L’enseigne IKKS placée en redressement judiciaire : 1 000 emplois du prêt-à-porter menacés

Le logo de la marque de vêtements IKKS à Paris, le 3 octobre 2025.
Photo: DIMITAR DILKOFF/AFP via Getty Images
Le tribunal des activités économiques de Paris a placé jeudi la marque de mode IKKS en redressement judiciaire. Cette décision, révélée vendredi par Les Échos et confirmée à l’AFP, fait peser une menace directe sur plus de 1 000 emplois du groupe. Une période d’observation a été ouverte jusqu’en avril 2026 pour tenter de redresser la barre. Cette procédure ne vise que les activités françaises de l’enseigne.
La situation est d’autant plus préoccupante qu’IKKS se trouvait déjà en cessation de paiements. Malgré les efforts déployés en 2024, avec l’abandon de dettes consenti par les créanciers et l’injection de nouvelles liquidités par les investisseurs, la marque n’a pas réussi à retrouver son équilibre financier.
Une enseigne emblématique au bord du gouffre
Créée en 1987, IKKS s’est imposée comme une référence du prêt-à-porter haut-de-gamme avec son identité « ADN Rock » distinctive. Le groupe, qui rassemble également les marques I.Code et One Step, déploie un réseau impressionnant de 600 points de vente à travers la France et l’international, employant 1500 collaborateurs dans le monde.
Pourtant, derrière cette façade dynamique se cache une réalité économique bien plus sombre. En février 2024, l’entreprise avait déjà dû annoncer un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) drastique : 202 suppressions de postes sur les 1.328 emplois français et la fermeture de 77 magasins et corners sur un total de 604. Finalement, grâce aux mesures de reclassement, 140 postes seulement avaient été supprimés, comme l’avait précisé le président Ludovic Manzon.
« La conjonction de divers facteurs externes »
Les difficultés d’IKKS ne sont pas un cas isolé. L’entreprise a subi de plein fouet « la conjonction de divers facteurs externes », selon ses propres termes : la pandémie de Covid-19, les conséquences désastreuses de la guerre en Ukraine où le groupe était fortement implanté, et une inflation persistante qui plombe le pouvoir d’achat des consommateurs.
Pour tenter de sauver la marque, 30 millions d’euros auraient été débloqués afin de retrouver le chemin de la rentabilité, selon une source proche du dossier. Un pari qui n’aura manifestement pas suffi.
Le naufrage d’une génération de marques françaises
IKKS rejoint désormais le cimetière des enseignes françaises en déroute : Camaïeu, Kookaï, Gap France, Jennyfer, André, San Marina, Minelli, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, Kaporal… La liste s’allonge inexorablement depuis plusieurs années.
Ces marques qui animaient jadis les centres-villes français ont toutes été victimes du même cocktail explosif : crise sanitaire, flambée des coûts (énergie, matières premières, loyers, salaires) et bouleversement des habitudes de consommation. La montée en puissance de la seconde main et surtout l’émergence de la fast fashion et de l’ultra fast fashion, incarnée par le géant chinois Shein, ont porté un coup fatal à ce modèle économique traditionnel.
L’avenir d’IKKS se jouera dans les prochains mois, durant cette période d’observation qui pourrait déboucher soit sur un plan de continuation, soit sur une liquidation judiciaire.
Avec AFP

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