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Qui est « l’Iron Lady » du Japon, pressentie pour devenir la prochaine Première ministre ?

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Sanae Takaichi, la nouvelle dirigeante du Parti libéral-démocrate (PLD), formation au pouvoir au Japon, assiste à une conférence de presse après l’élection présidentielle du PLD, le 4 octobre 2025 à Tokyo

Photo: Yuichi Yamazaki - Pool/Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Sanae Takaichi a été choisie ce week-end comme nouvelle dirigeante du Parti libéral-démocrate (PLD), formation de centre droit, et devrait devenir la première femme à occuper le poste de Première ministre au Japon.
« Plutôt que d’être heureuse, j’ai le sentiment que le travail difficile commence ici », a déclaré Mme Takaichi, 64 ans, dans son discours de victoire.
Ancienne ministre de la Sécurité économique et des Affaires intérieures, Mme Takaichi a souvent affirmé puiser son inspiration chez Margaret Thatcher, Première ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990, dont le nom a été donné à une doctrine politique et économique, le thatchérisme.
Mme Takaichi a indiqué avoir rencontré Mme Thatcher, surnommée « l’Iron Lady » par la presse britannique, lors d’un symposium peu avant sa mort en 2013.
Alors, quel est son parcours ?
Mme Takaichi est née à Nara, près d’Osaka, dans la région économiquement stratégique du Kansai, sur l’île principale de Honshu, en 1961, au moment où l’économie japonaise rebondissait après les destructions de la Seconde Guerre mondiale.
Son père travaillait dans l’industrie automobile et sa mère était policière à Nara.
Diplômée en gestion de l’université de Kobe, elle intègre en 1984 l’Institut Matsushita de gouvernement et de management, fondé par le créateur de Panasonic pour « former les leaders de demain ».
En décembre 1987, elle a été boursière au Congrès des États-Unis pendant deux ans, avant d’enseigner à l’École supérieure d’économie de Nihon.
Elle fait son entrée en politique en 1993, en remportant un siège à la Chambre basse comme indépendante, puis représente brièvement le défunt Nouveau Parti du Front avant de rejoindre le PLD en 1996.
Mme Takaichi obtient son premier poste ministériel junior en 1998, sans pour autant gravir les échelons à un rythme particulièrement soutenu.
En 2006, lorsque Shinzo Abe devient Premier ministre, il la nomme ministre d’État chargée de la Politique scientifique et technologique ; huit ans plus tard, lors d’un remaniement, il la désigne ministre des Affaires intérieures et des Communications.
Elle assume également des responsabilités clés au sein du PLD, notamment la présidence du Conseil de recherche politique.
Après la démission de M. Abe en 2020, l’ascension de Mme Takaichi se poursuit : en 2022, elle est promue ministre de la Sécurité économique dans le gouvernement du nouveau Premier ministre, Fumio Kishida.

Précédentes candidatures à la direction

Son ambition n’a jamais fait mystère : elle s’est portée candidate à la direction du PLD en 2021 puis en 2024.
L’an dernier, elle était en tête au premier tour du scrutin, mais après l’élimination de Shinjiro Koizumi, la majorité de ses soutiens s’est reportée sur Shigeru Ishiba, qui a été dûment élu.
Cette fois, elle a conservé son avance au premier tour et a battu M. Koizumi pour s’emparer de la direction.
Mme Takaichi demeure une partisane de l’« Abenomics », la politique de relance chère à son mentor politique, Shinzo Abe, assassiné en 2022.
Elle a plaidé pour des baisses d’impôts afin d’aider les ménages face à la hausse du coût de la vie et a critiqué la Banque du Japon pour ses relèvements de taux.
À cet égard, elle pourrait partager de nombreux points communs avec le président américain Donald Trump, attendu au Japon à la fin du mois.
Classée à droite au sein du PLD, Mme Takaichi a souvent adopté des positions nationalistes, critiquées par la Chine, la Corée du Sud et d’autres pays.
Elle se rend régulièrement au sanctuaire Yasukuni, à Tokyo, qui — selon la religion shintoïste — abrite les kami, ou âmes, de 2,5 millions de morts pour le Japon, dont plusieurs criminels de guerre exécutés.
De telles visites sont souvent perçues par d’autres pays d’Asie comme une glorification du passé militariste du Japon.
Mme Takaichi est également favorable à une révision de la Constitution, rédigée après la guerre, et à un renforcement des capacités militaires de Tokyo face aux menaces chinoise et nord-coréenne.

Alliance avec Taïwan

Elle a suggéré que le Japon pourrait nouer une « quasi-alliance de sécurité » avec Taïwan.
Dans un discours le mois dernier, Mme Takaichi a aussi dénoncé des touristes étrangers qui donnaient des coups de pied aux cerfs sacrés du parc de Nara, s’emparant du sujet des incivilités touristiques devenu enjeu politique, alors que l’opinion s’inquiète de la hausse de l’immigration.
Mme Takaichi a épousé en 2004 Taku Yamamoto, parlementaire du PLD, et a officiellement adopté ses trois enfants.
Le couple a divorcé en 2017 avant de se remarier quatre ans plus tard. Il a été victime d’un AVC plus tôt cette année.
Les agences Associated Press et Reuters ont contribué à la rédaction de cet article.