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Dette : l’agence S&P abaisse d’un cran la note souveraine de la France

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Photo: EMMANUEL DUNAND/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

L’agence de notation S&P Global Ratings a abaissé d’un cran la note souveraine de la France vendredi, la faisant passer de AA-/A-1+ à A+/A-1, avec des perspectives stables. Cette décision constitue la deuxième dégradation en dix-huit mois.

Dans son communiqué, S&P explique que, « malgré la présentation cette semaine du projet de budget 2026, l’incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée ». L’agence, l’une des trois principales au monde avec Moody’s et Fitch, estime que « l’objectif de déficit public de 5,4% du PIB en 2025 sera atteint », mais que « sans mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire, l’assainissement budgétaire sera plus lent que prévu ».

Selon S&P, la dette publique brute atteindrait 121% du PIB en 2028, contre 112% fin 2024.

Réaction du gouvernement

Le ministère de l’Économie, dirigé par Roland Lescure, a indiqué « prendre acte » de cette dégradation. Dans une déclaration, il a réaffirmé la « détermination du gouvernement à tenir l’objectif de déficit de 5,4% du PIB pour 2025 ».

Bercy a également souligné que le projet de loi de finances pour 2026, présenté le 14 octobre, vise à ramener le déficit à 4,7% du PIB tout en préservant la croissance. « Il s’agit d’une étape clef qui nous permettra de respecter l’engagement de la France à ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2029 », a ajouté le ministère, précisant qu’il appartient désormais « au gouvernement et au Parlement de parvenir à l’adoption d’un budget dans ce cadre avant la fin de l’année 2025 ».

« Instabilité politique »

Cette décision de S&P intervient moins d’une semaine après la formation du gouvernement de Sébastien Lecornu et trois jours après la présentation du budget 2026. Elle survient également avant une nouvelle évaluation de Moody’s prévue le 24 octobre et un mois après que Fitch a elle aussi abaissé la note française à A+.

S&P justifie sa décision par le contexte politique instable : « La France traverse sa plus grave instabilité politique depuis la fondation de la Ve République en 1958 », écrit-elle, en rappelant que « depuis mai 2022, le président Emmanuel Macron a dû composer avec deux Parlements sans majorité claire et une fragmentation politique de plus en plus forte ».

L’agence souligne aussi que « l’approche de l’élection présidentielle de 2027 jette un doute sur la capacité réelle de la France à atteindre son objectif de déficit à 3% du PIB en 2029 ».

Le gouvernement Lecornu, qui vient d’éviter une motion de censure après une concession aux socialistes sur la réforme des retraites, devra affronter des débats budgétaires à l’Assemblée nationale sans majorité, tout en s’engageant à ne pas utiliser l’article 49.3 pour faire adopter son texte.

Une dette de plus en plus coûteuse

Les dégradations de note sont surveillées de près par les États car elles se traduisent souvent par une hausse des coûts d’emprunt. En 2025, la France devrait verser environ 55 milliards d’euros d’intérêts sur sa dette, déjà plus élevés que ceux supportés par l’Allemagne depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.

Avec cette nouvelle note A+, la France rejoint désormais le même niveau de notation que l’Espagne, le Japon, le Portugal et la Chine.

Avec AFP