Logo Epoch Times

Mali : des jihadistes s’emparent d’une localité stratégique

top-article-image

Illustration.

Photo: SOULEYMANE AG ANARA/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 4 Min.

Le centre du Mali connaît un nouvel épisode sombre dans une crise sécuritaire qui ne cesse de s’aggraver. La localité de Farabougou, située dans la région de Ségou, à environ 400 kilomètres au nord de Bamako, est passée sous le contrôle des jihadistes affiliés à Al-Qaïda.

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) a confirmé sa prise dans un communiqué diffusé sur sa plateforme de propagande Al-Zallaqa, une semaine après avoir infligé un revers majeur à l’armée en s’emparant du camp militaire de la ville.

Selon plusieurs élus locaux et habitants contactés par l’AFP, Farabougou vit désormais sous l’autorité du JNIM. « Le chef du village a signé un accord avec les jihadistes pour garantir que nous respecterions leurs lois. Ils nous ont alors autorisés à revenir », confie un habitant. Mais ce retour s’accompagne de règles strictes : paiement d’un impôt, interdiction de musique profane, de cigarettes ou d’alcool, obligation pour les femmes de se couvrir la tête et limitation de leurs déplacements.

La symbolique de cette chute est particulièrement forte. Farabougou est un nom familier au Mali : en 2020, après le coup d’État militaire, la junte alors fraîchement installée avait fait lever le blocus imposé par les jihadistes autour du village. Cette opération avait été présentée comme l’un des premiers succès du nouveau régime. Cinq ans plus tard, le retour du JNIM dans la localité illustre au contraire la fragilité de l’État malien et l’incapacité des autorités à sécuriser durablement leurs acquis.

L’armée malienne n’a pas réagi

L’armée malienne, déjà éprouvée par des années de combats et fragilisée par le départ des forces françaises de l’opération Barkhane en 2022, n’a pas réagi. Après l’attaque sur son camp, les soldats ont abandonné la position sans tentative de reprise. Bamako s’est limité à reconnaître l’assaut, sans publier de bilan ni annoncer de contre-offensive. Pour de nombreux observateurs, ce silence témoigne d’un recul inquiétant des forces armées maliennes dans des zones clés du centre du pays.

La région de Ségou revêt pourtant une importance stratégique. Carrefour entre le sud, plus peuplé et relativement stable, et le nord du Mali, marqué par une longue tradition de rébellions, elle constitue un pivot pour la circulation des hommes, des marchandises et désormais des groupes armés. La perte de Farabougou ouvre un nouveau corridor d’influence au JNIM, qui confirme ainsi sa capacité à contrôler des localités entières en dehors de toute présence étatique.

Une spirale de violences

Depuis 2012, le Mali est plongé dans une spirale de violences attisées par des groupes liés à Al-Qaïda, à l’organisation État islamique, mais aussi par des milices communautaires. Si les opérations internationales avaient, un temps, contenu leur expansion, le retrait progressif des partenaires étrangers a laissé le champ libre aux jihadistes. La junte, qui avait promis de « reconquérir le territoire », peine à rassurer une population prise en étau.

Pour les habitants de Farabougou, la résignation s’installe. « Que voulez-vous que les habitants fassent ? Certains n’ont nulle part où aller », explique un élu local réfugié hors de la commune. Entre exil et soumission, les civils n’ont guère d’options, tandis que les jihadistes imposent chaque jour un peu plus leur ordre.

Avec AFP