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La Chine présente ses armes lors d’un défilé militaire : nouvelles technologies ou simples contrefaçons ?

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Un drone CS-5000T apparaît lors du défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025.

Photo: Pedro Padro/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 10 Min.

Le 3 septembre, Pékin a déployé des chars, des missiles et des avions de combat lors d’un défilé militaire grandiose sur la place Tiananmen, vantant sa nouvelle gamme d’armement. Mais en y regardant de plus près, on constate que la plupart de ces soi-disant avancées technologiques de l’Armée populaire de libération (APL) chinoise sont soit des versions remises au goût du jour d’anciens systèmes, soit des copies grossières de modèles russes et américains.
Loin d’impressionner le monde, et en particulier les États-Unis, ce défilé a plutôt révélé les limites réelles de la technologie chinoise en matière de défense.
Des missiles « phares » ? Plutôt des modèles rebaptisés
Les missiles présentés comme les armes « stratégiques phares » de Pékin comprenaient le Jinglei-1 lancé depuis les airs, le JL-3 lancé depuis un sous-marin et le DF-61 tiré depuis la terre ferme. Un examen plus approfondi révèle qu’il s’agit davantage de mises à jour de modèles existants que d’innovations révolutionnaires.
Jinglei-1
Le Jinglei, dont l’acronyme JL signifie « coup de tonnerre » en chinois, a été commercialisé comme un missile balistique à longue portée lancé depuis les airs (ALBM : Air-Launched Ballistic Missile) et capable de transporter des ogives nucléaires. En réalité, le JL-1 n’est guère plus qu’une version modifiée du DF-21.
Avec une crédibilité érodée après les scandales de corruption au sein de la Force spatiale de l’APL, Pékin a décidé de maintenir en service la variante lancée depuis les airs afin de conférer aux bombardiers H-6N, ses « derniers » bombardiers, un certain rôle nucléaire. Le média d’État chinois Global Times a vanté une portée de 8000 kilomètres, ce qui est largement exagéré. Selon les médias occidentaux, la portée réelle se situe entre 3000 et 4000 kilomètres.
JL-3
L’acronyme JL-3 désigne en chinois le mot Julang, qui signifie « grande vague ». Le JL-3 est le dernier missile balistique lancé par sous-marin (SLBM : Submarine-Launched Ballistic Missile) chinois, capable d’atteindre une portée de 10.000 kilomètres avec trois ogives.
Cependant, les sous-marins 094 de la marine de l’APL ne peuvent en emporter que 12 en raison de leur encombrement, comme le montre le défilé. En revanche, les sous-marins américains de classe Ohio emportent 24 missiles Trident II, chacun d’une portée de 12.000 kilomètres et pouvant contenir jusqu’à huit ogives. Les conceptions chinoises restent fortement influencées par la technologie soviétique/russe obsolète, et l’écart avec les États-Unis est flagrant.
DF-61
Présenté comme le remplaçant du DF-41, le nouveau modèle semblait presque identique, s’agissant essentiellement d’une mise à niveau rebaptisée. Le DF-41 fait l’objet de discussions dans les milieux militaires depuis 1997, les autorités chinoises affirmant à plusieurs reprises qu’il est opérationnel. Pourtant, il était absent des grands défilés de 2015, 2017 et, cette année encore, ce qui a suscité des spéculations selon lesquelles le très médiatisé DF-41 n’aurait pas répondu aux attentes, ce qui aurait conduit à ce changement esthétique.
Ensemble, ces « nouveaux » systèmes mettent en évidence les lacunes persistantes de la technologie balistique chinoise, notamment en matière de propulsion. Malgré les discussions sur des armes « phares », Pékin s’appuie toujours sur des modèles surdimensionnés et obsolètes, notamment son DF-5C à propergol liquide, qui n’a même pas été présenté lors du défilé.
Chars et systèmes terrestres
Le déploiement des forces terrestres n’était pas plus rassurant.
Le tout dernier char chinois Type-100 a fait ses débuts lors du défilé. Il était toutefois positionné derrière le Type-99B amélioré, que les médias d’État ont cité comme étant, selon un expert, le véritable système de première ligne doté de « solides capacités de combat et de survie ». Le Type-100, avec son canon de 105 mm, relève davantage de la catégorie des chars légers.
Le Global Times affirme que le char Type 100 et le véhicule de combat d’infanterie qui l’accompagne sont conçus pour un déploiement rapide, des frappes tactiques en profondeur et le combat urbain, suggérant qu’ils sont destinés à être utilisés dans des combats de rue lors d’une éventuelle invasion de Taïwan.

