Accord Mercosur : l’UE donne son feu vert et presse les États membres de l’approuver

La Haute Représentante de l’UE et vice-présidente pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Kaja Kallas (à g.), et le Commissaire européen au Commerce et à la Sécurité économique, aux Relations interinstitutionnelles et à la Transparence, Maros Sefcovic, tiennent une conférence de presse sur l’accord commercial avec le Mercosur, au siège de l’UE à Bruxelles, le 3 septembre 2025.
Photo: Nicolas Tucat / AFP via Getty Images
La Commission européenne a lancé mercredi un appel aux 27 États membres pour qu’ils approuvent rapidement l’accord commercial avec les pays du Mercosur, en promettant des garanties « robustes » destinées aux agriculteurs, une démarche saluée par la France. Les commissaires européens ont validé le texte de l’accord, étape préalable à sa présentation devant les États membres et le Parlement européen.
Bruxelles vise une adoption avant la fin décembre, pendant la présidence tournante du Brésil au Mercosur. Jusqu’à présent, Paris menait la résistance au sein de l’UE. Pour rassurer la France et les agriculteurs européens, la Commission promet désormais un « acte juridique » annexé à l’accord, renforçant les mesures de sauvegarde pour les « produits européens sensibles ».
L’exécutif européen s’engage à intervenir si les importations nuisent à certaines filières : bœuf, volaille, sucre ou éthanol. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, a souligné avoir « écouté attentivement » les agriculteurs et les États membres : « Nous avons mis en place des garanties encore plus solides, juridiquement contraignantes, pour les rassurer. »
Paris va « analyser cette clause de sauvegarde »
Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a salué le fait que l’UE ait « entendu les réserves » françaises, tout en précisant que Paris doit « encore analyser cette clause de sauvegarde ». La FNSEA, principal syndicat agricole français, a toutefois promis de poursuivre la mobilisation et un rassemblement d’agriculteurs est prévu jeudi à Bruxelles. L’organisation européenne Copa-Cogeca dénonce un « passage en force politique » jugé « profondément dommageable ». Dans l’opposition, le RN parle de « trahison » d’Emmanuel Macron en cas de soutien à l’accord, tandis que LFI appelle à une « mobilisation générale » contre le traité.
Au Parlement européen, des députés comme Pascal Canfin annoncent leur intention de constituer une alliance transpartisane pour « suspendre l’adoption » du texte en l’absence de garanties suffisantes et de transparence.
Inquiétudes vis-à-vis d’une concurrence « déloyale »
L’accord permettrait, selon la Commission, aux industriels européens d’exporter plus de voitures, machines, vins et spiritueux vers l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay, tout en favorisant l’importation de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains. Cette perspective inquiète les agriculteurs européens qui redoutent une concurrence ne respectant pas les normes sanitaires et environnementales de l’UE, en raison de contrôles jugés insuffisants.
En contrepartie, Bruxelles argue que le traité ouvrirait un marché de 700 millions de consommateurs et ferait économiser plus de 4 milliards d’euros de droits de douane chaque année aux exportateurs européens.
Une « minorité de blocage » nécessaire pour bloquer l’accord
Pour bloquer l’accord, la France doit réunir une « minorité de blocage » regroupant au moins quatre États et plus de 35 % de la population de l’UE : elle ne peut s’y opposer seule. L’« acte juridique » promis par la Commission ne nécessitera pas, selon Bruxelles, une renégociation avec le Mercosur. Cependant, il restera nécessaire de rassurer les partenaires sud-américains, qui pourraient craindre une remise en cause de l’accord conclu fin 2024.
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