Sébastien Lecornu veut créer une prime « régalienne » de 500 € par an pour les maires
Sébastien Lecornu a annoncé jeudi, devant le 107e congrès des maires, qu’il étudiait la création d’une prime « régalienne » de 500 euros par an pour chaque édile, destinée à mieux reconnaître et sécuriser les décisions qu’ils prennent au nom de l’État.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu s’exprime au 107ᵉ Congrès des maires, à Paris, le 20 novembre 2025.
Photo: BERTRAND GUAY/POOL/AFP via Getty Images
« On ne peut pas demander aux maires, agents de l’État, de prendre sans cesse plus de risques sans voir ce risque reconnu. Et donc j’ai demandé aux ministres de travailler à un principe de prime régalienne qui pourrait représenter 500 euros par an pour chaque maire, quelle que soit la taille de la commune », a déclaré le Premier ministre en clôture du rendez-vous annuel organisé à Paris.
Il s’agit, a-t-il précisé, de « sécuriser (la) capacité (du maire) à prendre un certain nombre d’actes au nom de l’État ». La France compte quelque 35.000 communes, dont les maires sont en première ligne sur de nombreux sujets sensibles, de la sécurité locale à l’urbanisme en passant par la gestion de crises.
Une prime pour reconnaître le risque des élus locaux
Par cette prime, Sébastien Lecornu entend adresser un signal politique aux maires, régulièrement confrontés à une judiciarisation croissante de leurs fonctions et à une montée des incivilités. Cette rémunération complémentaire, modeste dans son montant, se veut avant tout un outil de reconnaissance du caractère régalien de certaines de leurs prérogatives.
Le chef du gouvernement insiste ainsi sur la responsabilité particulière qui incombe aux maires lorsqu’ils signent des arrêtés, délivrent des autorisations ou prennent des mesures de police administrative au nom de l’État. Cette initiative intervient à quelques mois des prochaines municipales, dans un climat de lassitude d’une partie des élus locaux.
Un « méga décret » pour simplifier les normes
Au-delà de la prime, le Premier ministre a également annoncé la préparation d’un « méga décret » d’ici Noël pour « élaguer » une trentaine de normes jugées « complètement surréalistes ». Il prévoit d’en supprimer encore 70 supplémentaires « entre janvier et février », afin d’alléger le quotidien administratif des communes.
Sébastien Lecornu a cité plusieurs mesures appelées à disparaître, dont sa « préférée » : l’obligation annuelle de vidange des piscines municipales. Une exigence coûteuse et contraignante pour les collectivités, qu’il souhaite voir supprimée au nom du bon sens. « Je souhaite que le début du prochain mandat municipal puisse se faire dans la plus grande des simplicités », a-t-il appuyé, promettant un acte fort de simplification au bénéfice des élus de terrain.
Alerte sur le « désordre politique » au Parlement
Le Premier ministre, privé de majorité pour faire adopter son budget, a profité de son intervention pour dénoncer le « désordre politique » qui règne au Parlement. Il a appelé à « arriver à sauver la démocratie représentative » et à « faire en sorte qu’un chemin de compromis puisse être trouvé » sur les finances publiques.
« Parce que je ne vois pas beaucoup de bonnes nouvelles pour le pays issu du désordre politique », a-t-il affirmé, mettant en garde contre l’absence de « progrès social » et le blocage des « avancées pour les collectivités territoriales, les services publics de proximité pour celles et ceux qui vont s’engager demain pour leurs territoires ».
Dans un contexte international tendu, Sébastien Lecornu a enfin dressé un avertissement plus large : « Et dans un moment si dur sur le terrain géopolitique, la France ne peut pas se permettre un déclin uniquement sur fond de désordre politique. » Une manière de lier étroitement stabilité institutionnelle, capacité d’action publique et soutien aux élus locaux, au premier rang desquels les maires.

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