Opinion
L’union des droites va-t-elle bientôt voir le jour ?

La présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national (RN) à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen , et le président du parti de droite Les Républicains (LR), Éric Ciotti, lors d'une conférence de presse de la présidente du RN à Paris, le 24 juin 2024.
Photo: GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP via Getty Images
ANALYSE – Popularisé par Éric Zemmour lors de sa campagne présidentielle de 2022, le concept d’union des droites refait aujourd’hui surface alors que la France s’enfonce de plus en plus dans la crise politique. Si du côté des états-majors des Républicains et du Rassemblement national, l’idée en tant que telle ne séduit toujours pas, des digues ont sauté ces derniers temps entre les deux partis, rendant toujours plus probable la constitution d’une alliance entre LR et le RN.
Il y a plus de trois ans, le candidat de Reconquête à l’élection présidentielle, Éric Zemmour, avait fait de l’union des droites l’un des piliers de sa campagne. Pour être en mesure de battre la gauche et de sortir du « piège mitterrandien », il fallait rassembler toutes les droites derrière une candidature.
Cette alliance électorale n’avait alors séduit ni les Républicains, ni le Rassemblement national, préférant partir en ordre dispersé dans la course présidentielle.
En juin 2024, dans un contexte d’élections législatives anticipées, la donne commence à changer avec Éric Ciotti. Celui qui était alors le président des Républicains choisit de s’allier avec le parti à la flamme, déchirant le parti gaulliste entre pro et anti-accord avec le RN.
Deux mois plus tard, le député des Alpes-Maritimes fondera son nouveau parti au nom qui ne laisse aucun doute sur ses objectifs : l’Union des droites pour la République (UDR).
Cet accord passé avec le parti de Marine Le Pen ne marquera pas pour autant la concrétisation de l’alliance entre la droite traditionnelle et la droite nationale. Éric Ciotti a emmené avec lui ses fidèles, mais beaucoup de cadres et de parlementaires LR ont refusé de le suivre. Ensuite, l’ascension politico-médiatique du nouvel homme fort des Républicains, Bruno Retailleau, a éclipsé quelque temps du débat l’union des droites.
Et aujourd’hui, chez LR comme au RN, l’union des droites n’est toujours pas à l’ordre du jour. Les Républicains préfèrent « rassembler les électeurs » plutôt qu’unir ce courant politique. Du côté du parti dirigé par Jordan Bardella, on ne se présente pas comme un parti de « droite » mais plutôt comme un mouvement « patriote ».
« Je voterais sans état d’âme pour Le Pen ou Bardella »
Mais l’instabilité politique dans laquelle la France est toujours plongée et le rejet que suscite désormais La France insoumise auprès d’une grande partie de la classe politique pourraient bien ouvrir un chemin conduisant à cette union que Reconquête, l’UDR et Identité Libertés appellent de leurs vœux.
D’ailleurs, au sein du parti gaulliste, certains tabous qui ont longtemps existé vis-à-vis du Rassemblement national ont disparu.
Interrogé par Sonia Mabrouk sur CNews le 30 septembre sur le choix qu’il ferait entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen et/ou Jordan Bardella, le sénateur les Républicains des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi a déclaré qu’il voterait « sans état d’âme » pour la cheffe des députés frontistes ou le président du RN. Il a également estimé que le parti d’extrême gauche « n’est plus dans l’arc républicain ».
Une prise de position en rupture avec le cordon sanitaire séparant depuis longtemps les deux partis, d’autant plus significative qu’elle vient d’une figure modérée de LR.
Quelques jours plus tard, sur la même chaîne de télévision, Bruno Retailleau a appelé à « ne pas voter pour la gauche » à l’occasion du second tour de la législative partielle dans la première circonscription du Tarn-et-Garonne opposant un candidat UDR-RN à une candidate PS. Une déclaration du président des Républicains que certains ont interprétée comme un appel à voter pour le candidat ciottiste, Pierre-Henri Carbonnel. Ce dernier a d’ailleurs remporté le scrutin dimanche.
« Tendre la main aux LR »
Au Rassemblement national, sans appeler explicitement à la construction de l’union des droites, on n’exclut pas nécessairement des rapprochements avec les Républicains. Sur BFM TV le 7 octobre, le président du parti à la flamme, Jordan Bardella, se disait prêt à « tendre la main aux LR sur un accord de gouvernement » en cas de tenue de nouvelles élections législatives.
« Je suis convaincu qu’aux Républicains, il y a une partie des militants, des sympathisants, des électeurs, mais aussi des cadres et des parlementaires qui ne souhaitent pas, comme le fait monsieur Retailleau, se fondre dans le macronisme », a-t-il notamment avancé.
Une ligne qui sera confirmée par le porte-parole du RN, Andréa Kotarac, lundi sur Europe 1 qui a soutenu que le RN est le parti le « moins sectaire de l’échiquier politique » mettant en avant l’alliance passée entre le Rassemblement national et Éric Ciotti en juin 2024 et l’accueil des députés Identité Libertés, le parti de Marion Maréchal.
Pour l’heure, l’union des droites n’est donc pas à proprement parler en train de se mettre en place, mais les déclarations et prises de position des uns et des autres, tant chez les Républicains qu’au Rassemblement national, laissent penser qu’elle pourrait voir le jour lors des prochains scrutins nationaux, peut-être sous un autre nom.
En tout cas, cela se ferait avec l’approbation d’une majorité de Français. Un sondage réalisé par l’Ifop pour Valeurs Actuelles publié cette semaine indiquait qu’ils sont 52 % à être favorables à un gouvernement de « coalition des droites. »
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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