Opinion
Manuel Herrero : « Il ne s’agit pas de jouer les « cow-boys » avec nos armes, mais de nous défendre et défendre la population »

Photo: Crédit photo Manuel Herrero
ENTRETIEN – La France insoumise a créé la polémique le 6 juillet sur BFMTV. Mathilde Panot a confirmé que la police municipale sera désarmée dans les villes remportées par les Insoumis lors des élections municipales, précisant que les policiers municipaux seraient réintégrés dans la police nationale avec une police de proximité. Des propos qui ont provoqué de vives réactions, aussi bien de la part de responsables politiques que de policiers syndicalistes.
Manuel Herrero est secrétaire national UNSA Police municipale. LFI ne connaît pas les enjeux autour de la police municipale déplore-t-il.
Epoch Times : Manuel Herrero, comment avez-vous réagi à ces déclarations ?
Manuel Herrero : Mathilde Panot remet en cause des années de travail de concertation avec le ministère de l’Intérieur pour que nous puissions travailler dans des conditions convenables. J’ajoute que ce sont les élus eux-mêmes qui mobilisent depuis une quinzaine d’années les policiers municipaux sur des créneaux horaires exigeants.
Depuis les années 2010, on estime que les plages horaires de surveillance des agents ont augmenté de 40 % ! Par ailleurs, vous ne pouvez pas faire sortir des patrouilles la nuit si elles ne sont pas armées.
On voit qu’à partir de 21 heures, il y a une population qui rentre à la maison et une autre qui sort. Celle qui sort est souvent composée de gens plus agressifs et parfois des malfrats. Il ne s’agit pas de jouer les « cow-boys » avec nos armes, mais de nous défendre et défendre la population en cas d’agressions. Les policiers ne doivent prendre aucun risque et être efficients lorsqu’ils sont ainsi exposés.
Je rappelle également que 57 % des agents de police municipale armés ne possèdent pas tous d’armes létales. Il s’agit très souvent de bâtons télescopiques et de matraques tonfa. Seule une partie sont équipés de revolvers ou de pistolets semi-automatiques.
Et la députée insoumise oublie de mentionner le fait que les agents font l’objet d’un suivi psychologique très pointu, d’une formation armement continue et qu’il y a très rarement eu des incidents. La plupart se sont produits dans des stands de tir pendant des exercices.
Mais je pense en réalité que Mathilde Panot s’est pris les pieds dans le tapis. Elle a jeté l’opprobre sur les 28.000 policiers municipaux parce qu’elle ne maîtrisait pas son sujet.
Quelles seraient les conséquences du désarmement des policiers municipaux ?
Tout d’abord, nous avons toutes et tous constaté une hausse de la délinquance. Je ne dis pas que l’armement des agents est une solution miracle, mais aujourd’hui, comme je vous le disais, les créneaux horaires des policiers municipaux ont largement augmenté. L’armement est donc une nécessité et doit être généralisé dans la profession.
L’UNSA milite pour généraliser la mise en place de l’armement pour tous les policiers municipaux.
Il n’y a pas que LFI qui s’oppose à l’armement de la police municipale. Certains maires écologistes aussi…
Oui et regardez le résultat ! Dans certains quartiers de Grenoble et de Poitiers par exemple, la délinquance a explosé. Ces villes sont d’ailleurs devenues des plaques tournantes du trafic de drogue.
Comment voulez-vous qu’un policier municipal puisse se défendre face à ces bandits et comment voulez-vous protéger la population ?
Ces élus locaux sont dans l’idéologie…
La cheffe des députés insoumis s’est également dite opposée à la multiplication des caméras de vidéosurveillance. « Il faut voir dans le cadre des contrats, mais je ne suis pas favorable à ce qu’on mette des caméras partout, qui n’ont jamais prouvé leur utilité », a-t-elle déclaré. Qu’en pensez-vous ?
Encore une fois, elle ne maîtrise pas son sujet. Si Mathilde Panot avait échangé avec des policiers, elle aurait su que les systèmes de vidéosurveillance sont des outils formidables pour résoudre des enquêtes. Des études peuvent confirmer ce que j’avance. Et avec le développement de l’IA, les caméras vont être encore plus performantes. Il ne faut donc pas laisser tomber ces appareils.
D’ailleurs, elles ne filment que le domaine public et ne sont pas intrusives dans le milieu privé. Des commissions départementales veillent au respect des libertés publiques et privées.
Elles sont un formidable outil pour lutter contre le trafic de produits stupéfiants notamment.
Vous défendez donc une généralisation de ces caméras…
Bien entendu. C’est devenu indispensable aujourd’hui, elles sont une aide importante à l’enquête judiciaire et à la sécurité publique. Elles apportent aussi des preuves aux magistrats et assurent la protection de la population et des policiers.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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