Un manifestant, partisan de l'ancien président péruvien destitué Martín Vizcarra, brandit un drapeau péruvien lors d'une manifestation contre le gouvernement du président par intérim Manuel Merino à Lima, le 14 novembre 2020.
En seulement sept ans, le Pérou a connu six présidents qui n’ont pas terminé le mandat de cinq ans prévu par la Constitution du pays. Après la récente destitution de Dina Boluarte, le président du Parlement, José Jeri, a pris ses fonctions en tant que septième président du Pérou en sept ans.
La présidente péruvienne Dina Boluarte a été destituée le 10 octobre après que le Congrès l’a déclarée « moralement incapable » à la suite d’une série de scandales. Son mandat devait prendre fin le 28 juillet 2026, ce qui signifie que M. Jeri occupera la présidence pendant environ 9 mois.
Parmi les derniers présidents, certains n’ont purgé que quelques jours de prison, d’autres font l’objet d’enquêtes ou de poursuites judiciaires, et d’autres encore ont été ou sont actuellement emprisonnés.
Voici les six derniers présidents du Pérou et un bref résumé de leur passage à la présidence péruvienne.
Martín Vizcarra Cornejo
Martín Alberto Vizcarra Cornejo a remplacé en 2018 Pedro Pablo Kuczynski Godard, connu sous le nom de PPK, qui a démissionné après deux ans de mandat à la suite d’une série de scandales de corruption impliquant les « kenjivideos » et des liens présumés avec l’entreprise de construction Odebrecht.
Le président péruvien Martín Vizcarra Cornejo (à g.) rencontre le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, aux Nations unies à New York, le 25 septembre 2018. (DON EMMERT/AFP via Getty Images)
M. Kuczynski (« PPK ») fait l’objet d’un procès pour blanchiment d’argent présumé, pour avoir prétendument reçu des pots-de-vin de l’entreprise de construction brésilienne Odebrecht, dissimulés sous forme de consultations alors qu’il était ministre de l’ancien président Alejandro Toledo (2001-2006).
M. Vizcarra, qui était vice-président de M. Kuczynski, a occupé la présidence de mars 2018 à novembre 2019. Après un an et demi de mandat, il a dissous le Congrès, mais les nouveaux représentants de la Chambre ont obtenu sa destitution pour des faits présumés de corruption lorsqu’il était gouverneur de Moquegua, une région de la côte sud.
Il est actuellement poursuivi pour corruption passive, le parquet réclamant 15 ans de prison pour avoir prétendument reçu 679.000 dollars de pots-de-vin afin d’attribuer les travaux de Lomas de Ilo et l’agrandissement d’un hôpital à Moquegua alors qu’il était le plus haut responsable régional entre 2011 et 2014.
L’ancien président a fait part de son intention de se présenter à nouveau à la présidence du Pérou. Selon plusieurs sondages, M. Vizcarra figure parmi les premiers choix des électeurs pour les élections présidentielles de 2026, malgré les trois interdictions de se présenter imposées par le Congrès, que M. Vizcarra tente de faire annuler devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme
Manuel Merino de Lama
Après le départ de M. Vizcarra en 2020, Manuel Merino de Lama, alors président du Parlement, a pris ses fonctions de président. Cependant, cinq jours seulement après le début de son mandat, il a été contraint de démissionner en raison des manifestations contre sa nomination et la destitution de M. Vizcarra, qui ont fait deux morts et des dizaines de blessés.
Image télévisée prise lorsque le président par intérim du Pérou, Manuel Merino, annonce sa démission dans un message télévisé depuis le palais présidentiel, le 15 novembre 2020. (LUKA GONZALES/AFP via Getty Images)
Francisco Sagasti Hochhausler
M. Sagasti a pris le pouvoir le 17 novembre 2020 pour terminer le mandat commencé en 2016 par M. Kuczynski, qui devait prendre fin le 28 juillet 2021. Il a dirigé le Pérou pendant une période de crise très intense, marquée par la destitution de M. Vizcarra, qui a provoqué la colère de nombreux Péruviens, et par la crise sanitaire du Covid, qui a entraîné un taux de mortalité très élevé dans le pays.
