Le média Brut passe dans le giron de CMA CGM, le groupe de Rodolphe Saadé

Le groupe CMA CGM, propriété du milliardaire Rodolphe Saadé, a finalisé vendredi l’acquisition du média en ligne Brut, déjà partiellement détenu par sa filiale CMA Media. Cette opération s’ajoute à une série de rachats récents, dont la chaîne BFMTV et la radio RMC.

« Avec cette opération, CMA Media devient un acteur incontournable du paysage médiatique français, s’adressant à tous les publics et couvrant l’ensemble des canaux : presse régionale et nationale, télévision, radio et réseaux sociaux », a indiqué le groupe dans un communiqué.

L’intégration de Brut constitue le troisième pilier de CMA Media, dédié aux réseaux sociaux, aux côtés de la presse et de l’audiovisuel. Le groupe affirme regrouper désormais plus de 1600 journalistes, « la deuxième plus grande rédaction de France et la première du secteur privé ».

Brut, qui emploie environ 250 salariés, sera dirigé par sa directrice générale Elsa Darquier. Elle sera placée sous la responsabilité de Claire Léost, nouvelle directrice générale de CMA Media et présidente de Brut. Les cofondateurs, Renaud Le Van Kim et Guillaume Lacroix, resteront conseillers. Le média, réorganisé pour réduire ses coûts, est rentable depuis fin 2023.

Rodolphe Saadé a multiplié les acquisitions dans les médias depuis 2022. Après La Provence et Corse Matin, CMA CGM est entré au capital du groupe M6, puis de Brut, avant de prendre le contrôle de La Tribune et de lancer une édition dominicale. À l’été 2024, CMA Media a racheté BFMTV, RMC et les chaînes RMC Découverte et RMC Story à Altice. Le groupe prévoit également d’acquérir Chérie 25 (NRJ Group).

Cette montée en puissance suscite des inquiétudes sur l’indépendance éditoriale. Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune ont dénoncé la diffusion à l’antenne de BFMTV de propos de Rodolphe Saadé tirés d’une tribune publiée dans La Provence.

« Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation », écrivait notamment l’homme d’affaires dans ce texte, publié après le mouvement social « Bloquons tout ».

« Les médias du groupe CMA CGM ne sont pas des relais d’influence », ont répliqué les SDJ, en se disant « vigilantes quant à leur indépendance éditoriale ». Selon elles, la direction de BFMTV a assuré qu’il n’y avait eu « aucune demande de l’actionnaire » et que la diffusion des propos s’inscrivait dans une séquence consacrée aux réactions du patronat.

Avec AFP