Fuite sur le « Grand Pare-feu » chinois : un signe de dissidence interne, estime un expert

Un homme utilise un ordinateur portable dans les bureaux du twitter chinois, Sina Weibo. Face au nombre croissant d'internautes désireux de s'affranchir de la censure chinoise, les autorités ont décidé de renforcer leur système de parefeu.
Photo: WANG ZHAO/AFP/Getty Images
Une fuite importante de plus de 100.000 documents révélant le fonctionnement interne d’une entreprise chinoise qui semble vendre à des gouvernements autoritaires des outils de censure et de surveillance des internautes a récemment été mise en ligne. Bill Xia, président de Dynamic Internet Technology (DIT), a estimé auprès d’Epoch Times que cette fuite était délibérée et probablement interne.
Fondée en 2001, DIT développe Freegate et d’autres logiciels anticensure utilisés par les internautes chinois pour contourner le « Grand Firewall » mis en place par le Parti communiste chinois (PCC).
« Cette fuite d’informations est d’une ampleur considérable. C’est aussi ce que nous avons constaté ces deux dernières années, il y a de nombreuses personnes prêtes à dénoncer le PCC et ce qui se passe en Chine », explique M. Xia.
Les fichiers appartiennent à Geedge Networks, qui se présente comme une société de cybersécurité. Geedge n’a pas répondu aux questions d’Epoch Times.
Selon les chercheurs d’InterSecLab, l’analyse technique de ces documents montre que Geedge a signé des contrats avec les gouvernements du Kazakhstan, de l’Éthiopie, du Pakistan, de la Birmanie (Myanmar) et au moins un autre État non identifié, ainsi qu’avec des autorités provinciales du Xinjiang, pour fournir des technologies de censure et de surveillance.
Les documents divulgués comprennent, d’après M. Xia, des correspondances, des comptes rendus internes, des détails techniques sur les produits, des arrangements logistiques avec des tiers, des procédures de remboursement de frais et des documents de gestion du personnel.
M. Xia estime que cette fuite portera « un coup dévastateur » au moral de l’entreprise, en créant un climat de méfiance interne.
« Ces informations, qui concernent de nombreux employés, ont un effet dissuasif sur tous les intéressés », souligne-t-il. « Les documents citent de nombreux noms, avec des analyses logicielles détaillées pour chaque personne. D’innombrables détails ont été révélés. »
Selon lui, ces révélations pourraient aider les développeurs d’outils de liberté en ligne à mieux comprendre et contourner les technologies autoritaires :
« Par exemple, beaucoup de rapports à l’étranger mentionnent simplement les VPN, mais c’est inexact : la grande majorité des VPN n’ont pas la capacité de franchir le Grand Firewall. Les VPN ne sont que des protocoles faciles à bloquer, et beaucoup d’entre eux sont répertoriés ici. »
Il ajoute qu’une autre idée reçue à l’étranger consiste à croire que l’open source est essentiel et qu’une collaboration générale permet de créer l’outil le plus puissant pour déjouer ces blocages :
« En réalité, il existe des cas où l’entreprise chinoise a entrepris d’analyser ces outils pour les copier. Le caractère open source facilite leur étude. Or, aucun outil open source n’a vraiment percé : ceux qui connaissent un large succès reposent généralement sur du code propriétaire. »
Enfin, il affirme que la liste des clients de Geedge montre clairement que seuls des régimes autoritaires de pays en développement se livrent à ce type de censure massive.
(Li Jing et Yi Ru ont contribué à cet article.)

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