Guerre au Soudan
La guerre au Soudan : 460 morts dans une maternité, l’ONU consternée exhorte à mettre un terme à cette « escalade militaire »
L'Organisation mondiale de la santé a exprimé sa consternation face au massacre survenu à la maternité saoudienne d'El-Facher, seul établissement encore partiellement fonctionnel de la ville. Plus de 460 patients et accompagnateurs y ont été tués. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lancé jeudi un appel pressant pour mettre fin à cette "escalade militaire", exigeant l'arrêt immédiat du siège et des hostilités.

Une femme déplacée se repose à Tawila, dans la région occidentale du Darfour ravagée par la guerre, le 28 octobre 2025, après avoir fui El-Fasher suite à la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF).
Photo: AFP via Getty Images
Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapide (FSR) ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville à leur échapper dans la région du Darfour. Cette victoire leur offre désormais le contrôle total de cette vaste région occidentale du Soudan, qui représente un tiers du territoire national. Leurs adversaires, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, conservent le contrôle du nord, de l’est et du centre du pays.
Un bilan humain catastrophique
Les chiffres donnent le vertige. Selon Mona Nour Al-Daem, responsable de l’aide humanitaire au sein du gouvernement pro-armée, plus de 2.000 civils auraient péri lors de l’invasion d’El-Facher par les FSR. Des mosquées et des volontaires du Croissant-Rouge auraient été délibérément visés. Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui vers la périphérie de la ville ou vers Tawila, située 70 kilomètres plus à l’ouest, qui accueillait déjà 650.000 déplacés.
« La guerre nous a été imposée »
Mohamed Daglo, chef des FSR, a reconnu mercredi soir une « catastrophe » à El-Facher, tout en rejetant la responsabilité du conflit. « La guerre nous a été imposée », a-t-il affirmé, présentant paradoxalement la prise de la ville comme « une opportunité pour l’unité du Soudan ». « L’unité du Soudan par la paix ou par la guerre », a-t-il déclaré, alors que les images satellite analysées par l’université Yale montrent que « les massacres continuent ».
Le spectre d’un nouveau génocide plane
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme alerte sur un « risque croissant d’atrocités motivées par des considérations ethniques ». Un avertissement qui résonne avec le passé sanglant du Darfour, théâtre au début des années 2000 de massacres et de viols perpétrés par les milices arabes Janjawid – dont sont issues les FSR – contre les populations Massalit, Four et Zaghawa.
Une zone coupée du monde
La situation humanitaire est critique. Les communications satellite restent interrompues, à l’exception du réseau Starlink contrôlé par les FSR. Les accès à El-Facher demeurent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ces conditions, contacter des sources locales indépendantes relève de l’exploit. Des images rares de l’AFP montrent des déplacés à Tawila, portant leurs maigres possessions, montant des tentes ou gisant blessés dans des conditions précaires.
Des négociations au point mort
Les efforts diplomatiques du « Quad » – coalition réunissant les États-Unis, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite – restent infructueux. Leurs propositions de trêve se heurtent à « l’obstructionnisme continu » du général Burhane, qui a rejeté en septembre une proposition prévoyant son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.
Des experts craignent désormais une nouvelle partition du Soudan, après l’indépendance du Soudan du Sud en 2011. Après plus de deux ans de guerre, le troisième plus vaste pays d’Afrique sombre chaque jour davantage dans le chaos.
Avec AFP

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