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Accord franco-algérien de 1968Sébastien Lecornu estime qu’il faut « renégocier » l’accord franco-algérien de 1968
Sébastien Lecornu a déclaré jeudi qu'il fallait "renégocier" l'accord franco-algérien de 1968, dont la dénonciation a été demandée jeudi par l'Assemblée nationale dans le cadre d'une résolution présentée par le Rassemblement national (RN).

Le Premier ministre Sébastien Lecornu lors du débat et de l'examen du budget de l'État pour 2026 à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 24 octobre 2025.
Photo: ALAIN JOCARD/AFP via Getty Images
L’accord franco-algérien de 1968, régissant depuis plus d’un demi-siècle le régime migratoire des ressortissants algériens sur le sol français, s’est retrouvé au cœur du débat politique à l’Assemblée nationale. À la suite de l’adoption, à une voix près, d’une résolution parlementaire du RN demandant sa dénonciation, le Premier ministre Sébastien Lecornu, en déplacement à Carentan, a exprimé sa position sur l’avenir de ce texte bilatéral. Pour le chef du gouvernement, l’heure est venue de « renégocier » l’accord, estimant qu’il « appartient à une autre époque ».
Cette déclaration intervient sur fond de tensions entre les différents groupes parlementaires et de crispations renouvelées dans les relations diplomatiques franco-algériennes. Véritable pivot législatif des flux migratoires algériens vers la France, l’accord de 1968 bénéficie depuis son instauration d’un traitement particulier, tant au sein des partis politiques que dans l’opinion publique. L’irruption du débat à l’Assemblée interroge les modalités futures de la coopération entre Paris et Alger, tout en relançant la réflexion sur la souveraineté migratoire française.
Les ressorts de l’accord migratoire franco-algérien
« Il faut le renégocier parce qu’il appartient à une autre époque » et « on voit bien qu’on n’est plus du tout dans la même période », a déclaré le Premier ministre lors d’un déplacement à Carentan dans la Manche.
L’argument fondateur de l’accord tient au contexte post-colonial : la France cherche, alors, à normaliser ses relations avec Alger tout en garantissant l’accueil de ses anciens ressortissants. Or, pour de nombreux responsables politiques, le texte est désormais jugé « désuet » au regard des réalités contemporaines. Sébastien Lecornu va dans ce sens : selon lui, « il faut renégocier le texte » afin de tenir compte de l’évolution des sociétés et du cadre diplomatique actuel.
Le Premier ministre rappelle, toutefois, que seul « le président de la République négocie et signe les traités internationaux », soulignant la distinction de compétences entre l’exécutif et le Parlement. Il précise : « La politique étrangère de la France n’est pas faite par des résolutions au Parlement », tout en assurant qu’il « respecte le vote » qui vient d’être émis par l’Assemblée nationale.
Tensions et fractures à l’Assemblée nationale
Le vote du 29 octobre 2025 à l’Assemblée nationale illustre un bouleversement de la majorité sur la question migratoire. Portée par le Rassemblement national (RN), la résolution a reçu le soutien des groupes Les Républicains, Horizons et UDI. Jordan Bardella, président du RN, salue un « pas décisif » et encourage l’exécutif à « prendre acte » du vote. Cette convergence entre les droites marque un tournant dans le débat migratoire, jusque-là réservé à l’opposition.
Du côté des soutiens de l’accord, une partie de la gauche, avec La France insoumise et le Parti socialiste, dénonce une « attaque contre la logique de coopération bilatérale ». Les critiques visent particulièrement la remise en cause du « cordon sanitaire » qui séparait historiquement les différentes familles politiques sur ces sujets.
Marine Le Pen défend, pour sa part, la suppression de l’accord au nom de la défense de l’intérêt national, citant notamment la situation de Français détenus en Algérie. Selon elle, « chacun devrait dénoncer cette convention, compte tenu du comportement du gouvernement algérien, qui embastille deux de nos compatriotes sans aucune raison ».
Par cette déclaration, le gouvernement lance un message à la fois à la classe politique française et à ses partenaires étrangers. L’accord franco-algérien de 1968 pourrait bientôt être revisité, avec l’objectif de l’adapter aux enjeux du XXIe siècle, tout en préservant la souveraineté nationale sur la politique migratoire.
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