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Budget 2026

Budget 2026 : la bataille parlementaire démarre sur les chapeaux de roue, sous la pression des agences de notation

Les députés français ont ouvert les hostilités lundi en se penchant sur les comptes de la nation. Sous la pression croissante des agences de notation, l'Assemblée nationale s'apprête à examiner un projet de budget considéré comme insatisfaisant par pratiquement tous les groupes politiques. Cette situation promet des débats électriques, avec un gouvernement minoritaire en première ligne, une gauche divisée et une droite nationalste tentée par des rapprochements stratégiques.

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Sébastien Lecornu parmi ses ministres (Gérald Darmanin, Naima Moutchou, Catherine Vautrin, Laurent Panifous) à la fin de son discours, déclaration de politique générale (DPG) en vue de l'adoption du budget, à l'Assemblée nationale à Paris, le 14 octobre 2025.

Photo: AMAURY CORNU/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Le contexte s’est encore complexifié mercredi dernier : l’agence de notation S&P a abaissé la note de la dette française, justifiant sa décision par une incertitude jugée « élevée » concernant les finances publiques. Fitch avait déjà emboîté le pas en septembre, et la décision de Moody’s reste suspendue pour vendredi. Un véritable coup de tonnerre pour les finances tricolores.

Trente milliards pour redresser la barre

Le gouvernement vise une consolidation budgétaire massive : environ trente milliards d’euros à trouver, combinant nouvelles impositions (14 milliards) et réductions de dépenses (17 milliards). L’objectif affiché reste ambitieux : ramener le déficit public à 4,7% du produit intérieur brut. Face aux tensions parlementaires, l’exécutif a accepté d’assouplir légèrement sa cible, ouvrant la porte à des compromis jusqu’à un déficit « inférieur à 5% ».
Symbole important de cette volonté d’apaisement : le gouvernement a rejeté le recours à l’article 49.3 de la Constitution, ce mécanisme qui permet d’imposer un texte sans vote. Une démonstration de bonne volonté envers un Parlement fortement fragmenté, mais aussi une reconnaissance de sa faiblesse numérique. Le calendrier sera serré : soixante-dix jours seulement pour valider le projet, du 14 octobre au 23 décembre.

Les premiers coups d’épée : amendements et compromis

Dès lundi matin, l’Assemblée a approuvé le prolongement de la contribution différentielle des hauts revenus, instaurée en 2025. Cette disposition fixe un taux d’imposition minimal de 20% pour les ménages aux revenus dépassant 250 000 euros annuels. Les députés ont d’ailleurs durci la mesure en votant un amendement prévoyant de maintenir cette contribution jusqu’à ce que le déficit repasse sous 3% du produit intérieur brut.
La question du gel du barème de l’impôt sur le revenu a provoqué un véritable tourbillon d’amendements. Le gouvernement redoutait l’entrée de 200 000 nouveaux contribuables dans cet impôt en raison de la mécanique inflationniste. Finalement, un compromis a prévalu : seule la première tranche du barème sera indexée sur l’inflation, solution jugée la moins coûteuse pour les finances publiques.
Parmi les autres mesures adoptées figurent la défiscalisation des pensions alimentaires versées pour l’entretien d’enfants mineurs et un amendement supprimant l’abattement fiscal des journalistes gagnant plus de 75 676 euros bruts annuellement. Également inscrit au menu : le développement d’un impôt universel ciblant les plus hauts revenus et les paradis fiscaux.

L’aile gauche brandit ses armes fiscales

Les socialistes, demeurés en opposition, préparent leur contre-offensive. Ils ont annoncé le dépôt d’un amendement instituant la fameuse taxe Zucman, du nom de l’économiste qui l’a théorisée. Cette mesure prévoit de soumettre les 1 800 plus grands patrimoines français (au-delà de 100 millions d’euros) à un impôt minimum de 2% annuel, incluant les biens professionnels. Le Premier ministre l’a déjà rejetée, mais le combat n’est pas terminé.

La Sécurité sociale sur le grill

Parallèlement, la commission des Affaires sociales examinera dès jeudi le projet de financement de la Sécurité sociale. Ce texte s’annonce douloureux : gel des pensions de retraite et reste à charge accru sur les médicaments. Pour éviter une censure des socialistes, le gouvernement s’est engagé à suspendre sa réforme des retraites. Un engagement qu’il devra concrétiser par amendement avant novembre.

Le compte à rebours commence

Les délais s’imposent avec rigueur. Si le Parlement ne statue pas à temps, le gouvernement pourra exécuter le budget par ordonnance ou recourir à une loi spéciale gélant les dépenses de l’État. Avant le 31 décembre, il faudra trancher. Le suspense budgétaire français n’a que trois mois pour trouver son dénouement.
Avec AFP