fuyant.” Il a appris cette règle. »
Outre les thérapies comportementales, certains médecins estiment que l’autisme peut être traité en agissant sur ses causes biomédicales sous-jacentes – comme des particularités immunologiques, des carences en vitamines, un dysfonctionnement mitochondrial, et d’autres facteurs. Par exemple, le neurologue Dr Richard Frye a montré que certains enfants produisent des anticorps qui interfèrent avec l’absorption des nutriments. Lorsque ces nutriments sont rétablis, la concentration et le langage peuvent s’améliorer, a-t-il indiqué à Epoch Times.
Le Dr Armen Nikogosian, spécialiste en médecine interne, a expliqué à Epoch Times que les enfants bénéficiant de thérapies biomédicales à un âge précoce – avant cinq ans – peuvent connaître des améliorations notables de leur comportement. Ceux qui commencent plus tard obtiennent en général des progrès plus modestes.
La période de développement précoce offre donc à certains enfants autistes – longtemps considérés comme atteints d’un handicap permanent – la possibilité de connaître des progrès significatifs et durables dans leur vie.
 
 
 
Marina Zhang est rédactrice spécialisée dans la santé pour Epoch Times, basé à New York. Elle couvre principalement des articles sur le COVID-19 et le système de santé. Elle est titulaire d'une licence en biomédecine de l'université de Melbourne. Contactez-la à l'adresse marina.zhang@epochtimes.com.

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