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Gaza : « La situation risque de se bloquer alors que nous n’en sommes qu’au début de l’application du plan de paix », déplore Frédéric Encel

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Photo: Avec l'aimable autorisation de Frédéric Encel

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Durée de lecture: 5 Min.

ENTRETIEN – Après le cessez-le-feu, la première étape du plan de paix de Donald Trump s’est poursuivie cette semaine avec la libération des 20 otages vivants israéliens, mais aussi la libération d’environ 2000 prisonniers palestiniens. Cependant, des interrogations demeurent autour des phases suivantes du « plan Trump en 20 points. »
Frédéric Encel est géopolitologue, auteur de La Guerre mondiale n’aura pas lieu : Les raisons géopolitiques d’espérer (Odile Jacob, 2025). Le Hamas semble recommencer sa scénographie macabre en restituant des corps qui ne sont pas ceux des otages, constate-t-il.
Epoch Times – Beaucoup d’experts saluent le volontarisme et le mérite du président américain. Quelle lecture avez-vous du plan de paix de Donald Trump ?
Frédéric Encel – Pour l’instant, nous n’en sommes qu’aux prémices de ce plan de paix en plusieurs étapes. La première phase prévoyait notamment l’instauration d’un cessez-le-feu, et ce dernier a bel et bien vu le jour. Le cessez-le-feu est incontestablement un succès pour Donald Trump.
Lors de son discours à la Knesset le 13 octobre, Donald Trump a garanti que « Gaza sera démilitarisée » ce qui correspond à la phase suivante du plan de paix. Cette opération risque d’être difficile à mettre en place …
C’est effectivement la mise en œuvre de cette deuxième étape du plan de paix qui m’inquiète. Si Israël a retiré ses troupes d’environ 50 % de la bande de Gaza, le Hamas ne s’est quant à lui toujours pas désarmé.
Par ailleurs, l’organisation terroriste islamiste a certes, très vite libéré les vingt derniers otages vivants, mais la restitution de la majorité des dépouilles des autres otages n’a toujours pas été effectuée. Manifestement, le Hamas semble recommencer sa scénographie macabre en restituant des corps qui ne sont pas ceux des otages.
Tout cela risque d’aboutir très vite à un blocage immédiat alors que nous n’en sommes qu’au début de l’application du plan de paix.
Et même si le Hamas changeait d’attitude et remplissait les deux conditions que je viens de citer, il faudrait qu’il y ait deux entités reconnues l’une par l’autre sur un pied d’égalité avant qu’un traité de paix ne soit signé.
Au sujet de la transition politique, le plan mentionne la mise en place d’un gouvernement palestinien transitoire qui serait supervisé par un « Conseil de la paix » présidé par Donald Trump et qui comprendrait notamment l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Cette solution vous paraît-elle réaliste ?
Ce Conseil de la paix dirigé par un responsable politique occidental ne me paraît pas absurde. Cela permettrait par exemple d’éviter que le Hamas revienne sous un autre nom, ce qui serait inacceptable pour Israël, mais aussi l’ensemble des pays arabes.
Mais cette idée a du sens à condition qu’on fasse revenir rapidement à Gaza l’Autorité palestinienne, dont les policiers seraient à la fois formés et équipés par les Européens et les Américains, mais surtout par les Saoudiens et les Émiratis.
L’Autorité palestinienne peut-elle justement être un acteur politique clé dans l’avenir politique de la Palestine ?
Oui, à condition qu’elle soit réformée et que Mahmoud Abbas quitte ses fonctions comme le demandent les Occidentaux et les Israéliens.
Je constate malheureusement que l’Autorité palestinienne ne figure pas dans le plan du président américain. Mahmoud Abbas a été invité à Charm el-Cheikh, mais il est âgé, et complètement discrédité. Il ne peut en aucun cas jouer un rôle dans l’avenir de la Palestine.
Et le Hamas, ne peut, par définition, avoir une quelconque responsabilité dans un futur gouvernement palestinien.
Je ne veux donc pas jouer le trouble-fête, mais aujourd’hui, quelle entité se trouve en face d’Israël ? À l’évidence, aucune.
Je suis et reste très favorable au plan de paix, mais pour l’instant, le Hamas bloque la situation et les points concernant la transition politique demeurent très flous.
Donald Trump a rencontré Mahmoud Abbas à Charm-el-Cheikh. N’est-ce pas le début de la réconciliation entre le président américain et le président de l’Autorité palestinienne ?
Donald Trump a rencontré Mahmoud Abbas in extremis et ce n’était même pas prévu.  Je pense qu’il a fait le minimum syndical.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.