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François Bayrou face à l’impasse : des consultations sans espoir avant le vote de confiance

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François Bayrou s'entretient avec des journalistes lors d'un entretien télévisé en direct avec les chaînes d'information LCI, CNews, BFMTV et FranceInfo TV, à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 31 août 2025.

Photo: ALAIN JOCARD/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

À une semaine du vote de confiance prévu le 8 septembre à l’Assemblée nationale, François Bayrou multiplie les rencontres politiques dans une tentative apparemment désespérée de sauver son gouvernement.
Le Premier ministre a entamé lundi une série de consultations qui s’annoncent infructueuses, tandis que les critiques pleuvent jusque dans sa propre coalition.
Un marathon de consultations aux résultats prévisibles
Après avoir reçu les dirigeants du Parti communiste lundi, François Bayrou poursuivra mardi et mercredi ses entretiens avec les responsables des partis de la coalition présidentielle et du Rassemblement national. Ces rencontres interviennent dans un contexte où l’issue du vote de confiance semble déjà scellée.
Marine Le Pen, cheffe des députés RN, a d’emblée douché les espoirs du Premier ministre. Si elle assistera au rendez-vous par « courtoisie républicaine », elle n’en attend « rien ». Le Rassemblement national concentre désormais ses efforts sur une éventuelle dissolution de l’Assemblée, scénario dont il sortirait renforcé selon les sondages actuels.
Du côté communiste, Fabien Roussel n’a pas mâché ses mots, qualifiant le budget de « honteux » et exigeant la nomination d’un nouveau Premier ministre de gauche.
Le Parti socialiste ferme définitivement la porte
L’espoir résidait traditionnellement dans les négociations avec le Parti socialiste, dont les voix sont cruciales pour éviter la chute du gouvernement face à l’alliance de l’opposition de gauche et du RN. Cependant, Olivier Faure a catégoriquement exclu tout soutien, décrivant la position socialiste comme « irrévocable ».
Les socialistes, qui se positionnent comme successeurs naturels de François Bayrou à Matignon, considèrent que le Premier ministre effectue désormais « sa tournée d’adieux ». Cette opposition s’est cristallisée après la décision surprise du chef du gouvernement d’engager la responsabilité de son équipe sur un plan de désendettement impliquant 44 milliards d’euros d’effort budgétaire.
Même François Hollande a rejoint le concert de critiques, annonçant qu’il ne voterait pas la confiance et dénonçant « la méthode » du Premier ministre.
Des soutiens fragiles et des critiques internes
Si François Bayrou peut compter sur le soutien de Bruno Retailleau, son ministre de l’Intérieur, qui appelle les députés de son parti à ne pas « rejoindre les incendiaires », cette loyauté ne masque pas les divisions au sein de sa propre majorité.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a publiquement regretté le manque de dialogue estival et critiqué « les mots maladroits » du Premier ministre concernant les oppositions prétendument en « vacances ». Elle réclame par ailleurs l’abandon de la mesure la plus controversée : la suppression de deux jours fériés.
Xavier Bertrand, président LR de la région des Hauts-de-France, partage cette exaspération : « Ce plan est injuste, je l’avais dit dès la mi-juillet, or le Premier ministre n’a rien bougé, n’a rien changé. »
L’impasse budgétaire au cœur du conflit
François Bayrou persiste à défendre sa vision, affirmant qu’aucune « politique courageuse » n’est possible sans « accord minimal » sur le « diagnostic ». Il rejette fermement les propositions socialistes, qu’il considère comme « une menace sur les investissements en France ».
Le PS propose pourtant une alternative en divisant par deux l’effort budgétaire et en le faisant porter « d’abord sur les grandes fortunes » via une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Malgré ses déclarations sur sa volonté de « négocier », l’attitude du Premier ministre envers ces propositions alimente les doutes sur sa sincérité.
L’après-8 septembre déjà en discussion
Face à l’échec annoncé des négociations, les consultations pourraient servir à préparer l’avenir politique post-chute du gouvernement. François Bayrou conservera quoi qu’il arrive son statut de leader du MoDem et ses 36 députés à l’Assemblée.
La question centrale devient celle de la formation d’un nouveau gouvernement « de stabilité » jusqu’en 2027, comme le souhaite Yaël Braun-Pivet. Ni les socialistes, ni le camp présidentiel, ni la droite ne réclament une nouvelle dissolution, mais leur capacité à s’entendre reste incertaine.
Des tensions à gauche et à droite
La gauche elle-même reste divisée. La France insoumise, favorable à une présidentielle anticipée, a prévenu les socialistes par la voix de Mathilde Panot qu’elle n’accorderait « pas de confiance à un gouvernement qui ne porte pas un programme de rupture ».
À droite, les positions divergent également. Tandis que Bruno Retailleau maintient sa ligne de soutien, Valérie Pécresse, présidente LR d’Île-de-France, se prononce pour une élection présidentielle anticipée plutôt qu’une nouvelle dissolution.
Une instabilité qui inquiète l’Europe
Cette crise politique française n’échappe pas à l’attention internationale. Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a exprimé lundi ses préoccupations face aux « risques de chute de gouvernement », soulignant l’impact potentiel sur la stabilité européenne.
L’issue du vote de confiance du 8 septembre semble donc acquise, laissant la France face à un nouveau défi : construire une majorité gouvernementale stable dans un paysage politique profondément fragmenté.