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Sidérurgie : 18.000 emplois supprimés, l’Europe contre-attaque face à la Chine

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À l’aciérie Marcegaglia de Fos-sur-Mer, le 24 mars 2025, un ouvrier travaille à proximité d’un four à arc électrique.

Photo: CLEMENT MAHOUDEAU/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

L’Union européenne a annoncé mardi un plan inédit pour protéger son industrie sidérurgique face à la concurrence jugée déloyale de la Chine.

La Commission européenne prévoit notamment de réduire drastiquement les quotas d’importations d’acier et de doubler les droits de douane, afin de répondre à une crise qui menace directement l’emploi et la compétitivité du secteur.

Des quotas réduits et des droits de douane doublés

« En 2024, 18.000 emplois directs ont été supprimés dans la sidérurgie, c’est trop et cela devait cesser », a déclaré le vice-président de la Commission, Stéphane Séjourné, en présentant les mesures à la presse. Celles-ci incluent une réduction de 47% des quotas annuels d’acier étranger exempté de droits de douane, qui seraient ramenés à 18,3 millions de tonnes, soit le volume importé en 2013, avant que le marché ne soit déséquilibré par les surcapacités mondiales.

Autre mesure phare, les importations au-delà des quotas seront désormais soumises à des droits de douane de 50%, contre 25% actuellement. Ces taux atteindraient ainsi des niveaux comparables à ceux en vigueur aux États-Unis et au Canada. Les propositions doivent encore être validées par les États membres et le Parlement européen.

Traçabilité du métal et remplacement de la clause de sauvegarde

Les importateurs de produits en acier transformé devront en outre déclarer le pays où le métal a été « fondu et coulé », afin de prévenir les contournements des barrières douanières. Ce dispositif remplacera la « clause de sauvegarde » instaurée en 2019, qui expire en 2026.

« L’industrie sidérurgique européenne était au bord de l’effondrement. Nous la protégerons pour qu’elle puisse investir, décarboner et ainsi redevenir compétitive », avait promis Stéphane Séjourné avant ces annonces.

La domination chinoise sur le marché mondial

L’ampleur du déséquilibre mondial est manifeste : la Chine a produit plus d’un milliard de tonnes d’acier en 2023, soit plus de la moitié de la production mondiale. Loin derrière, l’Inde en a produit 149 millions, le Japon 84 et les États-Unis 79. En Europe, l’Allemagne a produit 37 millions de tonnes, l’Espagne 12 et la France moins de 11.

Une industrie européenne fragilisée

Cette domination chinoise, soutenue par de fortes subventions et des surcapacités massives, pèse lourdement sur les prix mondiaux et fragilise les industriels européens. Conséquence : fermetures d’usines et plans sociaux se multiplient, dans un secteur qui emploie encore 300.000 personnes directement et 2,5 millions indirectement en Europe.

En Allemagne, le conglomérat Thyssenkrupp envisage de céder sa division acier à l’indien Jindal Steel. En France, ArcelorMittal a supprimé 600 postes et menacé d’abandonner la décarbonation de ses hauts-fourneaux à Dunkerque.

Une « bouée de sauvetage » pour le secteur

Les acteurs du secteur ont réagi favorablement. Eurofer, l’organisation professionnelle des sidérurgistes, a parlé d’« une bouée de sauvetage pour les sidérurgistes et les ouvriers ». Ursula von der Leyen a insisté : « Nous devons agir maintenant », appelant les 27 et les eurodéputés à adopter rapidement ces mesures, qui devraient entrer en vigueur au plus tard le 1er juillet 2026.

Aditya Mittal, PDG d’ArcelorMittal, a salué cette décision : « Au nom de tous les salariés d’ArcelorMittal en Europe, je suis sincèrement soulagé », remerciant l’UE « d’avoir compris la gravité de la situation et d’avoir agi de manière ferme et adaptée ».

Le commissaire au Commerce, Maros Sefcovic, a rappelé que « les surcapacités mondiales sont cinq fois plus importantes que la consommation d’acier annuelle de l’UE ».

En parallèle, Bruxelles poursuit des négociations avec Washington pour obtenir une exemption des droits de douane américains sur l’acier européen, afin de renforcer la coopération transatlantique face à la Chine.