La justice contraint la mairie de Marseille à reprogrammer le film « Sacré-Cœur »
Le tribunal administratif de Marseille a infligé un revers à la municipalité, qui devra reprogrammer le film "Sacré-Cœur" dans un cinéma de la ville.

Photo SAJE Distribution
La justice a estimé que la déprogrammation décidée par la mairie portait atteinte à la liberté d’expression et de création artistique.
Une déprogrammation jugée contraire aux libertés fondamentales
Le tribunal administratif de Marseille a ordonné samedi à la municipalité de reprogrammer dans un cinéma municipal le film « Sacré-Cœur », dont elle avait annulé la diffusion au nom du respect de la laïcité. Ce long-métrage, docu-fiction sous forme d’ode à la foi chrétienne et à la figure du Christ, est sorti début octobre et a déjà rassemblé près de 200.000 spectateurs.
Mercredi, peu avant sa projection prévue au château de la Buzine, établissement géré directement par la ville de Marseille, la mairie dirigée par une coalition de gauche et de la société civile avait justifié son interdiction en invoquant la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.
Une censure dénoncée et sanctionnée
La décision avait aussitôt suscité une vive polémique, notamment à droite. Le sénateur Stéphane Ravier, aux côtés des réalisateurs du film, Sabrina et Steven J. Gunnell, avait alors saisi la justice en urgence par un référé-liberté, dénonçant « une censure ». Le juge leur a donné raison dans une ordonnance de six pages, soulignant qu’en « restreignant ainsi sa diffusion », la mairie avait eu « pour conséquence nécessaire d’empêcher une partie du public d’y avoir accès ».
Dans son texte, le juge a rappelé que « la seule diffusion d’une œuvre cinématographique susceptible de présenter un caractère religieux dans un cinéma municipal exploité en régie ne porte pas, par elle-même, atteinte au principe de laïcité », dès lors que « cette diffusion n’exprime pas la reconnaissance par la commune d’un culte, ne marque pas une préférence religieuse à l’égard de ce culte et n’a pas pour effet d’accorder une subvention directe ou indirecte à une telle œuvre ».
La mairie contrainte d’appliquer la décision
Par cette déprogrammation, « le maire de Marseille a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression et à la liberté de création et à la liberté de diffusion artistiques », souligne encore la justice.
« C’est une très grande satisfaction d’avoir obtenu confirmation par la justice que le maire de Marseille ait fait preuve de censure », s’est réjoui auprès de l’AFP Stéphane Ravier. « Il n’y avait pas dans cette programmation de promotion d’une religion par rapport à une autre mais une œuvre artistique », a-t-il ajouté.
La ville de Marseille a indiqué dans un court communiqué prendre « acte de la décision », précisant qu’elle « sera bien sûr appliquée et le film (diffusé) comme initialement programmé ». Lors de la sortie du film, les réalisateurs avaient déjà dénoncé le refus des régies publicitaires de la RATP et de la SNCF d’en accepter la promotion.

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