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Emmanuel Macron brandit la menace de la dissolution en cas de censure

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Le président Emmanuel Macron lors du 7e sommet de la Communauté politique européenne (CPE) au Bella Center de Copenhague, au Danemark, le 2 octobre 2025.

Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

À quelques heures de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron a haussé le ton. En Conseil des ministres, le président a adressé un avertissement sans équivoque : toute censure du gouvernement entraînerait immédiatement une dissolution de l’Assemblée nationale.
« Les motions de censure sont des motions de dissolution », a-t-il martelé par la voix de la porte-parole Maud Bregeon, appelant au « compromis » et à la « stabilité institutionnelle ». Le Premier ministre a enfoncé le clou à Matignon : si la semaine tourne mal, « nous rentrons vers une grave crise institutionnelle ».
Les retraites, pomme de discorde fatale
Le sort du gouvernement se joue sur un dossier explosif : la réforme des retraites de 2023. Le Parti socialiste a posé ses conditions de façon non négociable. Il exige la suspension totale et immédiate de la réforme, avec un gel de l’âge légal à 62 ans et 9 mois ainsi que de l’allongement de la durée de cotisation.
Face au refus, le PS ne laisse planer aucun doute : une motion de censure sera déposée dès mardi soir si ses exigences ne sont pas satisfaites. Cette décision a été validée par le bureau national du parti.
Sébastien Lecornu a promis un gouvernement « capable de bouger » sans pour autant « faire n’importe quoi », dans un discours annoncé comme porteur d’une vision de « droite sociale ». Suffira-t-il à convaincre ?
Le camp présidentiel déchiré
Paradoxe révélateur : même les rangs macronistes sont divisés. Certains refusent catégoriquement de voir démantelée une réforme emblématique du second quinquennat. D’autres, au contraire, y voient une porte de sortie possible à la crise politique actuelle.
L’entourage du ministre de la Justice Gérald Darmanin défend l’idée qu’une chute du gouvernement « coûterait plus d’argent à la France » qu’une simple suspension temporaire de quelques mois.
Les Républicains au bord de l’implosion
Chez Les Républicains, c’est la cacophonie totale après leur revirement sur la participation au gouvernement. François-Xavier Bellamy dénonce une « irresponsabilité absolue » tout en refusant de censurer « pour ne pas aggraver le chaos ».
Laurent Wauquiez, patron des députés LR, a quant à lui donné la consigne de ne pas renverser l’exécutif, malgré les divisions profondes au sein de son groupe.
Le monde économique prend position
Le débat traverse également les sphères économiques et intellectuelles. Patrick Martin, président du Medef, s’oppose fermement à toute suspension : « à un moment ou à un autre, ça se paiera ».
À l’inverse, Philippe Aghion, prix Nobel d’économie et ancien conseiller d’Emmanuel Macron, plaide pour la suspension afin d’écarter « le danger de l’arrivée du Rassemblement national » au pouvoir en cas de dissolution.
La gauche et le RN font monter la pression
Le Parti socialiste se retrouve pris en étau entre ses alliés de gauche et l’extrême droite, tous favorables à la censure. Marine Le Pen a qualifié le projet de budget de « terriblement mauvais » et affirme qu’il ne manque « qu’une poignée de voix » pour faire tomber le gouvernement.
Deux motions de censure ont déjà été déposées : l’une par La France Insoumise et ses alliés, l’autre par l’alliance RN-UDR d’Éric Ciotti. Leur examen est prévu jeudi matin, sauf report éventuel.
Le PS détient la clé du pouvoir
Les socialistes sont aujourd’hui en position d’arbitres. Avec seulement une vingtaine de leurs voix, le gouvernement pourrait tomber si le reste de la gauche et l’alliance RN-UDR votent la censure. Le seuil fatidique est fixé à 289 voix.
Tout se jouera dès 15 heures à l’Assemblée, lors d’une déclaration de politique générale annoncée comme « courte » et destinée à « remettre le Parlement au cœur de tout ». Entre menaces de dissolution et exigences des oppositions, Sébastien Lecornu joue sa survie politique sur un fil.
Le budget 2026, adopté en Conseil des ministres malgré des prévisions de croissance jugées « optimistes » et un effort de 30 milliards d’euros, devra de toute façon être largement remanié par le Parlement. Reste à savoir si ce dernier sera encore en mesure de le faire.
Avec AFP