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La Chine lance le porte-avions Fujian le 11 septembre : Décryptage d’un message hautement symbolique

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Vue générale de la cérémonie de lancement du troisième porte-avions chinois, le Fujian, baptisé d’après la province du même nom, au chantier naval Jiangnan, filiale de la China State Shipbuilding Corporation (CSSC), à Shanghai, le 17 juin 2022.

Photo: Li Tang/VCG via Getty Images

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Durée de lecture: 9 Min.

Le 11 septembre, le porte-avions chinois encore non commissionné, le Fujian, a été repéré par les Japonais alors qu’il naviguait vers le détroit de Taïwan. Selon les médias d’État chinois, le navire ne faisait que rejoindre la mer de Chine méridionale pour des essais et des entraînements de routine, sans viser de pays en particulier.
Cependant, le choix de cette date — l’anniversaire des attentats du 11 septembre — s’apparente à une provocation symbolique à l’égard des États-Unis, malgré les démentis de Pékin. Conscient de sa relative faiblesse militaire, le régime chinois continue à jouer sur des ressorts politiques.
Pour commémorer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Pékin organisait le 3 septembre un défilé militaire, mettant en valeur divers aéronefs destinés au Fujian, dont l’avion de surveillance KJ-600, le chasseur furtif J-35, le chasseur J-15T et l’avion de guerre électronique J-15DT.
Le Fujian n’ayant pu être acheminé jusqu’à la place Tiananmen, il eût pourtant été plus cohérent de programmer son voyage inaugural ce jour-là, de façon à intégrer ces images à la couverture du défilé. Mais le lancement a été différé, semblant ainsi délibérément fixé au 11 septembre.
Le programme aéronaval chinois vise avant tout à concurrencer les États-Unis et cultive le fantasme d’une nouvelle guerre dans le Pacifique. Les États-Unis et leurs alliés sont depuis longtemps considérés comme des rivaux par le Parti communiste chinois (PCC). Le choix du 11 septembre pour ce lancement paraît trop délibéré pour n’être qu’une coïncidence.
Par ses parades militaires et la démonstration de ses porte-avions, le PCC cherche à intimider Washington et ses alliés tout en prétendant défendre la paix.
À noter que, deux jours seulement après le défilé de Pékin, le 5 septembre, le président américain Donald Trump a signé un décret exécutif autorisant le Department of Defense à utiliser comme titre secondaire « Department of War ».
Leçons-clefs de la Seconde Guerre mondiale
La Chine instrumentalise les commémorations de la victoire alliée pour organiser des parades, mais la communauté internationale doit en tirer les véritables enseignements.
Certains avancent que si les États-Unis s’étaient réarmés plus tôt avant-guerre, doté leur industrie, stocké des armes et maintenu une armée prête, le Japon et l’Allemagne auraient peut-être été dissuadés, évitant ainsi la catastrophe.
À l’époque, les ambitions de Tokyo étaient connues à Washington, mais la riposte militaire tarda. Même après l’invasion de la Chine par le Japon, aucune alerte sérieuse ne fut lancée avant l’attaque surprise contre Pearl Harbor.
L’histoire ne se réécrit pas, mais ses leçons restent pressantes.
Ironiquement, lors d’une journée consacrée à la mémoire de la victoire sur le fascisme, le PCC adopte le même état d’esprit militariste qu’il condamnait, menaçant les voisins de Pékin et cherchant la domination du Pacifique — reniant ses professions de foi pacifiques.
Le récent passage du Fujian dans le détroit de Taïwan constitue un signal : les États-Unis et leurs alliés doivent consolider leurs forces et afficher leur détermination face à Pékin.

