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Mehdi Kessaci assassiné

Narcohomicides à Marseille : Mehdi Kessaci, 20 ans, aspirant policier et militant antinarcos, assassiné comme son frère en 2020

Marseille pleure ce vendredi une nouvelle victime innocente. Mehdi Kessaci, 20 ans, aspirant policier, a été froidement assassiné jeudi après-midi près d'une salle de concert. Deux individus à moto ont ouvert le feu avant de prendre la fuite. Les auteurs sont activement recherchés par les forces de l'ordre.

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Capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience. Mehdi Kessaci, âgé de 20 ans, a été abattu à Marseille, dans le sud de la France, le 13 novembre 2025.

Photo: JEREMY MARTIN, MAXIME CONCHON/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Ce meurtre frappe de plein fouet la famille d’Amine Kessaci, militant écologiste de 22 ans devenu une figure de la lutte contre le narcobanditisme marseillais. Pour cette famille, c’est un drame qui se répète : en 2020, un autre frère, Brahim, avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule. Sur six enfants, deux ont désormais été tués.

« Un changement de dimension absolument terrifiant »

Le procureur Nicolas Bessone évoque ouvertement l’hypothèse d’un crime d’intimidation visant à faire taire Amine Kessaci. Le jeune militant bénéficie d’ailleurs d’une protection policière depuis quelques semaines. Selon les autorités, Mehdi était une « victime innocente », sans aucun lien avec les milieux criminels.
« Si tel devait être le cas, on aurait franchi une étape supplémentaire », a déclaré le magistrat, évoquant des « périodes terribles » où l’on assassine des proches pour atteindre ses véritables cibles.
Le maire de Marseille, Benoît Payan, se montre plus alarmiste encore : « Nous serions devant un changement de dimension absolument terrifiant, où l’on méprise la vie pour des menaces, de l’argent ou du pouvoir. » L’élu parle d’une possible « bascule criminelle » sans précédent.

Le prix du courage : Amine Kessaci dans la ligne de mire

Amine Kessaci, qui a failli être élu député en 2024, a récemment publié un livre intitulé « Vivre et mourir en terre de narcotrafic », une longue lettre à son frère Brahim assassiné. Cette publication intervient dans un contexte sensible : le procès des meurtriers présumés de Brahim est attendu pour 2026.
Le jeune homme a fondé l’association Conscience pour soutenir les familles de victimes de « narchomicides ». Vendredi, une cagnotte a été lancée pour aider sa famille à surmonter cette nouvelle épreuve. Pour le moment, Amine garde le silence.

« Des méthodes de la mafia italienne »

« On s’en prend à une famille pour museler la parole, ça va refroidir pas mal de monde », déplore Karima Méziène, avocate elle-même endeuillée par un règlement de comptes. Elle dénonce des pratiques dignes « de la mafia italienne ».
Le criminologue Jean-Baptiste Perrier souligne la nouveauté de cette affaire : « La personne intimidée ne participe pas au trafic », au contraire, elle en fait un combat public. C’est un seuil franchi dans l’escalade de la violence.

Une spirale meurtrière qui s’accélère

Les chiffres sont glaçants : 14 personnes ont été tuées dans des narchomicides depuis janvier dans les Bouches-du-Rhône. Les victimes ne sont plus uniquement des acteurs du trafic, mais aussi des petites mains, parfois mineures, touchées de manière indiscriminée.
Les tueurs sont également de plus en plus jeunes. Il y a un an, un adolescent de 14 ans à peine, recruté pour 50 000 euros, avait tué un chauffeur VTC innocent avant même d’atteindre sa cible réelle.
Depuis 2020, année de l’assassinat de Brahim Kessaci qui avait provoqué un électrochoc, les autorités évoquent une « cartélisation » comparable aux situations sud-américaines. Aujourd’hui, c’est l’espoir lui-même qui semble visé.
Comme l’écrit l’association Adelphi’cité : « Cette fois, c’est un symbole encore plus fort qui est touché : celui de l’espoir, de la résistance, de la parole libre. »
Avec AFP