Aux alentours de 09H30 (07H30 GMT), à l’aide d’un camion monte-charge garé du côté du quai de Seine peu fréquenté à cette heure, les malfaiteurs se sont élevés à hauteur d’une fenêtre du premier étage qu’ils ont fracturée à l’aide de disqueuses portatives.
Il se sont introduits dans la galerie d’Apollon qui abrite les joyaux de la Couronne de France, et ont fracturé deux vitrines de haute sécurité dans lesquelles ils étaient exposés.
Ils ont emporté huit bijoux « d’une valeur patrimoniale inestimable », dont le diadème de l’impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III, empereur de 1852 à 1870) et deux colliers, a annoncé le ministère français de la Culture dans un communiqué.
Selon la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, les quatre membres du « commando » avaient le visage « dissimulé » et se sont enfuis à scooter. Ils sont activement recherchés. Le casse a duré « sept minutes », selon le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez.
« Nous retrouverons les œuvres et les auteurs seront traduits en justice », a promis dimanche soir sur X le président français Emmanuel Macron.
Parmi les huit bijoux volés figure notamment le collier de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie (épouse de Louis-Philippe Ier, roi des Français de 1830 à 1848), et de la reine Hortense (mère de Napoléon III), qui est composé de huit saphirs et de 631 diamants, selon le site internet du Louvre.
Les cambrioleurs se sont également emparés du collier en émeraudes de la parure de Marie-Louise, seconde épouse de Napoléon Ier (impératrice de 1810 à 1814 puis en 1815), qui se compose de 32 émeraudes et de 1.138 diamants.
Le diadème de l’impératrice Eugénie compte lui près de 2.000 diamants, indique le musée sur son site.
Un neuvième objet, la couronne de l’impératrice Eugénie, a été abandonné dans leur fuite par les malfaiteurs et son état est « en cours d’examen », a détaillé le ministère de la Culture.
Selon le ministère, les alarmes, situées sur la fenêtre ainsi que sur les deux vitrines, se sont déclenchées au moment de l’effraction, qualifiée de « particulièrement rapide et brutale ».
Elles « étaient en fonctionnement » et le poste de sécurité « en a été destinataire », a dit la procureure Laure Beccuau. Il « reste la question de savoir si les gardiens ont entendu ces alarmes » et de déterminer si elles ont bien « sonné » dans la pièce objet du vol.
Cinq agents du musée étaient alors présents dans la galerie et dans les espaces adjacents et sont « immédiatement intervenus », mais ont été menacés par les malfaiteurs.
Les visiteurs du musée, qui avait ouvert ses portes à 09H00, ont été rapidement évacués « sans incident », a indiqué la direction à l’AFP.
« Cela ressemble (…) à un scénario de film hollywoodien », a estimé Talia Ocampo, touriste américaine, interrogée par l’AFP à proximité du musée qui a fermé ses portes pour toute la journée.
« On pourrait penser que le Louvre, parmi tous les endroits possibles, dispose de la meilleure sécurité au monde, non? », s’est étonnée Janie, autre touriste américaine, après avoir dû quitter ce musée qui a accueilli près de 9 millions de visiteurs en 2024.
Ce casse spectaculaire, qui intervient à la suite de plusieurs vols retentissants dans des musées français et dans un pays en pleine crise politique, a suscité de nombreuses réactions.
C’est « une insupportable humiliation pour notre pays », a déclaré le président du Rassemblement national (extrême droite) Jordan Bardella. « Jusqu’où ira le délitement de l’Etat? », a-t-il lancé.
« La France a été volée. Nous devons protéger ce que nous avons de plus précieux: notre histoire », s’est de son côté indigné le chef du groupe parlementaire Les Républicains (droite), Laurent Wauquiez.
Selon le ministre de l’Intérieur, les auteurs sont des malfaiteurs « chevronnés » qui pourraient être « étrangers ».
Le casse a également lancé un débat sur les moyens mis en oeuvre pour protéger le patrimoine national, et sur d’éventuelles failles.
« On sait très bien qu’il y a une grande vulnérabilité dans les musées français », a déclaré le ministre de l’Intérieur, soulignant qu’un « plan de sécurité » récemment lancé par le ministère de la Culture « n’épargnait pas » le musée du Louvre.
« La criminalité organisée aujourd’hui s’attaque aux objets d’art et les musées sont devenus des cibles », a estimé la ministre de la Culture Rachida Dati, soulignant que la France était concernée au premier chef en tant que « pays patrimonial ».
Le dernier vol recensé au Louvre a eu lieu en 1998 quand une toile du peintre français Camille Corot avait été volée en pleine journée. Elle n’a jamais été retrouvée depuis.