Logo Epoch Times

Narcotrafic : les États-Unis passent à l’offensive militaire dans les Caraïbes

top-article-image

Le bâtiment du Capitole, le 23 juin 2025, à Washington, DC.

Photo: Joe Raedle/Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 4 Min.

L’administration Trump marque un tournant radical dans sa stratégie de lutte contre le narcotrafic en recourant pour la première fois à la force militaire létale contre des présumés trafiquants en eaux internationales.
Cette nouvelle approche, confirmée par le secrétaire d’État Marco Rubio, constitue un changement de doctrine majeur qui privilégie l’élimination plutôt que l’arrestation.
Une opération sans précédent
Mardi dernier, une frappe militaire américaine a visé une embarcation dans les Caraïbes, causant la mort de onze personnes que Donald Trump a qualifiées de « terroristes ». Les images diffusées par le président montrent une petite embarcation détruite par une explosion, contrastant avec les méthodes traditionnelles d’interception et d’arrestation utilisées par les forces de l’ordre.
Cette opération marque une rupture fondamentale : pour la première fois, l’armée américaine, et non les agences civiles, intervient directement contre le trafic de drogue. Selon Donald Trump, les victimes appartenaient au Tren de Aragua, un cartel vénézuélien récemment classé comme organisation terroriste par Washington.
Une légitimité contestée
Le Venezuela a vivement dénoncé cette action. Le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello a qualifié l’opération d’« exécution extrajudiciaire », contestant sa légalité en droit international. Caracas a même initialement mis en doute l’authenticité des images, évoquant une possible manipulation par intelligence artificielle.
Pour Ryan Berg du Center for Strategic and International Studies, cette méthode rappelle davantage les opérations antiterroristes américaines au Sahel ou contre la piraterie dans le Golfe qu’une traditionnelle mission antidrogue. L’approche évoque les assassinats ciblés par drones, notamment développés sous l’administration Obama contre les jihadistes au Moyen-Orient.
Un message politique fort
Au-delà de l’aspect opérationnel, cette frappe véhicule un message géopolitique clair. L’opération coïncide avec la visite de Marco Rubio au Mexique, pays envers lequel l’administration Trump n’exclut pas d’ « interventions militaires ».
Guadalupe Correa-Cabrera, spécialiste de la criminalité organisée à l’Université George Mason, y voit « un acte de guerre » symbolique, même s’il n’en a pas la qualification juridique stricte. L’objectif dépasse la simple dissuasion des trafiquants pour constituer « une démonstration de force » envers le gouvernement de Nicolas Maduro.
Cette interprétation se confirme par le déploiement récent de sept navires de guerre américains dans les Caraïbes, alors que Washington accuse le président vénézuélien de diriger personnellement un réseau de narcotrafic et a mis sa tête à prix.
Une stratégie calculée
Malgré cette escalade, les experts estiment le risque d’affrontement direct limité. Ryan Berg souligne que l’opération s’est déroulée en eaux internationales et qu’une protestation trop véhémente de Nicolas Maduro « reviendrait presque à confirmer l’accusation américaine qu’il dirige un cartel ».
À court terme, cette nouvelle doctrine pourrait perturber significativement les routes de trafic dans le sud des Caraïbes et exercer un « effet dissuasif très fort » sur les organisations criminelles.
Une nouvelle ère revendiquée
Le gouvernement américain assume pleinement ce durcissement. « Les temps ont changé. Nous sommes dans une nouvelle ère », a déclaré le secrétaire à la Défense Pete Hegseth. Marco Rubio a renchéri en affirmant que « le temps où l’on pouvait agir en toute impunité » était révolu.
Cette militarisation de la lutte antidrogue illustre la volonté de l’administration Trump d’imposer ses solutions par la force, marquant une rupture avec les approches traditionnelles privilégiant la coopération internationale et les procédures judiciaires. Les répercussions de ce changement de paradigme sur la stabilité régionale et les relations internationales restent à évaluer.