Salah Abdeslam envisage d’entamer une démarche de justice restaurative avec des victimes du 13-Novembre
Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015, souhaite aujourd’hui « ouvrir une porte aux parties civiles » dans le cadre d’une démarche de « justice restaurative », selon son avocate, Me Olivia Ronen, qui s’est exprimée mardi matin.

Salah Abdeslam (centre) et Sofien Ayari (gauche) lors du procès des attentats de Bruxelles, le 3 avril 2023.
Photo: JOHN THYS/POOL/AFP via Getty Images
« On a une personne qui essaie d’accéder à l’éducation, une personne qui par ailleurs a présenté des excuses aux parties civiles lors de son procès, (…) qui aimerait pouvoir expliquer la situation et peut-être discuter, ouvrir une porte aux parties civiles, si toutefois celles-ci le souhaitent, pour pouvoir évoquer la détention et ce procès-là », a-t-elle expliqué au micro de franceinfo.
Un désir de dialogue inédit
La démarche, qui a par ailleurs été sollicitée par certaines parties civiles, vise à permettre la rencontre entre les victimes et le principal accusé des attentats, à travers le principe de la justice restaurative – une approche quasi-thérapeutique, encadrée, qui cherche à favoriser le dialogue et l’apaisement social. Selon Me Ronen, « des principes de justice restaurative permettent aux personnes mises en cause et aux victimes d’essayer de dépasser quelque chose pour viser un apaisement social. »
Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l’association Life for Paris, a répondu sur X à l’avocate : « Plusieurs victimes des attentats s’intéressent à la justice restaurative, ce qui pourrait aboutir comme en Espagne ou en Italie à des rencontres en prison avec votre client. »
L’initiative, largement méconnue il y a encore quelques années, ne se substitue toutefois pas à la justice pénale. Les rencontres entre auteurs et victimes d’infractions similaires, ou la médiation restaurative impliquant victime et auteur d’une même affaire, traduisent la volonté de faire émerger de nouveaux dispositifs équilibrés.
Un parcours carcéral sous surveillance
Le parcours carcéral de Salah Abdeslam demeure étroitement surveillé. Le seul survivant des commandos meurtriers du 13 novembre 2015, incarcéré à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), a récemment été placé deux fois en garde à vue puis réintégré, dans le cadre d’une enquête portant sur la détention d’une clé USB – transmise lors d’un parloir par une ex-compagne, Maëva B. – chargée de documents de propagande d’organisations terroristes selon le parquet antiterroriste.
Maëva B. est également mise en examen et placée en détention, soupçonnée d’implication dans un projet d’attentat déjoué. À ce stade, la directrice générale de la Sécurité intérieure, Céline Berthon, précise que Salah Abdeslam, toujours considéré comme radicalisé, « n’est pas mis en cause » dans ce projet d’attentat.
Une mémoire collective à vif
Jeudi prochain, la France s’apprêtera à commémorer les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, journée d’hommage aux victimes d’une tragédie ayant fait 132 morts, dont deux rescapés du Bataclan emportés par leurs blessures psychiques. La séquence judiciaire et les débats autour de la justice restaurative viennent rappeler, une nouvelle fois, la difficulté d’apaisement pour une société profondément marquée par l’horreur.

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