Des officiers apparaissent dans la trappe d’un char de combat principal de type 99 alors qu’il roule lors d’un défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen à Pékin, le 3 septembre 2025. (Pedro Pardo/ AFP via Getty Images)

Les autres équipements terrestres – véhicules amphibies d’infanterie, artillerie à roquettes et véhicules blindés du Corps des Marines de la marine de l’APL – n’ont guère bénéficié d’améliorations notables, soulignant la faiblesse persistante de la Chine en matière de capacités interarmes, en particulier dans le domaine du soutien aérien rapproché.
Avion copié
Le secteur aérien a suivi une évolution similaire. La Chine a mis en service son avion d’alerte avancée pour porte-avions KJ-600, une copie « jusque dans les moindres détails » de l’E-2 Hawkeye de la marine américaine, selon le groupe de réflexion Australian Strategic Policy Institute.
À ses côtés se trouvaient des chasseurs embarqués sur porte-avions tels que le J-15 (dérivé d’un modèle russe abandonné) et le nouveau J-35, dont Pékin affirme qu’il peut rivaliser avec le F-35, mais qui ne peut certainement pas égaler ses capacités de furtivité ou de frappe.
Drones d’imitation
Les systèmes sans pilote ont fait forte impression lors du défilé. Cependant, presque tous ressemblaient de manière frappante à leurs homologues américains.
Qu’il s’agisse des nouveaux drones de reconnaissance et d’attaque, des drones d’escorte fidèles ou des hélicoptères sans pilote embarqués, leur conception ressemble beaucoup à celle des appareils déjà en service ou testés par l’armée américaine. Mais en ce qui concerne les caractéristiques essentielles telles que la vitesse et la charge utile, ils sont certainement très loin derrière.
La plupart de ces drones ne sont pas des modèles à usage unique comme ceux que l’on voit constamment sur les champs de bataille russo-ukrainiens. Il s’agit de modèles réutilisables plus coûteux, mais avec des charges utiles plus légères. Trouver le moyen de les contrôler efficacement sur de longues distances reste un défi nouveau pour le régime chinois.
Le navire d’assaut amphibie chinois de type 076 a été équipé de catapultes pour drones, mais son rôle en mer reste flou. Le régime semble obsédé par l’idée de copier la technologie américaine, comme les drones, les armes anti-drones ou même les chiens robots terrestres, mais on peut douter qu’il saisisse véritablement les concepts opérationnels qui les sous-tendent.
Copies navales sans équipage
Les États-Unis ont développé une large gamme de navires de surface sans pilote, tandis que leurs drones sous-marins sont rarement montrés en public. La Chine, désireuse de les imiter, a lancé ses propres versions de navires et sous-marins sans pilote. Mais il est peu probable que les Chinois comprennent pleinement les systèmes qui les composent ou sachent comment les utiliser efficacement.
Lors du récent défilé, la marine chinoise a présenté plusieurs véhicules sous-marins sans pilote et bateaux sur des camions, affirmant qu’ils pouvaient fonctionner en recourant à l’intelligence artificielle et mener des attaques autonomes. Cependant, si ces systèmes venaient à connaître un dysfonctionnement, ils pourraient potentiellement se retourner contre leur propre camp.
Réflexions finales
Les missiles et autres équipements déployés par le régime chinois étaient tous des armes offensives, révélant ainsi le caractère futile du discours « pacifique et défensif » de Pékin. Mais la question de savoir si ces armes fonctionnent réellement comme annoncé reste entière.
Dans le même temps, les systèmes défensifs chinois restent faibles. Ses missiles de défense aérienne, copies du S-300 russe et similaires à ceux de l’Iran, ont du mal à intercepter les missiles ou les frappes aériennes américains, une faille fatale qui ne peut être corrigée.
Au final, le défilé n’a pas intimidé le monde comme prévu. Au contraire, il a mis en évidence les lacunes de l’armée chinoise et suscité davantage de ressentiment que de respect.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Shen Zhou, ancien ingénieur concepteur de véhicules militaires, est un observateur de la Chine qui a suivi de près l'expansion militaire du régime chinois au fil des ans. Il a commencé à collaborer avec Epoch Times en 2020.

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