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L’accueil de Shein par le BHV et des Galeries Lafayette provoque un tollé dans le secteur

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Photo: YUICHI YAMAZAKI/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

La plateforme asiatique Shein a officialisé mercredi l’ouverture prochaine de magasins physiques permanents à Paris et dans plusieurs villes françaises, faisant de l’Hexagone la première destination mondiale de ce déploiement. Cette initiative a immédiatement ravivé la controverse autour de la marque, déjà sous le feu des critiques en France, notamment en raison de son récent partenariat avec Pimkie.

Fondée en 2012 en Chine et aujourd’hui basée à Singapour, Shein s’est imposée dans l’univers du prêt-à-porter grâce à des prix très bas, une offre pléthorique et un marketing offensif. Après plusieurs expériences de boutiques éphémères, la marque spécialiste du commerce en ligne a décidé de miser sur la France pour inaugurer ses premiers points de vente permanents.

Six boutiques sont programmées à partir de novembre : d’abord au sein du BHV Marais à Paris, puis dans les Galeries Lafayette de Dijon, Reims, Grenoble, Angers et Limoges, en vertu d’un accord avec la Société des Grands Magasins (SGM), gestionnaire de ces établissements.

« Profond désaccord »

Or, le groupe Galeries Lafayette s’est opposé publiquement dès mercredi à cette initiative. Il a exprimé son « profond désaccord » envers la décision de la SGM et annoncé « refuser l’installation » de Shein dans ses magasins affiliés, fustigeant le « positionnement » et les « pratiques de l’ultra fast fashion » de la marque, jugées incompatibles avec « l’offre et les valeurs » des Galeries Lafayette. Le groupe insiste également sur le non-respect des « conditions contractuelles d’affiliation » qui le lient à la SGM.

Selon une source proche du dossier, si les affiliés disposent d’une marge de manœuvre dans le choix des marques, celles-ci doivent correspondre au « positionnement premium » de l’enseigne, ce qui n’est pas le cas de Shein.

Pour sa part, SGM affirme que ce partenariat respecte bien les termes contractuels avec les Galeries Lafayette et assure maintenir « un dialogue constant » pour clarifier ce différend.

« L’ensemble du marché [tiré] vers le bas »

Cet épisode intervient dans un climat de forte défiance dans la filière textile. La Fédération française du prêt-à-porter féminin a accusé la SGM de « cracher à la tête de leurs collaborateurs, de leurs clients et de toute la mode française ». Dans un communiqué, son président Yann Rivoallan dénonce « l’ouverture des portes à l’ultra fast fashion », considérant que ces grands magasins « tournent le dos à leur rôle patrimonial et culturel ». Pierre Talamon, de la Fédération nationale de l’habillement, fustige, lui aussi, un choix qui « tire l’ensemble du marché vers le bas », alors que le rôle des enseignes devrait, selon lui, être de soutenir « diversité, innovation et responsabilité ».

« Mélange des genres »

Le président de SGM, Frédéric Merlin, défend pourtant la décision : « Un même consommateur peut acheter une pièce Shein et, le même jour, un sac de marque », affirme-t-il. « C’est cette liberté, ce mélange des genres, qui fait la richesse et l’avenir du grand magasin. »

Shein, de son côté, revendique « un engagement pour revitaliser les centres-villes partout en France, restaurer les grands magasins et développer des opportunités pour le prêt-à-porter français », tout en évoquant la création de « 200 emplois directs et indirects » via ce partenariat avec la SGM.

La marque avait déjà créé la polémique récemment en annonçant son alliance avec Pimkie pour vendre ses produits et offrir un appui logistique à l’entreprise française. Cette initiative avait suscité une levée de boucliers des organisations du secteur, dénonçant un « signal inacceptable » et une forme de prédation de Shein sur des enseignes fragilisées. Pimkie avait alors justifié ce rapprochement en soulignant sa volonté de « croître plus vite et plus fort à l’international ».

Ses produits et modes de productions critiqués

Shein, qui emploie 16.000 personnes à travers le monde, a réalisé un chiffre d’affaires de 23 milliards de dollars (20 milliards d’euros) en 2022. Son modèle ultra rapide fait régulièrement l’objet de critiques concernant son impact environnemental, les enjeux sanitaires de certains produits proposés et les conditions de travail dans les ateliers, majoritairement installés en Chine. Son manque de transparence sur ces questions suscite une multiplication de contrôles et de procédures en Europe et aux États-Unis, rapporte Epoch Times.

 Une avocate de Shein a été accusée de manquer de respect aux députés britanniques après avoir omis de répondre à des questions sur l’origine des produits en coton de l’entreprise lors d’une audition le 7 janvier, selon EpochTimes. Elle a refusé à plusieurs reprises de dire si certains produits de Shein contenaient du coton provenant de Chine ou de la région du Xinjiang, une région où l’on a recours au travail forcé des Ouïghours.

Avec AFP