Un navire navigue dans le détroit de Taïwan entre la côte de l’île de Pingtan (au premier plan), le point le plus proche de Taïwan, et une autre île de la province du Fujian, le 7 avril 2023. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

La « mission d’entraînement » du Fujian : une campagne d’intimidation
La marine chinoise soutient que la récente sortie du Fujian n’était qu’un essai en mer et une « mission d’entraînement » durant la phase de construction. Mais comment un navire non encore livré ou mis en service peut-il déjà se voir confier de telles missions ?
Les médias officiels signalent que deux destroyers du Eastern Theater Command escortaient le Fujian.
S’il s’agissait vraiment de rejoindre la mer de Chine méridionale, le parcours le plus sûr consistait à longer la côte chinoise, réduisant tout risque d’incident.
Au lieu de cela, le groupe aéronaval a quitté les abords de Shanghai pour pénétrer profondément dans la mer de Chine orientale. À un moment, ils se sont approchés à environ 200 km des îles Senkaku, disputées. Dans la foulée, les forces japonaises d’autodéfense se sont mises à suivre la flotte. Le Fujian a alors viré plein sud, dessinant un itinéraire qui ressemblait davantage à une simulation d’assaut sur Taipei qu’à un simple transit.
Cette opération apparaît comme une nouvelle manifestation de l’intimidation orchestrée par Pékin, visant à la fois le Japon et Taïwan.
Reste une inconnue : sous quel commandement le Fujian sera-t-il finalement placé ?
Sur quel front le Fujian sera-t-il stationné ?
Le porte-avions Liaoning dépend du Northern Theater Command, basé à Qingdao. Le Shandong relève du Southern Theater Command, à Sanya, sur l’île de Hainan. On pourrait attendre du Fujian qu’il soit assigné au Eastern Theater Command, mais Pékin a annoncé qu’il rejoindrait la mer de Chine méridionale pour ses essais et entraînements.
Certains observateurs jugent probable que le Fujian soit affecté au Southern Theater, car il n’embarque pour l’instant aucun aéronef. Selon cette hypothèse, le pouvoir préfèrerait éviter d’établir une base aéronavale intégrale dans le Eastern Theater. Une fois le Fujian arrivé à Sanya, il pourrait charger ses appareils sur place.
Le Eastern Theater Command a déployé deux destroyers pour escorter le Fujian lors de cette « mission d’entraînement » : le Hangzhou (classe Sovremenny, n°136) et le Jinan (Type 052C, n°152). Deux unités plus anciennes et moins performantes que les dix destroyers Type 052D, pourtant présents dans l’arsenal de la zone.
Si le Fujian doit rejoindre le Southern Theater, ce choix d’escorte prend son sens — le Eastern Command n’a pas vraiment intérêt à engager ses meilleures ressources pour une opération qui échappera ensuite à son autorité.
Le PCC rêve sans doute de baser un porte-avions dans le Eastern Theater, au plus proche de Taïwan et du Japon, mais n’ose pas encore franchir ce pas.
En cas de conflit autour de Taïwan, la base navale de Zhoushan, dans le Eastern Theater, serait l’une des premières cibles des frappes américaines et alliées. Stationner un porte-avions sur ce site l’exposerait trop.
Pourquoi ? Parce que le Japon prépare le déploiement de missiles de croisière Tomahawk, que les États-Unis viennent de positionner le système Typhon au Japon, et que certains missiles taïwanais couvrent également la zone.
Conclusion
Le retour — aussi tardif que nécessaire — du Department of Defense au nom de « Department of War » arrive à point nommé. La menace que fait peser le PCC se précise : le déploiement du Fujian, le jour anniversaire des attentats du 11 septembre, relève de la provocation et sonne comme un nouveau signal d’alarme pour l’Amérique.
Bien que l’arsenal du régime chinois ait crû rapidement, il souffre toujours de faiblesses structurelles : instabilité politique, corruption généralisée, environnement international de plus en plus hostile. Si les États-Unis et leurs alliés gardent leur vigilance, capitalisent sur leurs forces collectives — alliances stratégiques, supériorité technologique, expérience du combat, avantages géographiques — et exploitent les vulnérabilités de l’armée chinoise, ils peuvent dissuader efficacement Pékin.
Par ailleurs, s’ils veulent vraiment éviter une guerre, ils devront agir sur plusieurs fronts, notamment en coupant les financements permettant à la Chine de renforcer son armée. Si le PCC persiste dans sa politique agressive, il risque de provoquer sa propre chute, emporté par une course aux armements dont il serait le principal artisan.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Shen Zhou, ancien ingénieur concepteur de véhicules militaires, est un observateur de la Chine qui a suivi de près l'expansion militaire du régime chinois au fil des ans. Il a commencé à collaborer avec Epoch Times en 2020.

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