Logo Epoch Times

Une lanceuse d’alerte sur le Covid est condamnée à 4 ans de prison supplémentaires pour avoir dénoncé des faits

top-article-image

Le militant pro-démocratie Lee Cheuk-Yan prend la parole devant le bureau de liaison chinois à Hong Kong le 28 décembre 2020, lors d’une manifestation demandant à la Chine de libérer la journaliste citoyenne Zhang Zhan (en haut à gauche sur l’affiche), emprisonnée quatre ans pour ses reportages en direct depuis Wuhan lors de l’éclatement de la pandémie de Covid-19.

Photo: PETER PARKS/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 6 Min.

La journaliste citoyenne chinoise Zhang Zhan a été condamnée à quatre années supplémentaires de prison pour avoir été parmi les premières à rendre compte de la pandémie de Covid-19 lors de son apparition en Chine, selon l’organisation internationale française de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF).
Mme Zhang avait initialement été incarcérée en décembre 2020 et jugée à nouveau le 19 septembre pour les mêmes chefs d’accusation de « provocation de troubles », une disposition controversée que le Parti communiste chinois (PCC) utilise pour cibler les dissidents politiques. Elle « devrait être célébrée dans le monde entier en tant qu’héroïne de l’information, et non pas être piégée dans des conditions de prison brutales », a déclaré Aleksandra Bielakowska, responsable du plaidoyer Asie-Pacifique chez RSF, dans un communiqué publié le 20 septembre.
« L’acharnement et la persécution qu’elle subit doivent cesser. Plus que jamais, il est urgent que la communauté diplomatique internationale fasse pression sur Pékin pour obtenir sa libération immédiate. »
Le procès, qui s’est tenu à huis clos, a vu les forces de police bloquer tous les accès au tribunal.
Bien que l’affaire ait suscité une importante attention internationale, les autorités chinoises ont refusé l’accès des diplomates étrangers aux audiences.
Le Service international pour les droits de l’homme a déclaré le 19 septembre, que des diplomates et des journalistes avaient été refoulés aux portes du tribunal populaire du district de Pudong à Shanghai, sans qu’il ne soit confirmé que le procès avait bien commencé.
Les autorités chinoises ont également tenté de faire taire les soutiens de Mme Zhang. Certains ont rapporté que la police locale les avait interceptés avant leur départ pour Shanghai. Un militant des droits basé à Wuhan a indiqué qu’il avait été menacé de sanctions s’il tentait de quitter la ville. D’autres, qui avaient néanmoins réussi à se rendre à Shanghai, ont été repérés puis arrêtés par la police.
À Shanghai, la militante Shen Yanqiu a été placée en garde à vue le matin du procès, avant d’être relâchée dans l’après-midi.
L’avocat Peng Yonghe, qui s’était proposé pour témoigner en faveur de Mme Zhang, a été placé sous contrôle policier la veille. Prévenant de possibles restrictions, M. Peng avait enregistré au préalable une vidéo dans laquelle il qualifiait Mme Zhang de « véritable patriote » engagée pour le constitutionnalisme, la démocratie et l’État de droit.
« L’acte d’accusation ne précise pas son mobile criminel », a-t-il soutenu. « Si les actes de Zhang Zhan ne constituent pas ce que l’on nomme ‘une provocation de troubles’, alors elle pourrait être innocente. Je suis prêt à témoigner au tribunal en sa faveur. »
Reportages sur le Covid-19
En 2020, Mme Zhang s’était rendue à Wuhan, épicentre du coronavirus, et avait publié des récits et vidéos montrant des hôpitaux surchargés et des rues désertes, lesquels offraient un contraste saisissant avec le discours officiel du régime.
Quelques mois plus tard, elle a été arrêtée. Son avocat d’alors, Ren Quanniu, expliquait que Mme Zhang considérait « être persécutée pour avoir exercé sa liberté d’expression ».
Mme Zhang a entamé une grève de la faim le mois suivant son arrestation, et la police lui a attaché les mains et l’a alimentée de force à l’aide d’une sonde.
Relâchée en mai 2024, elle a de nouveau été placée en détention en août 2024, puis officiellement arrêtée et inculpée.
Son avocat a déclaré sur X que les nouveaux chefs d’accusation reposaient sur les déclarations de Mme Zhang publiées sur des sites étrangers, et a qualifié la procédure de persécution. Les autorités n’ont pas rendu publics les détails de cette seconde affaire.
Beh Lih Yi, coordinatrice du programme Asie au Comité pour la protection des journalistes (basé à New York), affirme que Mme Zhang a été jugée deux fois sur la base d’« accusations sans fondement » visant à la persécuter pour ses activités journalistiques.
Le travail de Mme Zhang pendant la pandémie lui a valu de nombreux prix internationaux, dont le Prix de la liberté de la presse pour le courage de Reporters sans frontières, le prix Lin Zhao Freedom de ChinaAid, ainsi que le Prix honoraire de la liberté d’expression de la Vrije Universiteit Brussel et de l’Université libre de Bruxelles.
Des lanceurs d’alerte et des journalistes citoyens avaient révélé l’épidémie initiale du virus à Wuhan en 2019, fournissant des informations que le PCC cherchait à cacher au monde entier. Le régime a sévèrement réprimé plusieurs d’entre eux pour leurs reportages.
Avec Reuters
Hong Ning et Michael Zhuang ont contribué à la rédaction de cet article.