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Retraites complémentaires du privé : pensions gelées faute d’accord à l’Agirc-Arrco

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Photo: EMMANUEL DUNAND/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Les pensions complémentaires des anciens salariés du privé ne seront pas revalorisées au 1er novembre, a annoncé vendredi l’Agirc-Arrco. Le régime, géré conjointement par les syndicats et le patronat, justifie cette décision par l’absence d’accord à l’issue d’une réunion jugée tendue par plusieurs sources, alors que planait l’incertitude liée à la suspension de la réforme des retraites.

Chaque année, les partenaires sociaux définissent le taux d’évolution des pensions complémentaires, en fonction de l’inflation et de la situation économique. En l’absence d’accord, la règle prévoit un gel des pensions. « Ce 17 octobre, faute d’accord, les retraites complémentaires Agirc-Arrco ne seront pas revalorisées au 1er novembre. La valeur d’achat du point ne sera pas modifiée », a indiqué le régime dans un communiqué.

Les marges de manœuvre limitées du régime

Le calcul du taux de revalorisation doit garantir la pérennité du régime, dont la “règle d’or” impose de disposer en permanence d’au moins six mois de réserves de paiement. Celles-ci atteignent aujourd’hui plus de 86 milliards d’euros.
Selon un accord signé en 2023, la revalorisation doit être inférieure de 0,4 point à l’inflation, mais peut être ajustée jusqu’à ce niveau selon la situation financière du régime. Cette année, le taux pouvait varier entre 0,2% et 1%.

Les syndicats, s’appuyant sur la bonne santé financière du régime et anticipant un gel des pensions de base prévu pour 2026, espéraient s’approcher du plafond de 1%. Le patronat, lui, a défendu un taux plancher de 0,2%, et n’a pas cédé.

Le désaccord ravivé par la réforme suspendue

Le bras de fer s’est durci après la décision du Premier ministre, Sébastien Lecornu, d’annoncer la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle, une mesure jugée inacceptable par le patronat. Ce dernier a expliqué sa position dans un communiqué commun du Medef, de la CPME et de l’U2P, évoquant « une incertitude forte sur l’équilibre à moyen terme » du régime.

Selon ces organisations, une hausse limitée à 0,2% restait « soutenable pour les retraités au regard du net ralentissement de l’inflation » et cohérente avec le gel prévu des pensions de base, dans un contexte de « forte dégradation des finances publiques » nécessitant une « maîtrise » des dépenses.

Les syndicats dénoncent un blocage

Les syndicats ont condamné unanimement ce frein patronal. Pour la CFDT, « toute revalorisation inférieure à 0,6% était totalement injustifiable ». « Le patronat s’est entêté » et « cette absence de mesure a conduit au blocage », déplore-t-elle, jugeant « incompréhensible » ce gel qui touchera près de 14 millions de retraités.

La centrale syndicale accuse par ailleurs le patronat de faillir à ses responsabilités au moment où le gouvernement envisage de lui confier un rôle accru dans la gestion des retraites. « Le patronat fait après le conclave la démonstration qu’il n’en est pas à la hauteur », conclut-elle.

La CGT partage ce constat. Son négociateur retraites Denis Gravouil a fustigé un « scandale » et la « position purement dogmatique, idéologique du patronat, qui ne se justifie par rien » et « semble plutôt une vengeance dans le débat actuel ».

Une réforme en suspens et de nouvelles perspectives

Pour éviter une censure parlementaire, le Premier ministre a promis cette semaine au PS de suspendre la réforme des retraites de 2023, qui relevait progressivement l’âge légal de départ de 62 à 64 ans et augmentait le nombre de trimestres pour une pension à taux plein. Sébastien Lecornu a également annoncé son intention d’ouvrir une « conférence sociale » et de confier davantage de responsabilités aux partenaires sociaux pour la gestion du système de retraites, avec des propositions attendues « d’ici le printemps ».

Un enjeu majeur pour 14 millions de retraités

Le régime Agirc-Arrco, dont les prestations représentent entre 30% de la pension totale pour les salariés les moins bien rémunérés et jusqu’à 60% pour les cadres, concerne 14 millions de retraités. En 2024, les pensions complémentaires avaient été revalorisées de 1,6%.

Avec AFP