Les États-Unis doublent leur aide à l’Argentine pour la porter à 40 milliards de dollars grâce à des achats de pesos et à une facilité de crédit privée

Le président américain Donald Trump accueille le président argentin Javier Milei à la Maison-Blanche le 14 octobre 2025.
Photo: Madalina Kilroy / Epoch Times
Les États-Unis ont acheté mercredi des pesos argentins supplémentaires sur les marchés financiers, a annoncé le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, tout en avançant sur la création d’un fonds d’investissement privé de 20 milliards de dollars destiné aux obligations du gouvernement argentin.
Ces mesures s’ajoutent à un nouvel accord de swap de devises de 20 milliards de dollars conclu avec Buenos Aires, portant à 40 milliards le soutien global à la troisième économie d’Amérique latine. Bessent n’a pas donné de précisions sur le montant exact de ces achats de pesos, qui suivent une première opération réalisée le 9 octobre.
Ces annonces ont contribué à redresser la Bourse argentine, mise en difficulté après des déclarations du président Donald Trump la veille, affirmant que Washington « ne perdrait pas de temps » avec l’Argentine si le parti de Javier Milei, La Libertad Avanza, venait à essuyer un revers lors des élections législatives du 26 octobre.
À la suite de ces propos mardi, les indices locaux ont clôturé en hausse de 1,7 % après avoir progressé de plus de 4 % en séance, tandis que les obligations libellées en dollars regagnaient du terrain. Le peso, lui, a reculé de 1,7 %, s’établissant à 1378 pour un dollar après l’annonce de Bessent.
Bessent a précisé que l’aide américaine dépendra de la solidité des politiques publiques, et non d’un gouvernement particulier. Ce soutien « n’est lié à aucun vote spécifique », a-t-il souligné. Une victoire du parti de Milei donnerait toutefois au dirigeant libéral et populiste les moyens de bloquer toute tentative visant à démanteler ses politiques libertariennes et ses restrictions budgétaires.
« Il s’agit d’un soutien fondé sur la politique. Tant que l’Argentine continuera à appliquer de bonnes politiques, elle bénéficiera du soutien des États-Unis », a expliqué Bessent. Interrogé sur une possible extension des achats de pesos aux obligations d’État, il a répondu : « C’est envisageable », sans plus de précisions.
Les discussions autour du fonds d’investissement privé, impliquant des prêteurs et des gestionnaires d’actifs, se poursuivent depuis plusieurs semaines pour proposer une solution de marché au règlement des dettes argentines.
« Il s’agit donc d’une solution issue du secteur privé pour les échéances à venir de l’Argentine », a précisé Bessent. « De nombreuses banques s’y intéressent, tout comme plusieurs fonds souverains. »
Le ministre de l’Économie, Luis Caputo, a affirmé que les politiques de Milei seraient maintenues, quel que soit le résultat du scrutin du 26 octobre. Il a également révélé que le gouvernement explorait d’autres options de financement.
Peu de détails ont filtré sur l’accord de swap, qui doit améliorer la fluidité des échanges. Bessent a expliqué qu’il s’appuyait sur les droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le FMI et placés dans le fonds de stabilisation du Trésor américain, avant d’être convertis en dollars.
Interrogé sur une éventuelle priorité de remboursement par rapport au FMI ou aux détenteurs d’obligations, Bessent a répondu : « Non, c’est ce que fait la Chine, pas nous. »
Lors d’une apparition sur CNBC le 15 octobre, Javier Milei a présenté le renforcement des liens avec Washington comme une opportunité pour les exportations argentines. « Nous discutons de l’ouverture du marché américain aux produits argentins », a-t-il déclaré.
Il a assuré qu’il ne dévierait pas de sa trajectoire de réformes, en dépit des fluctuations politiques : « Je n’ai pas l’intention de changer de cap d’ici la fin de mon mandat. Je reste engagé à poursuivre un programme de baisse des impôts, de déréglementation et de croissance économique. »
Ces initiatives traduisent, selon Bessent, une forme de « doctrine de Monroe économique », évoquant le principe de 1823 destiné à affermir l’influence américaine dans l’hémisphère occidental. Il a rejeté toute crainte d’effet de contagion, soulignant plutôt le rôle de l’Argentine comme « phare » face aux héritages de la gauche — un succès qui pourrait, selon lui, inspirer les voisins du pays à virer à droite.
Alors que la Chine accroît son empreinte en Amérique latine, avec notamment un swap de 18 milliards de dollars conclu avec Buenos Aires, Milei a salué les afflux américains, citant un engagement de 25 milliards de dollars d’OpenAI pour des projets d’intelligence artificielle, ainsi que des investissements dans les minéraux, le nucléaire et les hydrocarbures.
« L’Argentine reçoit de nombreux investissements d’entreprises américaines », a-t-il souligné, créditant les allégements fiscaux du régime RIGI (Régime d’incitation aux grands investissements), qui ont déjà permis d’attirer 20 milliards de dollars, tandis que 60 milliards supplémentaires sont à l’étude — sans compter les 80 milliards annoncés par la compagnie pétrolière nationale YPF et le groupe énergétique italien Eni.
Concernant la nature du swap, Milei a précisé : « Tout comme cet accord n’augmente pas la dette de l’Argentine, il n’accroît pas non plus celle des États-Unis. C’est un échange de devises. »
Il a ajouté que « cet accord vise à fournir à l’Argentine le financement nécessaire pour honorer ses dettes », saluant le geste du Trésor américain, qui « est allé encore plus loin, en achetant aussi des pesos sur le marché des changes ».
Avec Reuters

Kimberly Hayek est journaliste pour Epoch Times. Elle couvre l'actualité californienne et a travaillé comme rédactrice et reporter sur le terrain à la frontière américano-mexicaine pendant la crise migratoire de 2018.
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