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Suspension de la réforme des retraites: Sébastien Lecornu admet être « en décalage » avec ses « convictions »

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Le Premier ministre Sébastien Lecornu répond à une question d’un député de l’opposition de gauche lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 15 octobre 2025.

Photo: AMAURY CORNU/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Sébastien Lecornu a admis mercredi devant le Sénat qu’en proposant de suspendre la réforme des retraites, emblématique du mandat d’Emmanuel Macron, il était « en décalage » avec ses « propres convictions ».
« Le fait d’être le troisième Premier ministre dans la gestion de cette crise me conduit à devoir prendre des risques, y compris en décalage parfois avec mes propres convictions », a affirmé le Premier ministre macroniste, en conclusion des débats au Sénat sur sa déclaration de politique générale.
« Je le dis avec beaucoup d’humilité. Je pense que la stabilité de notre pays, dans ce moment difficile, doit conduire à ne pas faire comme avant », a-t-il justifié. « Ai-je tout fait bien ? Certainement pas. Est-ce que j’ai pu heurter, y compris les miens ? Je m’en excuse », a-t-il ajouté.
Le chef de gouvernement a été accueilli froidement mercredi par le Sénat, une chambre qui penche à droite et a vécu comme un « renoncement » l’annonce de la suspension de la réforme des retraites.
Sébastien Lecornu a mis en avant la « stabilité » générée par cette mesure, en échange de laquelle les socialistes n’entendent pas pour le moment censurer le gouvernement. « Suspendre, ce n’est pas renoncer, ce n’est pas reculer », a-t-il dit.
« Nous n’accepterons pas les renoncements », prévient la droite sénatoriale

Le chef des sénateurs Les Républicains, Mathieu Darnaud, a adressé mercredi une mise en garde claire au Premier ministre. « Nous n’accepterons pas les renoncements », a-t-il lancé à l’attention du chef du gouvernement. Sébastien Lecornu venait de prononcer sa déclaration de politique générale devant les sénateurs, légèrement différente de celle de la veille à l’Assemblée nationale, en appelant la chambre haute à la « sagesse » et au « compromis », afin d’ »aider ce gouvernement à calmer les tensions, surpasser les divisions ».

Mais dans un hémicycle dominé par une alliance entre Les Républicains et les centristes, où les macronistes sont très minoritaires, le chef du gouvernement n’a recueilli qu’une vingtaine d’applaudissements.

Droite et centristes vent debout

La suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle, annoncée mardi, a crispé les sénateurs LR, hostiles à tout recul. « Si vous cultivez le flou et n’avez d’autre objectif que de gagner du temps, alors ce sera sans nous », a averti Mathieu Darnaud, exigeant plus de clarté.

Même ton du côté du centre. Hervé Marseille, patron des sénateurs centristes et président de l’UDI, a dénoncé un « problème de méthode et de confiance » et reproché à Sébastien Lecornu de s’être « enfermé dans le dialogue avec les socialistes ». « Nous sommes disposés à (vous) soutenir, mais on ne peut pas soutenir à n’importe quelles conditions », a-t-il prévenu.

Le Sénat promet d’amender le budget

Claude Malhuret, président du groupe Horizons et proche d’Édouard Philippe, a de son côté fustigé une politique jugée trop conciliante. Selon lui, le Premier ministre aurait « payé très cher » la bienveillance socialiste. « Le Sénat va vous aider, pas à faire plaisir aux socialistes, mais à leur résister », a-t-il affirmé, promettant de « purger » le budget de « tout ce qui va dans le mauvais sens ».

Le président du groupe socialiste, Patrick Kanner, a pour sa part revendiqué la « victoire » du PS sur les retraites, tout en prévenant : « Notre décision de ne pas censurer ne vaut ni approbation ni chèque en blanc. »