Guérir par la compassion : être bienveillant envers soi-même pour mieux l’être envers les autres

Nous pensons généralement à la compassion comme à quelque chose que l’on offre aux autres. Mais, selon Jessica Russo, les personnes capables de reconnaître leurs propres blessures et de pardonner leurs imperfections sont mieux armées pour en faire autant envers autrui.

En revanche, lorsqu’on est envahi par la honte et par une autocritique implacable, il reste bien peu, voire aucune, compassion à partager.

« Si vous n’avez pas de compassion pour vous-même, vous n’en avez réellement pas pour les autres », souligne Mme Russo. « Les gens affirment souvent le contraire – ils se disent simplement très exigeants envers eux-mêmes. Mais lorsqu’on y regarde de plus près, on comprend que ces deux attitudes vont de pair. »

Messages du corps

Pour trouver la compassion envers soi-même, il faut d’abord comprendre pourquoi on s’en prive. Si les raisons ne sont pas claires, ou si la peur empêche de les affronter, Jessica Russo recommande de se tourner vers son corps pour y chercher des réponses.

« Il existe cette idée selon laquelle notre corps serait en réalité notre esprit inconscient », explique-t-elle. « Dans notre esprit conscient, nous érigeons tant de défenses. Mais si nous parvenons à accéder à l’inconscient, là où ces défenses n’existent pas, et tant que notre corps se sent en sécurité, il nous révélera ce qui se passe réellement. »

Prêter attention aux sensations de son corps peut amorcer ce processus. Serrez-vous la mâchoire ? Ressentez-vous une boule dans l’estomac ? Ce sont peut-être là des points à explorer.

« Rien qu’en faisant preuve de curiosité, en posant des questions et en adoptant une attitude d’observateur objectif, vous pouvez en apprendre davantage sur ce qui se passe en vous », explique-t-elle.

Stimulation bilatérale

Pour aider les personnes à plonger plus profondément dans les messages inconscients que leur corps leur envoie, Jessica Russo a recours à plusieurs thérapies fondées sur la stimulation bilatérale.

La stimulation bilatérale consiste à solliciter les deux côtés du corps de manière rythmique et alternée. L’une des techniques les plus connues de ce genre est l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing ou « désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires »), utilisée pour traiter divers troubles psychiques, en particulier les traumatismes.

Mais il est également possible de créer une stimulation bilatérale simplement en allant marcher. Les effets peuvent se faire sentir presque immédiatement.

« Les gens disent souvent : ‘Vous savez, j’ai fait une promenade et je me suis senti tellement mieux.’ Eh bien, ce n’est pas seulement psychologique », explique Jessica Russo. « Ce mouvement d’aller-retour – gauche, droite, droite, gauche – aide à libérer ce qui reste bloqué dans le cerveau. Nous ne savons pas exactement pourquoi cela se produit, mais nous savons que notre organisme est conçu pour bouger de manière bilatérale. »

Se concentrer sur le présent

La méditation de pleine conscience est une autre technique susceptible de favoriser l’émergence d’un cœur compatissant. En ramenant l’attention sur l’instant présent, les erreurs du passé et les craintes liées à l’avenir s’estompent. On se détache alors de ses schémas de pensée négatifs, ce qui accroît la capacité à éprouver de la compassion.

« C’est un peu comme si l’on se noyait dans une mer d’émotions : on ne voit plus comment en sortir. Mais si l’on parvient à se placer dans un état très calme, sans charge émotionnelle, on peut observer ce qui se passe en soi, ou chez les autres, et l’on sait quelle direction prendre », explique-t-elle.

Le retour du vrai soi

Les philosophies asiatiques traditionnelles, comme le bouddhisme, offrent des repères pour cultiver la compassion. Jessica Russo s’inspire d’éléments du Falun Dafa – une pratique corps-esprit issue de la tradition bouddhiste – afin de reconnecter les personnes à ces enseignements intemporels.

La compassion est l’un des principes fondamentaux du Falun Dafa, aux côtés de la vérité et de la tolérance. Selon elle, ce n’est qu’en incarnant ces valeurs que l’on peut révéler son vrai soi.

« Si nous nous éloignons de ces principes, nous ne sommes plus nous-mêmes », déclare-t-elle. « Nous ne sommes pas ces mauvais comportements. Nous ne sommes pas ces mauvaises pensées. Ceux-ci découlent d’expériences douloureuses. »

Une méditation guidée pour développer la compassion

Vous cherchez une autre méthode pour cultiver la compassion ? Essayez la méditation guidée de Jessica Russo :

Commencez par quelques respirations lentes et profondes. Puis fermez les yeux et détendez-vous. Imaginez-vous dans un lieu calme et sûr.

« En respirant, l’air qui vous entoure n’est pas seulement chargé d’un oxygène bénéfique nourrissant vos cellules, il est aussi empli de compassion », explique-t-elle. « Ainsi, à chaque inspiration, vous inspirez également la compassion. »

« Observez comment cette version de vous-même se redresse soudain, un peu plus droite », poursuit-elle. « Elle ne peut pas vous voir, mais elle perçoit confusément qu’il y a là quelque chose – une présence qui l’aide, qui lui donne de la force, un peu de recul. C’est quelqu’un qui la regarde sans jugement, qui la comprend. Elle respire cette présence, et elle se sent un peu mieux. Elle ressent une force incroyable, et un immense espoir. »