Le député péruvien Francisco Sagasti s’exprime après avoir été élu président par intérim du Pérou au Congrès à Lima, le 16 novembre 2020. (LUKA GONZALES/AFP via Getty Images)
Après huit mois de mandat, M. Sagasti a cédé le pouvoir au vainqueur des élections de 2021.
Pedro Castillo Terrones
Après une ascension remarquable quelques jours avant le scrutin, Pedro Castillo Terrones, candidat du parti de gauche Perú Libre (PL), a été élu président du Pérou en battant son adversaire de droite, Keiko Fujimori, avec un score très serré de 50,13 % des voix.
Le président péruvien Pedro Castillo quitte le Congrès avec l’écharpe présidentielle après la cérémonie d’investiture présidentielle le 28 juillet 2021 à Lima, au Pérou. (Getty Images/Getty Images)
En 2022, près d’un an et demi après le début de son mandat et après une grande instabilité politique au sein de son gouvernement, l’assemblée plénière du Congrès l’a destitué pour « incapacité morale permanente », avec 101 voix sur 130, après avoir annoncé la dissolution du pouvoir législatif et déclaré un état d’urgence, ce qui a été qualifié de coup d’État par différentes voix, y compris celle de la vice-présidente.
M. Castillo est actuellement en prison et risque 34 ans de prison s’il est reconnu coupable des chefs d’accusation de « rébellion », d’abus d’autorité et de trouble à l’ordre public.
Dina Boluarte
Après la destitution de M. Castillo, le Parlement a demandé à la vice-présidente Dina Boluarte de prêter serment en tant que nouvelle chef de l’État, devenant ainsi la première femme à diriger le Pérou dans l’histoire du pays.
Alors que le mandat de Dina Boluarte devait prendre fin le 28 juillet 2026, la présidente a été destituée vendredi 10 octobre par le Congrès, qui l’a déclarée « moralement inapte » à la suite d’une série de scandales.
La présidente du Pérou, Dina Boluarte, arrive à la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU), le 23 septembre 2025, au siège de l’ONU à New York. (Alexi J. Rosenfeld/Getty Images)
Dina Boluarte, 63 ans, avait un faible taux de popularité après avoir été accusée d’avoir illicitement profité de sa fonction et d’être responsable de la répression meurtrière des manifestations. Elle a nié ces deux accusations.
En juillet 2024, le Congrès péruvien a rejeté la demande du procureur général visant à lever l’immunité de Mme Boluarte afin qu’elle puisse faire l’objet d’une enquête pour son implication présumée dans les décès survenus lors des manifestations de 2022-2023.
Mme Boluarte a fait l’objet d’une enquête pour avoir quitté ses fonctions après avoir subi une opération secrète de rhinoplastie sans informer le Congrès qu’elle céderait temporairement ses fonctions de chef de l’État. Dina Boluarte a également nié cette accusation.
José Jeri
Après la récente destitution de Mme Boluarte, le président du Parlement, José Jeri, a pris ses fonctions en tant que 7e président du Pérou depuis 2016.
Âgé de 38 ans, José Jeri est né à Jesús María, un quartier de classe moyenne de la capitale Lima, où il a étudié le droit à l’université publique Federico Villarreal et obtenu son diplôme d’avocat à l’université Inca Garcilaso de la Vega.
Le nouveau président du Pérou, José Jerí (au c.), arrive au palais présidentiel après l’annonce de la destitution de Dina Boluarte, le 10 octobre 2025, à Lima, au Pérou. (Mariana Bazo/Getty Images)
L’ascension soudaine de José Jeri a été ternie par des critiques concernant d’anciennes publications sur les réseaux sociaux qui le qualifient de machiste et par une accusation de viol que le parquet a récemment classée sans suite faute de preuves.
M. Jeri exercerait ses fonctions de président jusqu’en 2026, année où se tiendront les prochaines élections au Pérou.