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Patrick Edery : « Il est scandaleux de voir le communisme bénéficier d’autant d’indulgence en France »

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Photo: Crédit photo Patrick Edery

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Durée de lecture: 6 Min.

ENTRETIEN – Le 17 juillet, le président tchèque Petr Pavel a signé un amendement du code pénal interdisant la propagande communiste, la plaçant au même niveau que celle du nazisme. Cet amendement répond à une demande de différentes institutions qui dénonçaient depuis longtemps un traitement inégal des deux idéologies. Pourra être condamné à des peines allant jusqu’à cinq ans de prison toute personne qui « crée, soutient ou promeut des mouvements nazis, communistes ou autres qui visent manifestement à supprimer les droits de l’homme et les libertés ou à inciter à la haine raciale, ethnique, nationale, religieuse ou fondée sur la classe sociale ».
Patrick Edery est éditorialiste pour le think tank Deliberatio. Pour lui, au regard du bilan humain de l’idéologie marxiste, cet amendement est plus que bienvenu. Mais l’éditorialiste déplore qu’en France, nombreux sont ceux qui semblent ignorer la vérité sur le communisme.
Epoch Times : Patrick Edery, comment décryptez-vous cette criminalisation de la propagande communiste en République Tchèque ?
Patrick Edery : Je trouve cette loi tellement évidente que si je dois analyser quelque chose, c’est bien ceux qui la trouvent anormale, notamment ceux qui estiment qu’elle porte atteinte aux libertés. Ces personnes qui défendent l’idéologie communiste sont d’ailleurs nombreuses en France puisque ce courant politique a bien infusé dans toute la société, plus particulièrement dans le monde enseignant et les médias.
À tous ces gens, j’aimerais leur rappeler une chose : le communisme a du sang sur les mains. Quand vous additionnez les horreurs commises par l’ensemble des régimes marxistes que le monde a connus (URSS, Chine communiste, Cambodge) vous vous retrouvez avec un bilan humain bien plus lourd que celui de l’Allemagne nazie, un régime qui est pourtant allé très loin dans l’horreur.
Beaucoup en France semblent ignorer la vérité sur le communisme. C’est un système de violence et d’oppression.
En son temps, Marx lui-même parlait de « dictature du prolétariat ». Et tous les communistes qui aujourd’hui expliquent que s’il y a eu de telles horreurs au XXe siècle, c’est parce que le marxisme a été mal appliqué, se trompent. Les régimes ont suivi à la lettre les écrits de Marx.
Il est scandaleux de voir cette idéologie mortifère bénéficier d’autant d’indulgence en France.
Imaginez une situation dans laquelle le nazisme bénéficierait de la même indulgence culturelle et institutionnelle dont jouit le communisme actuellement. Il y aurait, à raison, une levée de boucliers. Je regrette qu’il n’y ait pas la même indignation pour le marxisme.
La France baigne tellement dans cette idéologie que même certaines personnalités de droite cherchent systématiquement à obtenir des bons points de la gauche. Je pense notamment à Édouard Philippe ou encore Dominique de Villepin.
Vous dites qu’en France, nous « baignons dans l’idéologie marxiste ». Quelle en est la raison ?
Le PCF a été longtemps un parti politique de premier plan, notamment au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Cette force a permis aux communistes d’infiltrer nombre de milieux, que ce soit la justice, certains médias, le monde de la culture et l’Éducation nationale.
Malheureusement, de Gaulle avait besoin de leur soutien à l’époque pour revenir au pouvoir et a laissé le PCF s’imposer dans les secteurs que je viens de citer. Ce fut, à mon sens, sa plus grande erreur.
Et aujourd’hui, les héritiers de ces gens sont toujours aux manettes, mais sous une forme différente : le terme « progressiste » a remplacé « communiste » et la lutte des races est la nouvelle version de la lutte des classes.
Cette indulgence peut-elle aussi s’expliquer par le fait que la France n’a jamais connu de dictature communiste ?
Oui c’est sûr. Dans les pays ayant souffert du totalitarisme communiste, l’indulgence dont vous parlez est inexistante.
Mais au-delà de la raison que vous évoquez, j’insisterais encore sur le facteur culturel. Le monde anglo-saxon qui n’a pourtant pas connu la dictature communiste n’est pas aussi tolérant à l’égard de cette idéologie que le sont les Français. La France est un cas bien particulier.
Encore une fois, je reviens à de Gaulle. Nous avons laissé trop d’espace à la gauche totalitaire et en payons toujours le prix.
Peut-on voir dans cet amendement signé par le président tchèque un message envoyé à Moscou ?
C’est une possibilité. Je sais qu’en Pologne, ils sont allés encore plus loin en lançant dès 2016, une politique de « décommunisation » visant notamment à renommer des places communistes et à déboulonner des statues à l’effigie de héros soviétiques. Ce qui a fortement déplu à Moscou.
Il se pourrait donc que de manière moins forte, Prague cherche également à consolider sa rupture et son désaveu de la Russie qui lui a imposé le communisme contre son gré.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.