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Persécution religieuse

La persécution religieuse touche désormais deux tiers des habitants de la planète

Un constat accablant émerge du dernier rapport de l'Aide aux églises en détresse (AED) : plus de 5,4 milliards d'êtres humains, représentant approximativement les deux tiers de la population mondiale, subissent actuellement des persécutions ou discriminations liées à leurs convictions religieuses. Cette réalité concerne 62 nations réparties sur l'ensemble des continents, selon l'étude publiée ce mardi.

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Le presbytère de la paroisse San Francisco Javier où les prêtres jésuites Javier Campos Morales et Joaquin Mora ont été assassinés le 20 juin, à Cerocahui, dans les montagnes Tarahumara de l'État de Chihuahua, au Mexique, le 6 mars 2023.

Photo: PEDRO PARDO/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Cette fondation catholique (AED), reconnue officiellement par le Vatican, mène depuis 1999 une enquête bisannuelle unique en son genre. Il s’agit en effet du seul rapport produit par une organisation non gouvernementale qui embrasse l’ensemble des cultes et traditions religieuses à l’échelle planétaire.

Un droit fondamental négligé

« La liberté de religion est souvent le parent pauvre » parmi les droits humains essentiels, a déploré Olivier Poquillon lors d’une conférence de presse organisée lundi. Ce religieux dominicain, qui dirige l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, souligne ainsi le manque d’attention accordé à cette liberté fondamentale par la communauté internationale.
L’analyse proposée par l’AED répartit 196 pays selon trois niveaux de gravité : « persécution », « discrimination » et « en observation ». Cette méthodologie permet d’établir une cartographie précise des atteintes à la liberté de conscience à travers le globe.

Les géants démographiques en première ligne

Vingt-quatre nations figurent dans la catégorie la plus préoccupante, celle de la « persécution », caractérisée par des violences physiques et du harcèlement systématique contre les minorités religieuses. Parmi ces pays se trouvent les deux États les plus peuplés de la planète : l’Inde et la Chine, dont les populations cumulées représentent plusieurs milliards d’individus.
La République populaire de Chine et la Corée du Nord illustrent une tendance inquiétante : l’exploitation des technologies de surveillance modernes pour contrôler les pratiques religieuses. Amélie Berthelin, journaliste à l’AED ayant contribué au rapport, révèle que ces régimes emploient désormais l’intelligence artificielle pour « traquer plus facilement les minorités religieuses », inaugurant une ère nouvelle de répression technologique.

La discrimination institutionnalisée

Trente-huit pays appartiennent à la catégorie intermédiaire de « discrimination », où prévalent des injustices structurelles frappant certaines communautés religieuses. Cette situation découle généralement de la position privilégiée octroyée à une religion particulière au sein de l’appareil étatique.
Benoît de Blanpré, directeur de l’AED, cite l’exemple d’Israël et des territoires palestiniens, où « la discrimination était au carrefour du nationalisme ethno-religieux et de l’extrémisme ». Cette observation illustre comment l’instrumentalisation politique de la religion engendre des violations systématiques des libertés.
Vingt-quatre autres nations sont placées « en observation », signalant des situations potentiellement préoccupantes nécessitant une surveillance continue.

Les trois visages de l’oppression religieuse

L’étude identifie trois sources principales de violations de la liberté religieuse. D’abord, les régimes autoritaires constituent la menace majoritaire, utilisant leur appareil répressif pour contrôler ou éradiquer certaines expressions de foi.
Ensuite, la violence djihadiste, particulièrement virulente en Afrique subsaharienne, terrorise les populations et impose par la force une interprétation rigoriste de l’islam.
Enfin, le nationalisme religieux émerge comme un danger croissant. « Dans plusieurs pays, la religion est de plus en plus utilisée pour définir l’identité nationale, alimentant l’exclusion et la marginalisation des groupes minoritaires », explique Amélie Berthelin. Cette fusion entre identité nationale et confession religieuse transforme les minorités en citoyens de seconde zone.

Des lueurs d’espoir rarissimes

Le rapport ne recense que deux nations ayant connu une amélioration des conditions de liberté religieuse depuis 2023 : le Kazakhstan et le Sri Lanka. Cette rareté souligne l’ampleur de la détérioration globale.
Même les démocraties occidentales, traditionnellement respectueuses du pluralisme religieux, n’échappent pas à cette tendance négative. Le document relève une augmentation significative des actes antisémites et anti-musulmans dans ces pays durant la période étudiée, témoignant d’une fragilisation générale du vivre-ensemble religieux à l’échelle mondiale.
Avec AFP