Philippe Aghion, Nobel d’économie 2025, appelle à une riposte européenne contre l’hégémonie technologique américaine et chinoise

L'économiste Philippe Aghion lauréat du Prix Nobel d’économie 2025.
Photo: ERIC PIERMONT/AFP via Getty Images
Lauréat du Prix Nobel d’économie 2025 avec le Canadien Peter Howitt, le Français Philippe Aghion a exhorté lundi les pays européens à réagir face à la domination technologique croissante des États-Unis et de la Chine.
« Je pense que les pays européens doivent se rendre compte que nous ne devons plus laisser les États-Unis et la Chine devenir les leaders technologiques et perdre face à eux », a-t-il déclaré depuis Stockholm après avoir été joint par le comité Nobel.
Un prix pour la théorie de la destruction créatrice
Les deux économistes sont récompensés pour leurs travaux ayant permis de formaliser mathématiquement le concept de « destruction créatrice » — ce processus par lequel l’arrivée d’un produit nouveau et plus performant remplace les anciens, provoquant la disparition d’entreprises moins innovantes.
L’Europe, freinée par un manque d’innovation
Philippe Aghion a profité de cette reconnaissance pour s’alarmer du retard pris par l’Europe sur le plan économique. « Après une période de rattrapage de l’Europe par rapport aux États-Unis en termes de PIB par habitant entre la Seconde Guerre mondiale et le milieu des années 80, l’écart s’est à nouveau creusé », a-t-il expliqué.
Selon lui, ce décrochage s’explique d’abord par le manque d’innovations majeures sur le continent européen. « La raison principale est que nous n’avons pas réussi à mettre en œuvre des innovations technologiques majeures. Nous sommes restés cantonnés à des avancées technologiques moyennes », a-t-il déploré, ajoutant que ce diagnostic correspond « tout à fait » aux conclusions du rapport de Mario Draghi sur la compétitivité européenne.
Le rôle des politiques et des institutions
Ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi a récemment proposé une série de mesures pour relancer la croissance et renforcer la capacité d’innovation du Vieux Continent. Philippe Aghion, lui, insiste sur l’urgence de bâtir un écosystème favorable à la recherche et au financement des innovations de rupture. « Nous ne disposons pas d’un écosystème financier propice à l’innovation », a-t-il regretté.
Joel Mokyr distingué pour ses travaux sur la croissance durable
Parallèlement, la deuxième moitié du Prix Nobel d’économie 2025 revient à l’Américano-Israélien Joel Mokyr, récompensé pour ses recherches identifiant les conditions qui permettent à une société d’assurer une croissance durable grâce au progrès technologique.
Le prix Nobel d’économie se compose d’un diplôme, d’une médaille et d’un chèque de 11 millions de couronnes suédoises (soit environ un million d’euros), à partager entre les lauréats.
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