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Gestion du système de retraites : Sébastien Lecornu veut transférer les clés aux organisations syndicales et patronales

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Sébastien Lecornu quitte la réunion hebdomadaire du nouveau gouvernement à l'Élysée, à Paris, le 14 octobre 2025.

Photo: JULIEN DE ROSA/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Sébastien Lecornu a dévoilé mercredi une proposition majeure lors de sa déclaration de politique générale devant le Sénat : confier aux partenaires sociaux la gestion du système de retraites. Une intervention de moins d’une heure qui a marqué les esprits par l’audace de cette orientation.
Le Premier ministre compte sur le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, pour porter ce projet ambitieux qui marquerait un tournant historique dans l’organisation de notre protection sociale et redistribuerait les cartes entre l’État et les acteurs sociaux.
L’Agirc-Arrco, un modèle éprouvé à généraliser
Pour justifier cette orientation stratégique, le chef du gouvernement s’appuie sur un exemple concret et éprouvé depuis des décennies : le régime de retraites complémentaires Agirc-Arrco. Géré avec succès par les organisations syndicales et patronales, ce système démontre jour après jour l’efficacité d’une gouvernance partagée et équilibrée. « Pourquoi ne pas développer ce qui fonctionne ? C’est le bon sens », a martelé Sébastien Lecornu devant les sénateurs, soulignant la pertinence de s’inspirer des réussites existantes plutôt que de réinventer perpétuellement la roue.
Cette référence à l’Agirc-Arrco n’est pas anodine : elle symbolise un modèle de cogestion efficace où syndicats et patronat parviennent à trouver des compromis durables dans l’intérêt des retraités et des actifs. Un exemple de démocratie sociale réussie que le Premier ministre souhaite étendre à l’ensemble du système.
Une conférence sociale pour dessiner l’avenir des retraites
Le gouvernement prévoit d’organiser une conférence réunissant l’ensemble des partenaires sociaux sur les questions de retraites et de travail. Son objectif ambitieux : formuler des propositions concrètes et consensuelles d’ici le printemps prochain, tant sur les modalités de gestion que sur l’architecture globale du système. Le Premier ministre se montre ouvert à toutes les pistes de réflexion : système par points, mécanismes de capitalisation, ou même suppression de toute référence à l’âge légal de départ.
Toutefois, Sébastien Lecornu pose une condition essentielle et non négociable : identifier clairement qui portera la responsabilité effective du pilotage du régime. « Ces propositions ne valent que si l’on sait qui est responsable », a-t-il insisté avec fermeté, invitant les partenaires sociaux à s’emparer pleinement de cette question cruciale de la gouvernance et de la responsabilité. « Aux partenaires sociaux de s’emparer de cette question centrale », a-t-il martelé.
Un retour aux racines du modèle français
Cette approche représenterait selon le Premier ministre un retour bienvenu aux fondements historiques du modèle français de protection sociale, né de l’après-guerre sous l’impulsion du Conseil national de la Résistance. Il a également souligné que cette méthode correspond aux pratiques actuelles de nombreux pays européens voisins, qui ont fait le choix de confier aux acteurs sociaux la gestion de leurs systèmes de retraites, validant ainsi la pertinence et la modernité de cette direction.
Suspension ne signifie ni abandon ni recul
Concernant la réforme controversée de 2023, dont la suspension a été annoncée en échange du soutien des socialistes, Sébastien Lecornu a tenu à clarifier fermement sa position face aux protestations véhémentes de la droite sénatoriale : « Suspendre, ce n’est pas renoncer, ce n’est pas reculer non plus ».
Le Premier ministre a défendu cette décision stratégique comme un gage de stabilité indispensable au pays. Il a rappelé avec précision le coût financier considérable de l’instabilité politique : 12 milliards d’euros perdus depuis la censure de décembre dernier, sans compter l’impact direct et négatif sur les taux d’intérêt suite à la crise gouvernementale de septembre. « La cohésion sociale, l’unité du pays et donc sa stabilité sont une force. La droite dans le passé a su le montrer. La division, elle, a un coût », a-t-il plaidé avec conviction, appelant à la sagesse et à la responsabilité des sénateurs pour apaiser les tensions et soutenir l’action gouvernementale dans cette période délicate.
Avec AFP