La fille d’un pasteur incarcéré par le PCC appelle les États Unis à « se tenir à nos côtés »
Les autorités chinoises ont arrêté près de 30 responsables de l'Église de Sion lors d’une opération coordonnée, et le pasteur fondateur demeure incarcéré sans soins adéquats, selon les avocats.
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Grace Jin Drexel, fille du pasteur fondateur Ezra Jin de l'Église de Sion en Chine, témoigne devant la Congressional-Executive Commission on China (CECC) au Capitole, le 20 novembre 2025.
Depuis un mois, Grace Jin Drexel vit chaque jour avec un objectif unique : faire libérer son père, incarcéré en Chine communiste pour sa foi.
« Je ne m’attendais pas à devoir faire cela », confie Mme Jin Drexel à Epoch Times après un témoignage particulièrement émouvant devant le Congrès, le 20 novembre. « Je ne pensais pas devoir le faire aussi longtemps. »
Le 9 octobre, son père Ezra Jin (Jin Mingri), pasteur fondateur de la très influente Église de Sion clandestine en Chine, a envoyé une lettre de prière urgente à son réseau, les alertant de l’enlèvement du pasteur Franklin Wang par les autorités chinoises.
Aux États‑Unis, Mme Jin Drexel a reçu le message vers minuit. Au matin, en le lisant, elle apprend que son père et plus de vingt autres dirigeants de l’Église de Sion à travers tout le pays ont également été arrêtés.
M. Jin, ainsi qu’au moins 17 autres responsables de l’Église, sont toujours détenus pour leur foi. Selon les avocats consultés par Mme Jin Drexel, lui et au moins un autre ancien souffrent du manque de soins adaptés à leurs pathologies.
Le 18 novembre, ces responsables ont été officiellement mis en examen pour « utilisation illégale de réseaux d’information », un chef d’accusation passible de trois ans de prison.
Pourquoi s’en prendre à un pasteur ?
L’Église de Sion incarne la montée du protestantisme en Chine. Citoyen chinois, M. Jin a répondu à un appel en 2007 : il est revenu des États‑Unis pour implanter une Église auprès de ses concitoyens.
Le Parti communiste chinois criminalise toute activité religieuse en dehors de son contrôle ; la famille Jin avait donc conscience des risques encourus.
Après l’interdiction officielle de l’église en 2018, M. Jin a été assigné à résidence et frappé d’une interdiction de quitter le territoire. Mme Jin Drexel ne l’a jamais revu depuis. Il lui avait été recommandé de s’éloigner temporairement de sa communauté pour tenter de la préserver ; il s’y est résolu un temps, mais, face à l’absence d’apaisement, il a choisi de renouer pleinement avec sa vocation pastorale.
La famille savait que la détention était désormais une hypothèse probable. Mais son père était résolu : telle était sa mission.
« Il voulait servir le peuple chinois », témoigne Mme Jin Drexel. Le Christ « a mené une vie sans péché et il est mort pour nous. L’idée qu’un dieu meure pour quelqu’un, surtout pour un pécheur, est inédite : c’est une force et une singularité incomparables, car il nous a aimés avant même que nous soyons dignes d’être aimés. »
« Comprendre cela pleinement en tant que chrétien, puis affirmer “Nous voulons te suivre”, c’est déjà considérer que toute ma vie appartient à celui qui a donné la sienne pour moi », ajoute-t-elle. « Autrement dit, nous ne craignons plus la mort. Nous n’avons plus peur de la persécution. »
Fort de cette détermination, M. Jin a poursuivi son ministère. Lors de la pandémie, le culte est passé en ligne et l’audience a explosé. Lors de l’audition au Congrès le 20 novembre, un défenseur des droits de l’homme a indiqué que le nombre de participants quotidiens approchait désormais 10.000.
Pasteur Ezra Jin, fondateur de l’Église de Sion en Chine. (Crédit Photo Grace Jin Drexel)
Répression coordonnée par le PCC
Après avoir reçu le message de son père, Mme Jin Drexel n’a plus pu le joindre. L’inquiétude s’est installée, mais elle voulait encore croire que son père s’affairait à secourir son confrère.
« Il nous a été impossible de contacter mon père ou son entourage », relate-t-elle. « À la fin de la journée, nous avons compris que de nombreux autres pasteurs de l’Église de Sion, dans différentes villes partout en Chine, avaient tous été arrêtés. »
Les arrestations massives se sont étendues de Pékin, au nord, jusqu’à Hainan, à l’extrême sud du pays. Près de 30 responsables religieux ont été interpellés ; leurs téléphones portables leur ont été confisqués afin d’empêcher tout contact ou enregistrement.
« L’opération était systématique et préventive », affirme-t-elle.
Sa grand-mère lui a ensuite appris que trente policiers étaient venus arrêter M. Jin, qu’ils l’avaient menotté devant elle avant de l’emmener de force.
Le déploiement de telles forces contre un homme pacifique et âgé illustre, selon Mme Jin Drexel et d’autres défenseurs des droits humains entendus le 20 novembre, l’ampleur de la crainte qu’inspire la religion au régime.
« Les Églises indépendantes en Chine sont perçues comme menaçantes non parce qu’elles seraient mauvaises ou dangereuses, comme les autorités aiment à le dire, mais parce qu’elles se dévouent sincèrement à la société, qu’elles servent par amour et non par volonté de contrôle », a-t-elle expliqué au Congrès.
Ces Églises constituent le maillage de la société civile ; elles sont un modèle de transparence, fondé sur l’élection des anciens et la rotation des conseils.
« Les chrétiens ne s’opposent pas aux autorités : l’Église a toujours aspiré à enrichir la société chinoise. Ils demandent seulement d’être soustraits au contrôle du Parti communiste chinois, une organisation qui se revendique athée », a-t-elle souligné.
Mme Jin Drexel précise que les responsables détenus se voient refuser toute visite. Sa grand-mère, venue apporter les médicaments prescrits pour le diabète sévère de M. Jin, a été refoulée. Un autre ancien, atteint d’une pathologie cardiaque rare, a dû être hospitalisé au moins une fois depuis sa détention, et aucun n’a obtenu de liberté sous caution.
La persécution ciblant l’Église de Sion a mis en lumière l’hostilité persistante du PCC envers la religion.
Le département d’État américain a condamné ces arrestations. Le 21 novembre, un groupe de sénateurs dont Ted Cruz (Républicain du Texas) et Jeff Merkley (Démocrate de l’Oregon), a écrit au secrétaire d’État Marco Rubio pour presser la Chine de libérer les responsables religieux incarcérés.
Au Congrès, outre l’audition du 20 novembre, des parlementaires républicains ont proposé une loi pour sanctionner tout responsable du PCC impliqué dans la répression des libertés religieuses.
Mme Jin Drexel n’adresse pas une requête précise aux autorités américaines et au monde libre.
« Tenez-vous simplement à nos côtés, ne nous oubliez pas, montrez au monde que la foi est une affaire intime, puissante, qui appartient à chaque individu : elle ne peut être confisquée ni réprimée », appelle-t-elle.
Grace Jin Drexel après son audition devant la Congressional-Executive Commission on China (CECC), au Capitole, le 20 novembre 2025. (Madalina Kilroy/Epoch Times)
La famille Jin. (Crédit Photo Grace Jin Drexel)
Pasteur Ezra Jin, fondateur de l’Église de Sion en Chine. (Crédit Photo Grace Jin Drexel)
Catherine Yang est journaliste pour Epoch Times, à New York.