Sophie Binet mise en examen pour « injure publique » après avoir qualifié les patrons de « rats qui quittent le navire »
La leader de la CGT, Sophie Binet, a déploré mardi sur France Inter sa mise en examen pour "injure publique" après avoir qualifié en janvier à la radio les patrons de "rats qui quittent le navire" dont "le seul objectif, est l'appât du gain".

La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet à une manifestation avec des travailleurs de Renault-Stellantis et des membres de la CGT, aux Invalides à Paris, le 4 février 2025.
Photo: XAVIER GALIANA/AFP via Getty Images
Le mouvement patronal Ethic (Entreprises de taille humaine, indépendantes et de croissance) avait annoncé en février porter plainte contre elle pour « injure publique ». La mise en examen est une procédure quasi automatique en cas de plainte pour injure publique.
Des propos tenus après la sortie de Bernard Arnault
Sophie Binet avait commenté, le 31 janvier sur RTL, des propos tenus quelques jours auparavant par le patron du groupe LVMH, Bernard Arnault. Le milliardaire avait estimé que le projet de surtaxe du gouvernement « poussait à la délocalisation ».
La dirigeante syndicale avait alors qualifié les grands patrons de « rats qui quittent le navire » dont « le seul objectif, est l’appât du gain ».
« J’ai découvert que j’étais mise en examen suite à ces propos. J’étais extrêmement choquée parce que en disant cela, je n’ai fait que mon travail de syndicaliste », a réagi mardi Sophie Binet.
« Ça s’appelle une image populaire, (…) je pense que c’est important dans le débat public qu’on puisse parler sans langue de bois », s’est-elle défendue. « Nous avons beaucoup plus de multinationales qui n’en ont rien à faire de l’emploi en France comme LVMH. C’est un handicap pour l’économie française. Les multinationales françaises traitent très mal leurs sous-traitants », a-t-elle ajouté.
L’offensive judiciaire de l’association Ethic
Dans sa plainte, l’association Ethic, présidée par Sophie de Menthon et dont l’objet est notamment d’« assurer par tous les moyens la promotion et la défense des entreprises », avait estimé que « l’ensemble des grands chefs d’entreprise sont ici directement pris à partie » par la syndicaliste.
L’association considérait que Mme Binet porte sur les chefs d’entreprise un « jugement de valeur négatif qui entache nécessairement leur honneur et leur réputation » et jugeait « particulièrement injurieuse » une comparaison avec des rats.
« Les entrepreneurs se félicitent de (la) mise en examen » a réagi mardi l’association dans un communiqué, assurant qu’elle continuerait « à défendre les entrepreneurs injustement fustigés à chaque occasion, eux qui subissent la conjoncture économique de plein fouet et qui font vivre notre pays ».
Ethic dénonce une « stigmatisation systématique »
L’association Ethic voit dans cette affaire le symbole, selon elle, d’une « stigmatisation systématique » des chefs d’entreprise et estime que de tels propos alimentent un climat de suspicion durable à l’égard du patronat. Elle affirme vouloir, par cette action, rappeler que le débat public ne peut se faire « au prix de la dignité » des entrepreneurs, présentés comme des acteurs centraux de l’investissement et de l’emploi.

Articles actuels de l’auteur









